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Le « Vrac » interdit des marchés camerounais

Une opération musclée est en cours de préparation au niveau du ministère du Commerce.

En finir avec la commercialisation du « vrac » pour booster la filière huile de palme. Tel est l’objectif visé par le ministère du Commerce (Mincommerce) en collaboration avec certains acteurs de ladite filière. Les équipes de la Brigade nationale de contrôle et de répression des fraudes de ce département ministériel vont effectuer des descentes dans les marchés du pays afin d’interdire la vente de ce produit « le vrac ». Cette mission de toilettage intervient après une série de rencontres et de discussions avec les opérateurs de la filière huile de palme depuis le 12 octobre 2020. Après quatre années de « tolérance administrative », les raffineurs et les transformateurs sont désormais contraints de « conditionner de l’huile de palme dans des bouteilles traçables et d’étiqueter les produits commercialisés », indique-t-on au Mincommerce.

Bien que salutaire, l’initiative du gouvernement n’est pas suffisante pour relancer la filière huile de palme au Cameroun. Pour cause, les acteurs de ladite filière plaident pour la résolution d’un certain nombre de problèmes qui mettent en danger le bon déroulement de leurs activités. Parmi ceux-ci figurent en bonne place, la pénurie d’huile de palme brute, le non -remboursement des crédits TVA (Taxe sur la valeur ajoutée) malgré les instructions du ministre des Finances, Louis Paul Motaze. Face à cela, Emmanuel Nkoulou Ada, président du Comité de régulation de la filière huile de palme brute répond : « La principale difficulté se situe au niveau du recouvrement de la TVA. Je crois que les entreprises sont en train de mettre sur pied un mécanisme de recouvrement de cette TVA à l’effet de booster les activités », indique-t-il. Ce qui n’occulte cependant pas la non- application par la République du Congo des agréments de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac), et la qualité approximative de l’huile de palme brute importée du Gabon. A cela s’ajoutent les méventes occasionnées par la pandémie à Coronavirus.

Selon le Secrétaire général de l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (Asroc), le problème des approvisionnements depuis le mois dernier touche ses industries membres. « Nous n’arrivons plus à faire tourner les unités. Ça ne sert à rien de démarrer l’unité si on n’est pas sûr de tourner au moins pendant cinq heures. L’huile qui arrive du Gabon n’a pas la qualité nécessaire. Cloisonner les importations vers ce pays pose désormais un problème de qualité », déplore Jacquis Kemleu, son secrétaire exécutif. A l’ère de la crise sanitaire que traverse la planète et qui pousse les Etats à s’isoler, l’Etat camerounais devrait être amené à limiter de manière considérable sa dépendance vis-à-vis de l’extérieur. Une situation qui a déjà pour conséquence, la sortie des devises ainsi que le déséquilibre de la balance commerciale pour ne citer que cela. Pour y remédier, David Tsegui, consultant auprès du Comité de régulation de la filière huile de palme passe par la relance de la production. Tajoudini Mama, directeur technique à la société Maya et compagnies basée à Douala met en avant les effets de la fermeture des frontières du fait de la crise sanitaire actuelle sur cette entreprise comme dans plusieurs autres. Cette situation l’oblige à procéder au démarrage d’une usine en ligne afin d’être en contact avec les fournisseurs. « Ça fait deux mois qu’on paie les salaires alors qu’on ne travaille pas. C’est une grosse perte. Il faut revoir les quotas », a plaidé Rachel Edith Fotso le DG de la société SCS/Rafca basée à Bafoussam dans la région de l’Ouest-Cameroun. Malgré ces difficultés, Emmanuel Nkoulou Ada se veut rassurant. « Il ressort de notre mission des observations très importantes. Premièrement, nous sommes très satisfaits de ce que malgré la Covid-19, les unités de transformation sont toujours en activité aujourd’hui même si c’est à 50% de leur capacité compte tenu du déficit de la production nationale. Je suis d’autant plus satisfait de ce que la pédagogie porte ses fruits. Nos recommandations sont respectées. Il y a certes quelques problèmes liés au manque d’huile de palme brute. Mais, nous pouvons déjà être sûrs qu’en fin d’année, nos marchés seront inondés d’huile de palme raffinée et de savon en quantité et en qualité », se réjouit-il.

