
LA SYSTÉMATISATION DES CONTRÔLES OU AUDITS DES COMPTES PUBLICS
Plusieurs mesures ont été menées au cours de ces deux mandats du président Ali Bongo. Il s’agit notamment des audits de la Fonction publique (2010 et 2018) pour dénicher ceux qui se faisaient payer indument par l’Etat (fonctionnaires fantômes ou fictifs, absents au postes), et ceux du Trésor public, qui ont permis, d’une année à l’autre, de lutter contre le grand banditisme financier (fausses factures, surfacturation, travaux fictifs ou éléphants blancs). Ces audits ont touché aussi les grandes sociétés ou organismes d’Etat (Société nationale des hydrocarbures, Société nationale des mines, Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale, Société d’eau et d’électricité du Gabon, Caisse nationale de sécurité sociale, etc.) et de nombreux autres projets et fonds publics autonomes.
Ce qui a permis non seulement d’écarter et de sanctionner les administrateurs fautifs, mais aussi de redresser les missions de service public portées par ces entités. Des membres du gouvernement, des cadres de toutes les administrations, y compris à la présidence de la République, ont dû s’expliquer ou été jugés dans le cadre de la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite dans la gestion des affaires de l’Etat.
LA SÉCURISATION DES PROCÉDURES DE DÉPENSES PUBLIQUES DÈS 2015
Les procédures d’engagement de l’Etat (contrats, concessions…) ont été identifiées comme les plus visées par les « réseaux » de corruption. L’affaire Santullo (groupe italien de construction des infrastructures) a, entre autres, démontré la nécessité pour l’Etat de renforcer les mécanismes de lutte contre la corruption et les détournements des fonds publics dans le pays. C’est pourquoi le président Ali Bongo Ondimba a institué, en 2015, un visa d’opportunité et de conformité, qui sera revu en juin 2020, afin de s’assurer que tel ou tel contrat ne cache pas une entente ou un arrangement contre les intérêts de l’Etat (éléphants blancs, surfacturation au Trésor public).
LE RENFORCEMENT DE LA RÉPRESSION CONTRE LA CRIMINALITÉ FINANCIÈRE EN 2017
Pour marquer sa détermination à lutter contre la corruption et les détournements de fonds publics, qui ont pour effet de réduire les efforts de l’Etat en matière de développement économique et infrastructurel, Ali Bongo Ondimba a créé, par décret, en janvier 2017, une Cour criminelle spéciale pour juger les auteurs de détournement des biens publics. Considérés, à tort, par une certaine opinion comme des « protégés» du «système», entendu par là le PDG au pouvoir, certains dépositaires de l’autorité de l’Etat et gestionnaires des biens publics (Ministres, directeurs généraux, chefs de projets), impliqués dans les malversations financières, ont été en réalité les principales cibles de ces mesures.
LA DIPLOMATIE ÉCONOMIQUE
La diplomatie traditionnelle fondée sur la puissance militaire est de plus en plus substituée de nos jours par la diplomatie économique, culturelle et sportive. Le Gabon, en souscrivant à cette vision du multilatéralisme et engagé à relever, au plan interne, plusieurs défis économiques (développement des secteurs non pétroliers) et sociaux (lutte contre la pauvreté, le chômage), s’est employé à diversifier ses partenaires économiques. Ainsi, en matière de commerce international, notamment à l’import, la France reste le 1er fournisseur avec une part de marché stable en 2021, à 25%. Toutefois, les ventes françaises à destination du Gabon ont diminué de 4%. Le classement des fournisseurs reste stable avec la Belgique comme 2ème fournisseur (12% des importations), talonnée par la Chine (11%). Cette dernière, la Chine, s’est imposée au cours des dix dernières années, comme le 1er client et le 3ème fournisseur du pays, et constitue, avec 27% des échanges totaux du Gabon, le 1er partenaire commercial du pays de très loin devant les autres. Les investissements et transactions commerciales issus du continent asiatique (Inde, Singapour) dans les secteurs tels que les mines, les infrastructures, la transformation de bois, les hydrocarbures, la santé, se sont considérablement accrus ces dernières années, constituant un réel appui pour la transformation économique.
CRÉATION D’UN FONDS SOUVERAIN
Comme beaucoup d’Etats qui ont une vision du long terme, le Gabon a lancé depuis 2012 le Fonds gabonais d’investissements stratégiques (Fgis). Héritier d’un portefeuille d’une soixantaine de participations détenues directement par l’État et évalué à 500 milliards de Fcfa, le fonds en a ajouté une vingtaine au bout de deux ans pour atteindre 650 milliards de Fcfa en 2014. «Le Fgis a commencé à investir dès 2012 au Gabon dans la société commerciale gabonaise de réassurance Scgre», a souligné Serge Mickoto, son premier directeur général dans une interview à «Jeune Afrique». Les ressources du fonds gabonais proviennent des prélèvements de 10% des recettes pétrolières; 50% de surplus budgétaires et des dividendes de ses prises de participation. Intervenue à peu près au même moment que celle des fonds souverains du Nigeria, du Ghana et de l’Angola, la naissance du Fgis s’inscrit dans un mouvement important de création de fonds souverains en Afrique. «Le fonds souverain du Gabon est d’abord et avant tout destiné aux générations futures. C’est aussi un fonds de développement, car il est destiné au final à assurer une diversification des ressources du pays», explique Serge Mickoto.