L’exploitation des gisements existant, la résolution de l’équation du financement des projets et la réduction des investissements spéculatifs en sont quelques-unes explorées les 23 et 24 mai 2024 à Yaoundé au cours de la quatrième édition du Cimec qui s’est achevée.
Les rideaux de la quatrième édition de la Convention internationale des mines et expositions du Cameroun (Cimec) sont tombés le vendredi 24 mai 2024 au palais des congrès de Yaoundé. Couplée à la réunion des ministres des mines des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), elle a permis aux différents participants de réfléchir sur « la transition du potentiel géologique à la mise en production des gisements miniers, comme moyen de renforcement de la croissance économique dans la Cemac », thème de ces assises. Pour ce faire, il va falloir résoudre l’équation du financement des activités minières. A cela s’ajoute l’éradication, ou la réduction à un niveau considérable des investissements spéculatifs. Car, en effet, la faible contribution de la mine solide au budget des Etats de la Cemac est en partie liée à ce facteur et à l’exploitation artisanale anarchique avec tous les risques humains et environnementaux que cela comporte. Raison pour laquelle, Fuh Calistus Gentry, ministre camerounais des Mines, de l’industrie et du développement technologique (Minmidt) par intérim, pense que ce rendez-vous « est un moment historique pour le secteur minier ». D’autant plus que cette édition a vu la participation de l’ensemble des pays de la sous-région ainsi que des compagnies minières comme Camalco, Canyon Resources, Sinosteel S.A, Cameroon Mining Company, Codias S.A et G-Stones, ainsi que des institutions de financement et surtout les partenaires techniques et financiers (PTF) au rang desquels, l’Union Européenne.
L’iMPérAtiF De LA MiSe eNexPLoitAtioN DeS giSeMeNtS exiStANt
L’autre piste du développement du secteur minier est la mise en exploitation des gisements miniers existant. De l’avis des experts, cela contribuera à éradiquer l’exploitation artisanale anarchique qui ne profite ni aux Etats, encore moins aux populations riveraines desdits sites. Certains pays à l’instar du Cameroun ont réajusté leur arsenal juridique à cet effet. L’objectif étant de doper la contribution de la mine solide au budget de l’Etat, la création des emplois et le développement des infrastructures contribuant au bien-être des populations. Le pays en a profité pour mettre en vitrine ses projets en cours de développement. Il devient de ce fait, un pays producteur. L’occasion a été donnée aux responsables des sociétés BMC, Caminex, Camina, Geocam, Tronic Geovic Metals et Caminco S.A, de faire une présentation du niveau avancement réel de leurs différents projets. Alexandre Mbiam, directeur général de Bestway Finance Limited, acteur clé du projet du fer Mbalam-Nabeba annonce l’imminence des premières exportations de ce minerai à l’international. « Notre présence à ce Cimec est d’abord, l’expression de notre respectueuse gratitude envers les gouvernements camerounais et congolais. C’est grâce à eux que le projet transfrontalier de Mbalam-Nabeba, expérience unique en Afrique a pu voir le jour », s’est-il réjoui. D’autres pays à l’instar du Congo, du Gabon, de la Guinée Equatoriale, du Tchad et de la Centrafrique ont également présenté leur potentiel. Un exercice qui a abouti à un partage d’expériences sur l’impact économique de l’exploitation minière artisanale semi-mécanisée (exploitation minière àpetite échelle) sur le développement.
LA coNJoNcture iNterNAtioNALe ProPice Au DéveLoPPeMeNt Du Secteur MiNier
En ouvrant les travaux, le 23 mai dernier, le Premier ministre camerounais invite les pays producteurs à capitaliser les opportunités qu’offre la conjoncture internationale actuelle. Selon Joseph Dion Ngute, la nouvelle ère de rareté relative des ressources naturelles caractérisée par des crises difficiles à anticiper, est « une aubaine pour les pays en développement riches en ressources minières », a-t-il lancé. Pour le chef du gouvernement, ce rendez-vous intervient « dans un contexte marqué par une demande de plus en plus poussée pour les matières premières, l’imposition des restrictions à l’exportation par d’important pays producteurs, la croissance des investissements spéculatifs, renforcent la volatilité des prix comme le démontrent de nombreuses études sur l’évolution des cours sur les ressources énergétiques », a-t-il relevé. Les échanges de Yaoundé ont abouti à la signature d’un communiqué conjoint entre le Cameroun et l’Union Européenne sur une stratégie de gestion des minéraux critiques en vue d’aboutir à un mémorandum d’entente ou d’un protocole d’accord. A cela s’ajoute l’adoption de la « Déclaration de Yaoundé » entendue comme la position commune des pays membres de l’Organisation des Etats de l’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (Oeacp) sur la gestion des minéraux critiques nécessaires à la transition énergétique en collaboration avec l’Union Européenne. Elle a pour objectif de s’assurer que les retombées de l‘exploitation de ces minéraux critiques soient bénéfiques et rentables pour les pays qui en disposent.
reactionS
Joseph Dion Ngute, Premier ministre, chef du gouvernement
« Tirer profit de la conjoncture actuelle »
ans un contexte marqué par une demande de plus en plus poussée pour les matières premières, l’imposition des restrictions à l’exportation par d’important pays producteurs, la croissance des investissements spéculatifs, renforcent la volatilité des prix comme le démontrent de nombreuses études sur l’évolution des cours sur les ressources énergétiques. Le monde serait entré dans une nouvelle ère de rareté relative des ressources naturelles caractérisée par des crises difficiles à anticiper. Pour les pays importateurs, cette évolution constitue un handicap qui serait à l’origine du renchérissement des coûts assortis de risques sur la sécurité de leurs approvisionnements. En revanche, plusieurs pays exportateurs parmi lesquels figurent plusieurs Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) devraient capitaliser les opportunités qu’offrent ces données conjoncturelles. C’est dire que la nouvelle donne représente à priori, une aubaine pour les pays en développement riches en matières premières et en ressources minières.
Alexandre Mbiam, DG de Bestway Finance Limited
« Le projet Mbalam-Nabeba est une expérience unique en Afrique »
Notre présence à ce Cimec est d’abord, l’expression de notre respectueuse gratitude envers les gouvernements camerounais et congolais. C’est grâce à eux que le projet transfrontalier de Mbalam-Nabeba, expérience unique en Afrique a pu voir le jour. Nous saluons cette initiative qu’est le Cimec. Nous sommes venus dire aux citoyens des deux pays que le projet a effectivement dé- marré. Par conséquent, les premiers envois de minerais de fer d’origine camerounaise ou congolaise à l’extérieur sont imminents.
Serges Boyogueno, DG de la Sonamines
« Nous sommes garants des intérêts de l’Etat »
La Société nationale desmines (Sonamines) en tant que garant des intérêts de l’Etat discute avec la presque totalité des sociétés qui sont présentes au Cimec dans l’objectif de développer davantage notre secteur minier. Nous avons également présenté notre savoir-faire en tant que société minière toute entière. C’est un des pans de nos activités parce qu’en dehors de gérer les intérêts de l’Etat dans le secteur minier, on a aussi la faculté d’évoluer comme une société minière à part entière.