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Le Cameroun et le Nigeria au secours du Tchad

La réduction du déficit énergétique de ce pays de l’hinterland d’Afrique centrale passe par la connexion avec ses voisins. Après le Cameroun il y a quelque temps, une délégation tchadienne conduite par le ministre de l’Energie, Ramatou Houtouin, vient de boucler une visite au Nigeria portant sur un projet d’interconnexion des réseaux électriques reliant les deux pays. Un projet mis en hibernation ces dernières années à cause de l’insécurité liée aux attaques de la secte terroriste Boko Haram.

Avant le Nigeria, le Tchad et Cameroun avaient déjà conclu l’accord d’interconnexion électrique en cours d’implémentation. D’ailleurs, la Banque mondiale a approuvé le 17 juin 2020, un financement de 385 millions de dollars de l’Association internationale de développement (IDA) pour l’interconnexion électrique régionale et le renforcement de l’approvisionnement en énergie électrique du Cameroun et du Tchad. « L’opération approuvée aujourd’hui est considérée par les deux pays comme un projet prioritaire qui leur permettra de relever les principaux défis auxquels sont confrontés leurs secteurs énergétiques respectifs. Elle assurera le financement de la première structure d’interconnexion haute tension d’Afrique centrale, mettant ainsi les sources d’énergie électrique propre du sud du Cameroun à la portée du nord du pays et du Tchad, et assurant ainsi à des millions d’habitants de ces deux pays un accès à une électricité fiable et abordable », rapporte un communiqué de la Banque mondiale. Ce ravitaillement du Tchad en électricité se fait à partir du barrage hydroélectrique de Lagdo dans la région du Nord-Cameroun d’une capacité de 72 Mégawatts (MW) en extension à 100 MW.

Le projet s’inscrit en droite ligne de la stratégie d’appui à l’intégration et à la coopération régionales poursuivie par la Banque mondiale qui repose sur des systèmes d’interconnexion transfrontaliers. Selon la même source, ce projet contribue par ailleurs aux efforts déployés par l’Alliance Sahel pour accélérer le développement et s’attaquer aux causes de fragilité dans la région du lac Tchad, ce qui laisse croire que les retombées iront au-delà du Cameroun et du Tchad.

Outre la Banque mondiale, d’autres partenaires au développement participent au financement des projets d’interconnexions électriques entre les deux pays, à l’instar de la Banque africaine de développement (BAD) qui y a injecté 148 milliards de Fcfa.

Le problème de l’énergie électrique est symptomatique au Tchad. Sur plus de 14 millions d’habitants, moins de 10 % de Tchadiens ont accès à l’électricité, selon le ministère de l’Energie. D’où des coupures intempestives d’électricité et d’interminables délestages qui frappent le pays, avec à la clé, une moyenne de 12 heures d’électricité par jour pour N’Djamena, la capitale, tandis que d’autres régions peuvent rester des jours, voire des semaines sans électricité.

La Banque mondiale précise dans un rapport que ce déficit énergétique entrave le développement et contribue à maintenir la population tchadienne dans la misère, avec plus de 50% d’entre elle qui vivent sous le seuil de la pauvreté. Une situation difficile d’autant que ce pays ne dispose pas de ressources nécessaires pour promouvoir les énergies renouvelables.

Malgré son énorme potentiel en énergie renouvelable dû à sa position géographique, le Tchad n’a pas su en tirer profit jusqu’à présent, à en croire les statistiques de capacité renouvelable 2020 de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena). Selon le dernier rapport de l’Irena, sur une production mondiale globale de 2 536 853 Gigawatts à la fin de l’année 2019, le Tchad cumule moins d’un Gigawatts de capacité installée du secteur des énergies renouvelables. Conscient de cela, le gouvernement tchadien a exonéré depuis janvier 2020 des droits de douanes de « tout ce qui est énergies renouvelables, équipements solaires, éoliens ».

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