Dans son évaluation publiée le 17 mai dernier, ils devraient augmenter à 5,2% du PIB cette année et 4,6% en 2025 contre 4,3% en 2023.
Selon l’agence de notation financière américaine Fitch Ratings, les besoins de financement du Cameroun augmenteront à 5,2% du Produit intérieur brut (PIB) en 2024 et à 4,6% en 2025 contre 4,3% en 2023. Dans sa publication du 17 mai dernier, elle attribue ces prévisions est une conséquence de déficits de trésorerie plus élevés sans toutefois en déterminer les causes. En effet, l’organisation des élections générales l’année prochaine va nécessiter une mobilisation accrue des ressources financières de l’Etat. Or, jusqu’ici le Trésor public recoure à divers mécanismes chaque année pour combler ses besoins de trésorerie. A titre d’illustration, le budget 2024 affiche un solde déficitaire de 125,4 milliards de Fcfa contre 226,3 milliards de Fcfa en 2023, soit une diminution de 100,9 milliards de Fcfa. Les recettes internes étant insuffisantes pour couvrir l’ensemble des besoins de l’État de l’avis des experts financiers, le gouvernement est contraint de faire recours à l’endettement, aussi bien auprès de ses partenaires financiers internationaux que nationaux, pour compléter ce gap. Malgré un budget de 6740,1 milliards de Fcfa en 2024, soit en hausse de 13,2 milliards de Fcfa en valeur absolue et 0,2% en valeur relative par rapport à celui de 2023, le besoin global de financement de l’Etat est de 1577,7 milliards de Fcfa contrairement aux 1950,3 milliards de Fcfa de cette année. Ce montant lui permettrait d’amortir sa dette extérieure et intérieure évaluée 1128,5 milliards de Fcfa, d’apurer des restes à payer Trésor encore appelés dette non structurée pour un montant de 220 milliards de Fcfa, le paiement des correspondants à hauteur de 19,7 milliards de Fcfa et le remboursement des crédits TVA (Taxe sur la valeur ajoutée) de 84 milliards de Fcfa.
LES ForCES Et DéFiS Du CamErouN SELoN FitCh ratiNgS
D’autre part, dans son évaluation susmentionnée, Fitch Ratings a maintenu la note du pays à « B » pour ses emprunts en devise à long terme. Cette note reflète à la fois, les forces et les défis d’une économie régionale diversifiée et une croissance du PIB robuste. De ce fait, elle s’inscrit dans la même mouvance que ses consœurs Moody’s et Standard & Poors qui ont amélioré la note souveraine du pays. Selon cette agence de notation, la dette de l’État du Cameroun, garanties, arriérés et celle de la Société nationale de raffinage (Sonara) incluse, devrait diminuer à 39,2% du PIB en 2025, contre 43,2% du PIB fin 2023. Cette performance, bien en dessous de la médiane prévue de « B » à 52,3%, est attribuée à une croissance robuste du PIB nominal et des déficits fiscaux faibles. Cependant, elle déplore la gestion de la dette. Le Cameroun a temporairement accumulé une quantité modérée d’arriérés externes envers la Banque européenne d’investissement (BEI) en août et septembre 2023, avant de régler tous les arriérés externes en quelques jours. Une nouvelle violation de l’objectif du Fonds mondial international (FMI) de ne pas accumuler d’arriérés externes après 0,1% du PIB en 2022 et 0,2% du PIB au premier semestre 2023.
En outre, elle relève que les faiblesses persistantes dans la gestion des finances publiques sont également soulignées, avec une gestion jugée mauvaise de la trésorerie et des dépenses sous-estimées, notamment des subventions aux carburants et des dépenses de sécurité non planifiées, etc. Toute chose à la base des dépenses hors budget et l’accumulation d’arriérés antérieurs. La preuve, après une diminution de 0,7% en 2022 et 0,6% en 2023, le stock d’arriérés intérieurs a connu un accroissement de 1,6% fin mars 2024. Entretemps, le déficit de la dette du gouvernement s’est réduit à 0,6% en 2023 sur la base des engagements, contre 1,1% du PIB en 2022, en raison de revenus plus élevés, de l’exécution inférieure des dépenses en capital et du report des subventions aux carburants (0,4% du PIB) à 2024. Sur une base de trésorerie, Fitch estime que le déficit a diminué à 0,4% du PIB en 2023 contre 1,2% en 2022, les arriérés nets s’élevant à 0,2% du PIB.