Nous pouvons dire qu’il y a trois candidats qui sont très similaires, qui correspondent tout à fait au profil particulièrement affectionné par les chefs d’État africains, plus enclins à élire un ancien chef de la diplomatie à la tête de l’Union africaine. À bien des égards, la candidature de Raila Odinga détonne. Raila Odinga est probablement l’homme politique le plus important des trois dernières décennies au Kenya. Il a essayé d’être président cinq fois, il a raté. Il a été un opposant capable de mobiliser massivement ses partisans, qui a toujours contesté de manière souvent véhémente les résultats des élections qu’il avait perdu. Pour résumer, on peut dire que Raila Odinga a certainement le profil de ce dont l’Union africaine – et notamment la Commission de l’Union africaine – a besoin, mais on peut être dubitatif quant à l’opportunité de ce profil lorsqu’il s’agit des préférences des chefs d’État. Disons que sa candidature, même si elle est celle dont on parle le plus, n’est pas évidente et son élection n’est pas acquise. Déjà, il est contesté au sein de la région Afrique de l’Est. Il va falloir bâtir des passerelles avec les pays francophones. Il faudrait qu’il étende ses réseaux en Afrique de l’Ouest, un peu plus en Afrique centrale et certainement, aussi, en Afrique australe. Il aura une forte concurrence : les candidats d’autres pays sont tous francophones. Certains, comme le Djiboutien, sont arabophones aussi.