Telle est l’analyse que fait la société Harvest Asset Management lors d’un webinaire du 12 septembre 2024.
Les investisseurs prédisent des perspectives sombres pour le marché financier de l’Afrique centrale. Cette crainte a été révélée lors du webinaire organisé le 12 septembre dernier par Harvest Asset Management. Il a été question pour les participants d’analyser les tendances dudit marché avec son potentiel et ses défis, tout en se projetant dans l’avenir. Pour ce qui est des perspectives, les faibles notes du Congo et du Gabon inquiètent. En effet, l’agence de notation amé- ricaine Fitch Ratings a maintenu pour la cinquième fois la note souveraine du Congo à CCC+ sur ses emprunts long terme. « L’agence a justifié ce maintien par la dette publique du pays toujours élevée (estimée à 90,4%du PIB en 2024, les indicateurs de gouvernances faibles, une forte dépendance aux revenus pétroliers et des finances publiques jugées insoutenables », note Harvest Asset Management.
Dans un communiqué du 4 septembre 2024, à la suite d’un défaut de paiement sur le marché des titres publics, le ministre de l’Economie et des Finances a tenu à rassurer les partenaires techniques et financiers (PTF) du Congo, ainsi que les établissements de crédit, les spécialistes en valeurs du Trésor (SVT), les divers investisseurs et les populations de la volonté du pays « à respecter à tout moment ses engagements financiers ». A cet effet, « le Congo poursuivra les réformes en cours en matière de gouvernance économique et financière en vue de la conclusion favorable de la sixième revue du programme soutenu par la Facilité élargie de crédit (FEC) conclu avec le Fonds monétaire international (FMI) », réitère l’autorité monétaire du pays. Ce faisant, il n’a pas manqué de remercier l’ensemble des partenaires du Congo pour leur accompagnement constant et multiforme dans la mise en œuvre des réformes appropriées favorables à une croissance économique forte, résiliente, durable et inclusive pour le bien-être des populations.
Le GABOn éGALement DAnS Le rOuGe
Il est important de noter que le Congo n’est pas le seul pays de la Cemac accusé de n’avoir pas honoré ses engagements à date. Son voisin le Gabon a été récemment menacé de suspension par la Banque Mondiale. Raison pour laquelle dans un communiqué du 26 juillet 2024, l’agence de notation américaine Fitch Ratings a baissé sa note souveraine, la faisant passer de B- à CCC+ du fait d’un défaut émetteur à long terme en devises. Une situation qui selon elle,« reflète les risques croissants pesant sur la capacité de remboursement de la dette (…) et la détérioration des indicateurs des finances publiques ». Selon l’agence américaine, le Gabon a déjà accumulé des arriérés extérieurs estimés à 273,1 millions de dollars à fin mai et est attendu en 2025 pour un paiement de 605 millions de dollars sur ses eurobonds. Les craintes de Fitch Ratings sont corrélées à une politique économique trop « expansionniste » du gouvernement de transition qui a augmenté, indique-t-elle, les dépenses budgétaires alors que les marges de recettes restaient limitées. Comme au Congo, le gouvernement de Transition s’est engagé à respecter ses engagements aux échéances prévues.
Au cAmerOun
Même le Cameroun, leader en zone Cemac reste noté « B-» assorties de perspectives stables venant de CCC+/C depuis le 22 mars 2024. En effet, l’agence de notation financière Standard and Poor’s (S&P Global Ratings) a relevé vendredi 22 mars 2024, les notations de crédit souverain à long et à court terme en devises locales et étrangères du Cameroun. En outre, le succès de son récent emprunt international suscite de l’espoir des investisseurs. Une performance qui intervient après la dégradation de sa note souveraine en devises à long et à court termes de 6 crans le 8 août 2023. Toutefois, « les risques sécuritaires dans la partie anglophone du pays et autour du lac Tchad, ainsi que les interrogations liées à la succession du président de la République, Paul Biya augmentent considérablement l’incertitude », note-t-elle. Qu’à cela ne tienne, la nouvelle notation du Trésor camerounais prend également en compte les économies budgétaires attendues de la suppression partielle des subventions de carburants. En outre, selon les perspectives économiques, le pays devrait connaître une croissance réelle de son produit intérieur brut (PIB) qui s’établirait à 4,2% sur la période 2024-2027. Celle-ci serait portée par l’augmentation des investissements dans les grands projets d’infrastructure liés à l’énergie, aux communications et aux transports. Ces projets devraient faciliter l’accès à l’électricité et améliorer le réseau de transport, améliorant ainsi la productivité globale. De quoi rassurer la communauté des affaires qui s’inquiétait sur la double dégradation de la note souveraine du pays par les agences de notation Moody’s et Standard and Poor’s.
Le cAS De LA centrAFrique
Pour les pays comme la République Centrafricaine (RCA) qui cherche à mobiliser 200 milliards de Fcfa cette année auprès des investisseurs de la sous-région. Dans les détails, il compte lever 100 milliards de Fcfa sur le marché des valeurs du Trésor à travers des émissions des Obligations du Trésor assimilables (OTA) et des Bons du Trésor assimilables (BTA). D’autre part, il prévoit lever 100 milliards de Fcfa sur le marché financier en 2024. En clair, Bangui s’apprête à lancer son tout premier emprunt obligataire en Cemac. En attendant l’aval de la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf), le pays met en avant sa note souveraine de BB+ long terme et B court terme en monnaie locale obtenu de l’agence de notation financière Bloomfield Investment Corporation, le 5 avril dernier.