Elles sont contenues dans un rapport 2023 sur l’état de la compétitivité dans le pays publié par ce département ministériel au mois d’août dernier.
d’après le ministère de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat), la capacité du Cameroun à développer, retenir et attirer les meilleurs talents est un facteur clé de sa compétitivité dans un environnement économique mondial fortement concurrentiel. Dans son récent rapport sur l’état de la compétitivité dans le pays en 2023, il soutient que « la réalisation de ce défi au travers de politiques et stratégies proactives, permettrait d’accroître le stock de capital humain et de préserver l’expertise ainsi que le savoir-faire nécessaires à la compétitivité durable de l’économie ». Le présent rapport fait le point sur l’état de la compétitivité de l’économie camerounaise en 2023, avec un accent particulier sur la rétention et l’attractivité des talents, un enjeu crucial pour la compétitivité du pays. Le marché international du travail est devenu très animé et des pays mettent en œuvre des actions pour attirer les meilleures ressources humaines. A l’échelle internationale, le Global Talent Competitiveness Index (GTCI) classe le Cameroun au 118ème rang mondial sur 134 pays avec un score (25,9/100) en dessous de la moyenne des pays de l’Afrique subsaharienne (32,0/100) en matière de compétitivité des talents. L’examen des performances du Cameroun dans les six piliers du GTCI révèle des scores en dessous de la moyenne. Ce qui traduit des faiblesses dont les plus poignantes sont l’incapacité à retenir les talents (125ème) et en attirer (119ème). Dans un rapport publié par l’Organisation Internationale du Travail (OIT) en 2022, le Cameroun a perdu environ 23 000 professionnels qualifiés en 2020, soit 2,2% de sa population active qualifiée. Dans l’optique d’optimiser la contribution des compétences de qualité dans l’atteinte d’une économie émergente et compétitive, il apparait nécessaire de bâtir une stratégie de développement, de rétention et d’attrait des talents. Cette stratégie devra intégrer la valorisation des talents de la diaspora camerounaise qui représente un levier important pour stimuler la compétitivité de l’économie.
dES piStES dE SOLutiOnS EnviSagéES
En effet, les analyses précédentes ont permis de mettre en exergue des facteurs clés en matière de compétitivité des talents. Ces facteurs sont relatifs à la protection sociale, à la technologie et l’innovation, aux meilleures conditions de travail, au cadre infrastructurel, à l’environnement des affaires et à la qualité du système éducatif. Dans l’optique de renforcer la compétitivité des talents au Cameroun, le rapport susmentionné suggère dans un premier temps, d’accélérer la mise en œuvre effective de la couverture santé universelle(CSU). A cela s’ajoute la poursuite des efforts de densification qualitative et quantitative des infrastructures économiques, ainsi que l’accroissement de la prise en compte des sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (Stem) dans les différents curricula. Selon les experts du Minepat, il est également urgent d’accroître substantiellement les dépenses de recherche et développement dans les universités et les instituts de recherche.
LE RôLE dES EntREpRiSES
Les entreprises quant à elles, pour être compétitives dans un environnement de plus en plus concurrentiel, se doivent d’attirer et retenir les meilleurs talents. Pour ce faire, elles pourraient notamment promouvoir une culture d’entreprise positive et inclusive où les employés se sentent valorisés et respectés et une professionnalisation du management des ressources humaines. «Les facteurs déterminant de l’attrait, de la production et de la rétention des talents étant divers, multidimensionnels et complexes, une démarche qui consisterait à hisser le Cameroun dans le Top 50 des pays selon le degré de compétitivité des talents serait d’élaborer et mettre en œuvre une stratégie spécifique y relative », précise ledit rapport.
La CapitaLiSatiOn dE La diaSpORa CamEROunaiSE
Au-delà de la rétention et de l’attrait des talents, un enjeu majeur pour le Cameroun en matière de compétitivité des talents est relatif à la capitalisation de sa riche diaspora. A ce propos, une étude réalisée par le ministère des Relations extérieures (Minrex) auprès de la diaspora camerounaise a relevé les principaux freins à la capitalisation du potentiel de cette dernière. Il s’agit notamment d’un déficit en termes de coordination et de communication. Selon cette étude, plus de 75% des Camerounais de l’étranger interrogés ne connaissent pas les initiatives gouvernementales visant à mobiliser la diaspora. L’autre problème a trait à la faiblesse des infrastructures car jusqu’ici, il n’existe aucune plateforme en ligne dédiée à la diaspora. Pourtant 50% des Camerounais de l’étranger seraient prêts à investir dans le pays si l’accès à internet était meilleur selon le Minrex. L’autre frein a trait au manque de sensibilisation : 60% des Camerounais de l’étranger ne sont pas informés des opportunités d’investissement au Cameroun, tandis que 80% des Camerounais de l’étranger seraient intéressés par des programmes de mentorat et de mise en réseau. La conséquence immédiate des difficultés sus évoquées est la fuite des cerveaux. En effet, 30% des diplômés camerounais choisissent de s’installer à l’étranger chaque année. A contrario, 70% des Camerounais de l’étranger reviendraient au Cameroun s’ils y trouvaient des opportunités d’emploi adéquates.
