Dans un communiqué du 3 juin 2024, l’institution indique avoir conclu avec le pays un accord au niveau des services qui débouchera sur un décaissement de 118,6 millions de dollars, soit 71,5 milliards de Fcfa après approbation de son Conseil d’administration.
Le Fonds monétaire international (FMI) dit avoir conclu un accord au niveau des services avec le Cameroun. D’après le communiqué publié le 3 juin 2024 par l’institution à cet effet, il concerne la première revue de l’accord au titre de la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD) et les sixièmes revues du programme appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC) et le Mécanisme élargi de crédit (Medc). Selon Cemile Sancak, cheffe de mission du FMI pour le Cameroun cité dans le communiqué sus évoqué, cet accord est soumis à l’approbation de son Conseil d’administration, qui devrait l’examiner à la fin du mois de juin en cours. « L’achèvement des revues permettrait le décaissement de 55,2 millions de DTS (73 millions de dollars) pour le programme appuyé par la FEC et le Medc, et de 34,5 millions de DTS (45,6 millions de dollars) au titre de la FRD », a-t-elle indiqué. Au total, c’est un décaissement de 118,6 millions de dollars, soit environ 71,5 milliards de Fcfa que le pays attend de l’institution de Bretton Woods en cas d’approbation dudit accord par l’instance de décision susvisée.
UNe reTOMBée De LA réCeNTe MiSSiON DU FMi AU CAMerOUN
Cette annonce fait suite à la récente mission effectuée par cette dernière au Cameroun du 25 avril au 8 mai 2024 et des réunions virtuelles du 9 au 31 mai 2024 pour examiner les avancées sur le plan des réformes et des priorités des autorités en matière de politiques économiques, dans le cadre des sixièmes revues du programme de quatre ans soutenu par les accords au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) et du mécanisme élargi de crédit (Medc), et la première revue de la facilité pour la résilience et la durabilité (FRD). Durant son séjour en terre camerounaise, l’équipe des services du FMI s’est entretenue avec le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, le ministre d’État, secrétaire général de la Présidence de la République (Sgpr), Ferdinand Ngoh Ngoh, le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, le directeur national de la Beac, Emmanuel Nkoa Ayissi, et d’autres hauts fonctionnaires. Elle a également rencontré des représentants des partenaires au développement, de la communauté diplomatique, du secteur privé et de la société civile.
DeS AVANCéeS eNreGiSTréeS
Selon le FMI, le redressement économique du Cameroun s’est poursuivi en 2023 avec une croissance globale estimée à 3,3 %, qui devrait passer à 3,9 % en 2024. L’inflation a ralenti à 5,9 % fin 2023, et devrait encore reculer à 5,5 % d’ici fin 2024. En outre, « la mise en œuvre du programme est globalement conforme aux attentes. Il convient de poursuivre les efforts pour accélérer la réforme de la gestion des finances publiques, favoriser la transformation structurelle, et faire progresser les mesures d’adaptation et d’atténuation face aux changements climatiques», note l’institution financière internationale.
En rappel, les accords au titre de la FEC et du Medc ont été approuvés par le Conseil d’administration du FMI en juillet 2021 pour un montant total de 483 millions de DTS, soit 689,5 millions de dollars. Une prolongation de 12 mois de ces accords a été adoptée en décembre 2023 afin de laisser plus de temps à la mise en œuvre des politiques et réformes. L’accès a également été relevé à hauteur de 110,4 millions de DTS, soit 147,6 millions de dollars. Le même Conseil a approuvé un accord au titre de la FRD, d’une durée de 18 mois et d’un montant de 138 millions de DTS, soit 183,4 millions de dollars.
Tribune
Cemille Sancak, cheffe de la mission du FMI au Cameroun
« L’évolution des finances publiques globalement conforme aux objectifs du programme »
Au terme de son séjour en terre camerounaise et des multiples échanges avec les autorités et le secteur privé, elle fait non seulement une évaluation positive de ce programme avec à la clé, des perspectives encourageantes et des recommandations pour un meilleur suivi dudit programme.