D’ici là, il conseillé aux acteurs de s’imprégner de la norme camerounaise NC-77, laquelle exige l’enrichissement de l’huile raffinée en vitamine A. En outre, les opérateurs de ladite filière ont été appelés à adhérer au Centre technique agroalimentaire (CTA) afin de bénéficier de l’accompagnement en démarche qualité.

Dr Emmanuel Nkoulou Ada, président du comité de régulation de la filière huile de palme

« En fin d’année, nos marchés seront approvisionnés »
Dans cet échange, il explique le bien-fondé de l’opération en cours de préparation.

Qu’est ce qui explique la descente annoncée de la Brigade nationale de contrôle et de répression des fraudes sur le terrain et dans les unités de production ?

Le travail se fait en collégialité à l’effet d’avoir un résultat probant. Nous avons été sur le terrain pour évaluer les capacités techniques, de s’assurer du respect de la démarche qualité par nos unités. La Brigade devrait s’assurer sur le plan répressif que les unités qui ne respectent pas cette démarche puissent effectivement s’y arrimer sinon quelles se seraient frappées. Ce sont des missions conjointes qui ont le même impact sur les activités de la filière à savoir l’assainissement du secteur sur le plan de la production et du respect des normes y afférentes.

Pourquoi mettre l’accent sur « le vrac » ?

Aujourd’hui « le vrac » est en voie de disparition. La norme NC77 est claire et « le vrac » qui ne répond pas à cette norme doit être sorti du marché. Cela veut dire qu’en réalité, les unités de transformation doivent pouvoir produire et mettre à la disposition des marchés des huiles conformes à cette norme. Mais le problème du « vrac « se pose plutôt du marché du détail où on ne peut plus s’assurer de la traçabilité de ce qui sort des unités de transformation, ce qui respecte la norme NC77. Pour la protection de marchés, il est de mise qu’un contrôle soit fait pour s’assurer effectivement que le « vrac » est en train d’être éliminé et amené les uns et les autres à s’arrimer à cette norme.

Un autre défi est celui lié au grammage du savon et le problème de l’huile importée du Gabon ?

Tout à fait. Il faudrait s’assurer également du respect du grammage. Il ne faudrait pas que le consommateur soit dupé à la fin au niveau de la sécurité sanitaire des aliments. Au sujet de l’huile importée du Gabon, nous avons des Accords de coopération au niveau de la Cemac. On ne peut pas du tout dire qu’elle est de mauvaise qualité. Il faudrait plutôt attirer l’attention d’Olam Gabon pour avoir une huile de meilleure qualité encore. Le problème d’acidité se pose avec le problème de transport du Gabon pour le Cameroun dès lors que le dépotage peut mettre long.

Quel est l’état de la situation de la filière après la mission d’évaluation faite en octobre par le Comité de régulation des capacités de production des entreprises du secteur ?

Il ressort de notre mission des observations très importantes. Premièrement, nous sommes très satisfaits de ce que malgré la Covid-19, aujourd’hui les unités de transformation travaillent, même si c’est à 50% de leur capacité compte tenu du déficit de la production nationale, elles sont en activité. Je suis d’autant plus satisfait car, la pédagogie porte parce que tout ce que nous leur demandons en tant que sensibilisation est respecté, notamment en termes de démarche qualité, en matière de la norme NC77 et les autres normes y afférentes. Certes, il y a quelques problèmes liés au manque d’huile de palme brute, mais nous pouvons déjà être sûrs qu’en fin d’année, nos marchés seront inondés d’huile de palme raffinée et de savon en quantité et en qualité.

Qu’en est-il du problème du remboursement des crédits de TVA déploré par les opérateurs ?

Oui ce problème se gère au niveau de la Loi des finances de manière globale. La principale difficulté se pose au niveau du recouvrement de la TVA. Je crois que les entreprises sont en train de mettre un mécanisme de recouvrement de cette TVA à l’effet de booster les activités.

Les fêtes de fin d’année s’annoncent. Vous rassurez les consommateurs qu’il n’y aura pas de pénurie ?

C’est de notoriété. Nous travaillons dans le sens d’approvisionnement des marchés en quantité et en qualité. Les consommateurs doivent toujours être plus vigilants. Ils sont les premiers gendarmes du marché. Mais, ils peuvent être rassurés que les fêtes de fin d’année vont bien se dérouler pour le bien-être de tous.

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