Après environ trois mois de vacances, des centaines de milliers d’élèves du primaire et du secondaire reprennent le chemin des classes ce lundi 9 septembre sur l’ensemble du territoire camerounais. C’est dans le cadre de la rentrée scolaire 2024-2025. Malgré le report d’une semaine –la rentrée étant initialement prévue le 2 septembre – il est clair que de nombreux parents ne sont pas encore complètement prêts à envoyer leurs progénitures à l’école pour diverses raisons.
Car au moment où certains sont encore à la quête d’un établissement pour leur enfant malgré le début des cours, d’autres s’attèlent à résoudre l’équation de l’achat des fournitures (cahiers, livres, matériels didactiques…) et tenus scolaires, tandis qu’une dernière catégorie doit affronter le casse-tête lié au paiement des frais d’inscription et des pensions. Et c’est dans ce lot qu’apparait comme il est désormais de coutume, le sempiternel problème lié au paiement et à la gestion des frais d’Apee (Association des parents d’élèves et des enseignants) dans les établissements publics.
En effet, le coût jugé élevé desdits frais et leur utilisation est au cœur des débats à l’entame de chaque année scolaire. La somme de 25.000 Fcfa désormais exigée par enfant dans la plupart des lycées et 10.000 Fcfa dans les écoles publiques fait problème en cette période de forte récession économique. Surtout qu’à cela, il faut ajouter les frais d’inscription qui s’élèvent à 7500 Fcfa dans les classes du premier cycle (de la 6ème en 3ème) et 10.000 Fcfa ou 15.000 Fcfa au niveau du second cycle (Seconde en Terminale) en fonction du type d’enseignement (général ou technique). Et si l’enfant est en classe d’examen (CEP, Bepc, Probatoire, Baccalauréat), le coût de l’écolage s’alourdit.
Pourtant, les Apee sont nées de la volonté des parents de pallier à certains besoins auxquels faisaient face les établissements publics fréquentés par leurs enfants. Les « contributions volontaires des Apee » comme stipule le décret du chef de l’Etat signé à cet effet, servent logiquement entre autres au paiement des enseignants vacataires et de certains personnels d’appui (surveillants, gardiens…), à la construction ou la réhabilitation des salles de classe et des laboratoires. En claire, les Apee sont devenus des maillons importants dans le financement des établissements publics. D’ailleurs, dans un arrêté signé le 12 Septembre 2014 par l’ancien ministre des Enseignement secondaire, Louis Bapes Bapes de regrettée mémoire, avait reconnu que ces associations sont « devenues une composante de plus en plus importante dans la communauté scolaire parce qu’elles jouent un rôle essentiel de bailleur de fonds. De nombreux établissements ne fonctionnent qu’avec l’apport des Apee ».
Sauf que le courroux des parents vient du fait que les frais d’Apee ont pratiquement été multiplié par cinq en l’espace de quelques années, alors que les besoins eux n’ont pas augmenté. En effet, sur le terrain, les salles de classe de certains établissements sont toujours dans le même état. Pire encore, on en est encore à demander aux élèves de cotiser pour l’achat du matériel en vue des travaux pratiques en laboratoire. Bien plus, certains apprenants sont obligés de payer pour photocopier des épreuves lors de certaines évaluations en classe.
En somme, le problème n’est pas tant au niveau du paiement de l’Apee dans les établissements publics, mais l’opacité qu’il y a autour de l’utilisation de cet argent avec la complicité de certains chefs d’établissements. A titre d’illustration, dans un lycée qui totalise par exemple un effectif de 3000 enfants, cela fait un budget de 75 millions de Fcfa générés annuellement par les frais d’Apee. Et enfin d’année, généralement aucun bilan n’est fait sur ces fonds pourtant considéré comme des deniers publics. Un vrai scandale !