Les autorités camerounaises et les services du FMI ont conclu un accord au niveau des services pour les sixièmes revues du programme appuyé par la FEC et le Medc, et pour la première revue de l’arrangement au titre de la FRD. Selon les premiers éléments, le redressement de l’économie camerounaise après la crise liée à la pandémie de Covid-19 s’est poursuivi l’année dernière, et sa croissance globale a été de 3,3 %. Cette croissance inférieure au taux de 3,6 % enregistré en 2022 et à la précédente prévision de croissance économique de 4 % en 2023, est imputable à une combinaison de facteurs externes et internes, notamment des perturbations de la chaîne d’approvisionnement et de l’énergie, ainsi qu’une contraction de la production pétrolière du pays. L’inflation a diminué, passant de 7,3 % à fin 2022 à 5,9 % à fin 2023.
UNe éVOLUTiON DeS FiNANCeS PUBLiqUeS CONFOrMe AU PrOGrAMMe AVeC Le FMi
L’évolution des finances publiques a été globalement conforme aux objectifs du programme. Le déficit primaire hors pétrole s’est amélioré à 2,6 % du PIB en 2023 (contre 3,9 % en 2022). Le rééquilibrage budgétaire a bénéficié de la bonne tenue des recettes non pétrolières et des efforts déployés par les pouvoirs publics pour réduire les coûteuses subventions aux carburants. Toutefois, la gestion des finances publiques continue de présenter quelques faiblesses avec un niveau des dépenses extrabudgétaires substantiel en 2023. Cela s’est traduit par des dépassements sur les dépenses courantes, et par l’inobservation, de peu, de l’objectif de déficit primaire hors pétrole fixé dans le cadre du programme. Le dépassement sur les dépenses courantes a également limité les ressources destinées à des investissements prioritaires en faveur de la croissance. Il convient donc de redoubler d’efforts pour améliorer l’intégrité et l’exé- cution du budget. Les autorités présenteront un budget rectificatif pour 2024 afin entre autres de limiter certaines dépenses exécutées au moyen d’avances de trésorerie et adopteront un plan d’apurement des arriérés intérieurs. Il y a eu un léger dépassement du plafond d’accumulation de nouveaux arriérés de paiements extérieurs.
DeS PerSPeCTiVeS POSiTiVeS
Les perspectives demeurent positives, sous réserve de la poursuite des réformes et d’un contexte extérieur favorable. La croissance économique devrait atteindre environ 4 % en 2024. L’inflation diminuera progressivement, compte tenu de la baisse des effets de la deuxième augmentation des prix à la pompe au début de 2024, et sera de 5,5 % d’ici à la fin de l’année. Dans le cadre de l’élaboration de la loi de finances rectificative pour 2024, les autorités ont fait part de leur détermination à maintenir la stabilité macroéconomique et à réduire le déficit budgétaire primaire hors pétrole à 2 % du PIB en 2024. Le programme de réformes structurelles des autorités progresse de manière satisfaisante. Les efforts doivent cependant être intensifiés pour atteindre les objectifs ambitieux de la stratégie nationale de développement 2020-30 (SND30), et notamment pour dégager une marge de manœuvre budgétaire pour les investissements dans les infrastructures, tout en préservant la viabilité de la dette. Les réformes visant à soutenir une transformation structurelle profonde de l’économie doivent également être accélérées, en particulier pour améliorer le climat des affaires pour le secteur privé. La mission encourage les mesures prises par les autorités pour l’amélioration de la performance et de la gestion financière des entreprises publiques, l’achèvement des études techniques concernant la restructuration de la Société nationale de raffinage (Sonara) et le renforcement du cadre de lutte contre la corruption.
LA réSiLieNCe FACe AUx ChANGeMeNTS CLiMATiqUeS
Les autorités sont conscientes de la nécessité d’accroître la résilience du Cameroun face aux changements climatiques. Dans le cadre de la FRD, les autorités ont multiplié les initiatives pour améliorer tout le dispositif d’action climatique. Les premières mesures de réforme sont bien engagées et comprennent l’adoption d’un arrêté établissant le cadre institutionnel de coordination de l’action pour le climat, et la publication d’un manuel de procédures pour la sélection des projets, qui intègre des critères relatifs aux changements climatiques. Une série de réformes importantes sont en cours, et concerne notamment le plan national d’action climatique, la stratégie nationale de financement des risques de catastrophe, la gestion des investissements publics liés au climat, et la gouvernance et la durabilité du secteur forestier.