Dans une correspondance adressée au ministre des Travaux publics le 8 août 2024, le président du principal mouvement patronal du pays se plaint de la qualité désastreuse de ces infrastructures, en particulier les Nationales N°3 et N°5.
Ce n’est un secret pour personne. La plupart des routes du Cameroun sont en piteux état. Le réseau routier s’est détérioré, passant de 69,28% à fin décembre 2023 à 71,07% au 15 juillet 2024, soit une accentuation d’environ 1,8% en l’espace de 7 mois. Sur un linéaire global de 121873 km, cela représente 86 529,83 km de route en mauvais état, selon le ministère des Travaux publics (Mintp). Les routes qui retiennent actuellement l’attention des Camerounais sont les Nationales N°3, précisément sur le tronçon Edéa et Douala et la Nationale N°5 reliant la capitale économique à Bafoussam, (région de l’Ouest Cameroun).
« En effet, depuis des années, la détérioration des infrastructures routières est devenue un réalité vivace. Les nids de poules, les fissures et les portions des routes abîmées non seulement mettent en péril la sécurité des usagers, mais également impactent négativement le fonctionnement de l’économie nationale »,se plaint le président du Groupement des entreprises du Cameroun (Gecam), Célestin Tawamba, dans une correspondance adressée au ministre des Travaux publics le 8 août dernier. Les plaintes du Gecam sont légitimes en ce sens qu’il s’agit de deux des axes les plus importants du réseau routier du Cameroun, notamment « au regard de leur contribution à l’économie nationale et de l’importance des bassins de production et des zones de consommation qui en demandent ». La route Nationale N°3 permet également de desservir des pays enclavés voisins que sont le Tchad et la Ré- publique Centrafricaine.
Le Gecam qui porte la voix de ses membres est bien conscient des difficultés que rencontrent les entreprises qui dépendent du transport. Elles « subissent à la fois des retards significatifs dans leurs transactions, et une augmentation des coûts opérationnels dus entre autres, à l’usure prématurée de leurs véhicules et à une consommation accrue de carburants et de pièces de rechange », indique le patron du Gecam dans cette correspondance. Au regard de l’impact que cela peut avoir également sur les consommateurs, le Gecam recommande au ministre des Travaux publics de prendre des mesures rapides. « L’urgence de la situation appelle à très court terme, la mise en œuvre d’un programme idoine de réhabilitation rapide de nos infrastructures routières, permettant à la fois d’améliorer la circulation et la fluidité de la circulation sur les axes dont s’agit, de restaurer la compétitivité des entreprises, d’optimiser les circuits de distributions et de contenir l’inflation », indique Célestin Tawamba, tout en souhaitant que la réhabilitation des routes nationales soit la priorité de ce département ministériel.
A noter qu’à date, aucune des dix régions du pays n’enregistre 25% de route en bon état, pas plus qu’elle n’affiche 30% du réseau en moyen état. La note sur l’état du réseau routier au Cameroun produit par le Mintp, indique que le linéaire de route en mauvais état est tiré par la région de l’Extrême-Nord (85,8%), suivie du Sud-Ouest (80,52%), le Nord-Ouest (79,55%) puis les régions de l’Ouest et de l’Adamaoua qui enregistrent respectivement 74,42% et 70,91%. Pourtant, l’on apprend que 208,2 milliards de Fcfa ont été transférés aux Collectivités territoriales décentralisées (CTD) entre 2018-2024 pour les travaux d’entretien routier avec une priorité sur les communes (195, 3 milliards de Fcfa) et 12,9 milliards de Fcfa alloués aux régions.