Les comptes de l’entreprise approuvés en juin font ressortir un bilan équilibré à 453,8 milliards de Fcfa en 2023 contre 410,9 milliards de Fcfa en 2022.
Les états financiers de l’entreprise publique approuvés le 14 juin dernier par son Conseil d’administration indiquent le total du bilan du Port autonome de Douala (PAD) a connu une augmentation de 9%, passant de 410,9 milliards de Fcfa en 2022 à 453,8 milliards de Fcfa en 2023, soit une hausse de 42,9 milliards de Fcfa en valeur absolue. Le bénéfice net réalisé de 14,44 milliards de Fcfa en 2023, est en baisse de 1,6 milliard de Fcfa par rapport aux 16 milliards de Fcfa engrangés en 2022. Le chiffre d’affaires est naturellement en baisse de 9,9% passant de 131,5 milliards de Fcfa en 2022 à 119,6 milliards de Fcfa en 2023.
Le recul du chiffre d’affaires et du résultat net bénéficiaire sont consécutifs aux tensions économiques et géopolitiques dans le monde. La guerre entre la Russie et l’Ukraine qui dure depuis février 2022 de même que le conflit israélo-palestinien, ont des répercussions sérieuses sur les économies en général, et particulièrement sur celles des pays africains fragiles.
Cette baisse du chiffre d’affaires aurait pu être plus importante si le directeur général du PAD, Cyrus Ngo’o, n’avait pas entrepris très tôt des réformes de modernisation et de décentralisation de la grande structure du port. En effet, sous son impulsion, le PAD avait adopté en décembre 2019, le schéma directeur de développement (SDD) qui vise à faire passer la capacité du port de Douala de près 13 millions de tonnes à l’époque à 45 millions à l’horizon 2050. L’opérationnalisation de ce schéma devrait se faire en deux étapes. Une première phase de modernisation et d’optimisation des infrastructures du site de Bonabéri et une seconde phase d’extension du port vers le nouveau site en eau profonde de Manoka dans le 6e arrondissement de douala.
La première phase en cours d’exécution, est prévue s’achever en 2035 et devrait porter la capacité du port à 23 millions de tonnes par an dès 2030. Concrètement, elle consistait à l’enlèvement des épaves, le dragage des différentes zones, la mise en service des nouveaux postes pétrolier et de chargement de bois, l’extension du terminal à conteneur et la construction de nouveaux quais, terminaux, magasins, logements et bureaux. Cette phase est aussi marquée par la reprise en main réussie des activités jadis concédées, notamment le Terminal à Conteneurs, le remorquage, ainsi que des activités jadis réalisées par des prestataires de services, notamment le dragage, la sécurité et la sureté du port à des coûts exorbitants.
Le projet d’extension, qui devrait s’achever en 2050, consiste à la construction de quatre postes conteneurs pouvant accueillir les plus grands navires du monde, un terminal céréalier et deux postes pour vrac minéralier et pour hydrocarbures. Il est aussi prévu la construction des voies de communication ; des bâtiments administratifs et des zones logistiques ; des infrastructures de tourisme et de loisirs…
PErSPECtIvES
Malgré le mauvais classement de l’Indice mondial de performance des ports à conteneurs 2023 publié le 4 juin par la Banque mondiale et Standard & Poor’s Global Market Intelligence, lequel a longuement été critiqué et décrié par les spécialistes des affaires portuaires, le PAD présente de bonnes perspectives de développement. L’agence de notation Bloomfield Investment Corporation, dans sa note de 2024, a confirmé la notation du PAD en lui attribuant la note A à long terme (note d’investissement) avec une perspective stable et, à court terme, la note A2 (note d’investissement), avec une perspective stable aussi. Comme en 2023 déjà, Bloomfield certifie que le PAD est un bon risque pour les investisseurs et une entreprise bancable. Les experts de Bloomfield notent par ailleurs que la gestion du PAD est sans cesse en amélioration, avec notamment une bonne cartographie des risques ; l’obtention de certifications en lien avec le développement durable et la gestion des escales et des marchandises ; la poursuite des travaux d’apurement des comptes initiés en 2018 ; la création de la Régie du patrimoine immobilier (RPI) pour la mise en valeur du patrimoine du PAD.
Cette notation de Bloomfield est arrivée quelques semaines seulement après la décision de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) qui classe, sur proposition de l’Association professionnelle des établissements de crédit du Cameroun (Apeccam), le Port Autonome de Douala parmi les « entreprises de Grand Standing et d’importance nationale ou dont le poids dans l’économie est particulièrement élevé ».