Pour MTN Cameroun, le nombre de coupures du cable a augmenté de plus de 40% par rapport à la situation de l’année dernière, qui était déjà assez préoccupante.
«Nous connaissons actuellement une double coupure de fibre optique sur les segments Touboro-Madingri et Wanbanda-Ngouna, ce qui pourrait affecter l’expérience des clients dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord et de l’Adamaoua, avec des appels interrompus et une vitesse Internet plus lente que d’habitude », peut-on lire dans un communiqué publié lundi 23 septembre par MTN Cameroon.
Dans ce document, l’opérateur de télécommunications qui revendique une part de marché de 51,6%, se plaint des coupures de fibre optique dans la partie septentrionale du Cameroun. Pour cet opérateur, cette situation pèse lourd, surtout que depuis le début de l’année en cours, l’entreprise aux couleurs jaunes et son principal concurrent du secteur privé subissent « une dégradation désastreuse » de la qualité de la fibre optique fournie par l’opérateur public Camtel. Lequel par ailleurs détient le monopole de la gestion de la fibre optique sur le triangle national. D’après MTN Cameroon, « le nombre de coupures de fibre a augmenté de plus de 40 % par rapport à la situation de l’année dernière, qui était déjà assez préoccupante ».
Dans un entretien exclusif avec Investir au Cameroun, Mitwa Ng’ambi, la directrice générale de cet opérateur privé, a révélé qu’en août dernier, l’entreprise a enregistré le plus haut niveau d’instabilité de la fibre optique, avec une moyenne de plus de deux coupures de fibre par jour. « La multiplication des coupures s’est également accompagnée d’une augmentation de plus de 30 % du temps de résolution des incidents, qui peut parfois prendre plusieurs jours », nous informe MTN Cameroon. La sortie de MTN intervient après le communiqué du 18 septembre dernier de Camtel, dans lequel l’opérateur public accusait ses concurrents d’être responsables de la mauvaise qualité du réseau « en raison du nombre élevé de leurs abonnés et de l’insuffisance des actions entreprises pour fluidifier leur trafic ».
De son côté, Orange Cameroun qui connaît une instabilité de son réseau, s’est également prononcé. Dans un communiqué rendu public mardi 24 septembre 2024, l’opérateur dit : « en effet de multiples interruptions sur les backbones de fibre optique entre Douala et Yaoundé entravent actuellement le fonctionnement des équipements voix et data dans les deux villes et dans d’autres régions du pays ».
Pour remédier à cette situation, l’Agence nationale de régulation des télécommunications (ART) avait annoncé, le 11 septembre dernier, un « audit opérationnel » du réseau national à fibre optique de Camtel. D’après son DG, Philémon Zo’o Zame, les premiers résultats de cette opération en cours montrent que cette infrastructure nationale est dans un état de dégradation continue, et que les conditions actuelles de sa maintenance sont à réévaluer.
Les plaintes de MTN Cameroon et d’Orange mettent en lumière la nécessité d’améliorer les infrastructures télécoms au Cameroun, d’autant plus que la demande pour les services numériques continue de croître. La transformation numérique du pays repose sur une connectivité fiable, et ces différends pourraient ralentir les progrès dans un secteur essentiel pour le développement économique.
Pour un pays qui envisage également de migrer vers la 5G beaucoup reste à faire. Selon le rapport « 5G in Africa 2023 Market statuts, trends and outlook » publié par l’Association internationale des opérateurs mobiles (GSMA) en octobre 2023, la technologie 5G donne aux opérateurs la possibilité de saisir les opportunités dans le secteur des entreprises, en particulier sur le segment des micro, petites et moyennes entreprises, qui représente plus de 80% de l’emploi en Afrique et 50% du produit intérieur brut de la région, selon le Forum économique mondial.
