D’après les résultats issus de cette enquête, l’augmentation de la capacité de production ne mettra pas automatiquement un terme aux délestages.
La mise en service totale du barrage de Nachtigal est prévue cette année. Alors que les Camerounais attendent avec impatience la concrétisation complète de ce projet tant attendu depuis des lustres, un rapport de la Société nationale de transport d’électricité (Sonatrel) datant de février 2024, et dont nous avons pu obtenir copie, relève des manquements. En effet, le barrage Hydro-électrique de Nachtigal, d’une capacité de 420 MW, va permettre à terme, d’augmenter de 30%, d’un seul coup, les capacités de production de l’électricité au Cameroun. Cette infrastructure énergétique va également doper la contribution de l’hydroélectricité dans le mix énergétique, avec pour corollaire des économies substantielles sur les achats des combustibles destinés à faire tourner les centrales thermiques d’appoint, éparpillées sur le territoire national.Au mois de mars 2024, le barrage de Nachtigal a injecté ses 60 premiers mégawatts, d’énergies supplémentaires dans le Réseau interconnecté Sud (RIS), qui couvre sept des dix régions du Cameroun. Cette première action, annoncée depuis l’année dernière et finalement réalisée en 2024, montre bien que tout n’est pas encore prêt.
Dans un article rendu public ce même mois, Investir au Cameroun relevait par ailleurs que de source interne à Nachtigal Hydro Power Company (Nhpc), la société qui pilote ce projet, « la mise en service de ce barrage, dont la pleine production permettra d’augmenter de 30% les capacités actuelles de production de l’électricité du Cameroun, est désormais projetée pour le mois de décembre 2024 ». Ceci, apprend-on, « en raison du retard d’au moins trois mois pris dans l’injection dans le réseau électrique des premiers mégawatts de cette centrale hydroélectrique, grâce à la mise en service du premier groupe d’une capacité de 60 MW».
Les résultats issus de cette étude montrent que « l’augmentation de la capacité de production ne mettra pas automatiquement un terme aux délestages qui paralysent les ménages et le secteur industriel depuis quelques années ». D’après les sources du journal Mutations, « si le réseau de transport continue d’être saturé, les délestages pourraient atteindre 150 MW, parce qu’on n’aurait pas pu évacuer la puissance injectée par le barrage de Nachtigal ». Ce qui n’est pas bon pour le RIS, notamment les zones Ouest, Nord-Ouest, Sud-Ouest et Littoral.
« Dans la chaîne, on redoute donc que la saturation de ce réseau de transport oblige à faire encore recours aux centrales thermiques qui consomment beaucoup de carburant, en vue de stabiliser la fourniture en énergie électrique ou d’apporter un appoint aux zones en souffrance », nous apprend encore Mutations, qui a rendu public les observations du rapport en premier.
Au regard des différentes contraintes notées par la Sonatrel, elle recommande dans cette étude à court terme, le changement des Tc sur la ligne 225 Kv Mangombe Logbaba, de600 A par 800 A et la rétention des flèches de la ligne dans la zone urbaine. Cette action, après analyse, peut permettre d’augmenter le transit de 30 MW entre les zones électriques Edéa-Kribi et Littoral/Ouest/Sud-Ouest/Nord-Ouest ; de réhabiliter les bancs de condensateurs des postes de Bafoussam et Nkongsamba et de redéployer des bancs de condensateurs de réserve de Ngousso dans les postes de Bekoko et Limbe mile 2.
A moyen terme, l’étude recommande la mise en service de tous les ouvrages inclus dans le Prrters. Il s’agit notamment des lignes 400 Kv Nyom II-Nkolkoumou-Edéa Béon (fin septembre 2024), la ligne 90 Kv Nyom II-Ngousso (31 mai 2024), la ligne 90 kV Ngodi Bakoko-Nylon (30 octobre 2024), le poste 225/30 kV de Missole (30 novembre 2024), le poste 90/15 kV de Nylon (30 novembre 2024) ; à mettre également en service la ligne 225 Kv Edéa Béon Missole ; tous les ouvrages inclus dans les projets Boucle de Douala ainsi que tous les ouvrages pré- vus dans le projet de construction de la ligne 400Kv entre Ntui et Bafoussam etc. Dans le long terme, l’étude préconise le respect du code de raccordement à tous les nouveaux utilisateurs du réseau public de transport de l’électricité. Elle exige en outre que tous les projets transport même ceux gérés par les tiers aient pour maîtrise d’œuvre la Sonatrel, et enfin la mise en place d’un Plan directeur transport qui pourra être mise à jour chaque fin d’année.