L’annonce a été faite par Louis Paul Motaze devant les députés, le 7 juillet 2024 lors de la défense du projet de loi de Finances rectificative pour l’exercice en cours.
Profitant de la présence du ministre des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze venu défendre le projet de loi de Finances rectificative (LFR) pour l’exercice 2024, les députés n’ont pas manqué de l’interroger au sujet de la soutenabilité de la dette intérieure. En effet, l’accumulation des impayés et arriérés de factures par l’Etat a un impact négatif sur le développement de l’activité économique, ont-ils insisté. En réponse, le Minfi a d’entrée de jeu indiqué que son apurement demeure la priorité du gouvernement au regard de la place importante qu’occupe les entreprises locales dans le financement de l’économie. A ce titre, le gouvernement a engagé des concertations avec les partenaires au développement à l’effet de trouver des solutions appropriées. Une levée de financement de 467 milliards de Fcfa sur le marché bancaire extérieur est prévue pour l’apurement exclusif de la dette intérieure due aux entreprises dont le stock dépasse la barre de 2000 milliards de Fcfa. Les détails de ladite opération n’ont pas été dévoilés par le membre du gouvernement. Néanmoins, il a indiqué que 131 milliards de Fcfa ont déjà été encaissés en début d’exercice.
Par ailleurs, dans son exposé, il a fait savoir aux élus la volonté du gouvernement de poursuivre la réduction substantielle du stock des restes à payer au niveau du Trésor pour favoriser la bonne exécution du budget 2024, ainsi que la réduction des délais de paiement. C’est l’une des 6 raisons ayant poussé l’Etat à réajuster son budget initial à côté de la revalorisation des salaires des agents publics et la baisse des subventions aux produits pétroliers à la pompe entre autres.
Cela apparaît comme une bonne nouvelle pour les opérateurs économiques. En effet, la majorité de PME et PMI rencontrent des problèmes de trésorerie du fait du non-paiement de leurs prestations par l’administration. « Cette situation accroît le nombre de décès des entreprises qui travaillent avec l’Etat. Car, ces dernières croupissent sous le poids de l’accroissement des intérêts bancaires, couplée à l’incapacité de gérer leurs charges quotidiennes », constate le député Manfouo David. Daniel Claude Abate, président du Mouvement des entreprises du Cameroun (Mecam) met une emphase sur le non-respect par l’Etat et les autres entreprises donneuses, des délais prescrits pour le règlement des marchés. « C’est la principale difficulté que rencontrent les entreprises. La loi prescrit 90 jours, mais dans la pratique c’est toute autre chose. Par conséquent, le chef d’entreprise doit se transformer en agent de recouvrement au lieu de penser la politique de développement stratégique de son entreprise », s’indigne-t-il. Toute chose qui engendre des désagréments vis-à-vis des fournisseurs et des banquiers entre autres, sans oublier le renchérissement du coût des facteurs de production. « On se retrouve avec des coûts qui dépassent même le montant global du marché. Car, si vous avez contracté un crédit bancaire, vous devez parfois fournir des garanties et des hypothèques et si le paiement tarde à arriver, vous vous retrouvez en difficulté et vous tournez à perte », ajoute un autre chef d’entreprise.
Comme solution, beaucoup préconisent au-delà du respect des délais contractuels prévus par les textes en vigueur, la titrisation de la dette intérieure. Il s’agit pour l’Etat d’émettre au profit de ses créanciers des titres de créances négociables (TCN) qui permettraient aux entreprises de renflouer leur trésorerie.