Définie comme un excès, un déséquilibre ou une carence au niveau de l’alimentation d’une personne, la malnutrition est un fléau majeur qui touche particulièrement l’Afrique avec pour principales causes, les mauvaises conditions de vie des enfants, et parfois simultanément, la pauvreté, les conflits qui désorganisent les systèmes alimentaires tout en mobilisant les paysans et les événements climatiques extrêmes dont les sécheresses en particulier. En effet, on recense pas moins de 281 millions de personnes en situation de sous-alimentation sur le continent. Pire encore, ce nombre n’a cessé d’augmenter, progressant de 50% depuis 2014. D’ailleurs, si l’on tient compte de l’ensemble des habitants, la République centrafricaine est le pays qui affiche la situation la plus critique de la région, avec plus de 58% de la population qui est sous alimentée, selon la Banque mondiale.
Face aux conséquences néfastes de la malnutrition sur le développement socioéconomique dans son ensemble sur les Etats, diverses initiatives sont prises au niveau de certaines institutions internationales pour tordre le cou à ce qui se présente désormais comme l’un des défis humanitaires les plus difficiles. C’est le cas de la Banque africaine de développement (BAD) à travers son initiative Leaders africains pour la nutrition (ALN) et l’Union africaine (UA) qui ont conjointement lancé une initiative phare pour éliminer la malnutrition à travers l’Afrique.
La ville de Dakar, au Sénégal, a abrité à cet effet la consultation inaugurale consacrée à l’Afrique de l’Ouest les 19 et 20 août 2024, ceci en vue de l’établissement du tout premier Cadre politique multisectoriel de nutrition de l’Afrique. L’objectif étant ici de transformer les politiques et les financements en faveur de la nutrition pour mettre fin à ce fléau sur l’ensemble du continent. Au-delà de susciter un consensus en faveur d’interventions visant à réduire les retards de croissance, l’émaciation, l’anémie et le surpoids chez les femmes, les enfants et les adolescents, la rencontre qui a réuni des experts de neuf pays d’Afrique de l’Ouest (Sénégal, Togo, Ghana, Nigéria, Gambie, Guinée-Bissau, Liberia, Sierra Leone et Côte d’Ivoire), spécialisés dans les secteurs des soins de santé, de la nutrition, de l’éducation, de l’agriculture et des finances, a en outre permis d’obtenir des contributions et des recommandations applicables à différents secteurs pour orienter l’élaboration dudit Cadre politique multisectoriel de nutrition de l’Afrique.
Au final, les participants aux assises de Dakar se sont engagés à collaborer afin de privilégier des interventions à fort impact dans les secteurs de la santé, de la protection sociale, de l’eau et l’assainissement, de l’éducation et de l’agriculture et de créer un modèle à suivre par toutes les autres régions. « Cette première consultation régionale est une étape essentielle vers l’élaboration d’une approche unifiée à l’échelle du continent relativement aux politiques et aux financements en faveur de la nutrition. Les contributions obtenues ici orienteront des consultations similaires à travers l’Afrique, qui aboutiront à un cadre complet permettant d’améliorer les résultats en matière de nutrition pour des millions de personnes aux quatre coins de notre continent », a fait savoir Gertrude Kara, conseillère technique sur les politiques de nutrition à la Commission de l’UA.