Il s’appelait James Wolfensohn. Américain d’origine australienne, cet ancien président de la Banque mondiale de 1995 à 2005 est décédé le 25 novembre à New York aux Etats-Unis à l’âge de 86 ans. C’est sous son impulsion que la Banque mondiale a lancé en 1996, en collaboration avec le Fonds monétaire international (FMI), l’initiative en faveur des Pays pauvres très endettés (Ppte), le premier programme visant à alléger la dette des pays les plus pauvres du monde, afin de leur permettre de dégager les fonds nécessaires pour mieux répondre à leurs besoins.
Le monde de la finance internationale retient de lui non seulement comme le grand artisan de la lutte contre la pauvreté, l’inégalité et la corruption dans les pays en développement, mais aussi comme celui qui a amené les institutions de Bretton Woods à s’intéresser à ces fléaux dans le monde.
S’agissant de ce nouveau paradigme de l’époque, le FMI et la Banque mondiale ont lancé l’initiative Ppte en 1996 afin d’assurer qu’aucun pays n’est confronté à une charge d’endettement qu’il ne peut gérer. Au départ, parmi les critères de « soutenabilité », la dette devrait valoir entre 200-250% des revenus d’exportation. A la suite de plusieurs critiques, un examen exhaustif de l’initiative en 1999 a permis de ramener cette proportion à 150% des revenus d’exportation, ce qui a permis au FMI d’octroyer plus rapidement un allégement plus substantiel à un plus grand nombre de pays et de renforcer les liens entre l’allégement de la dette, la réduction de la pauvreté et la politique sociale.
Les pays éligibles devraient satisfaire à certains critères, s’engager à réduire la pauvreté par des réformes et des investissements sociaux. La première étape de l’initiative Ppte est ce qui est appelé le point de décision. Lorsque le pays atteint ce point, il peut immédiatement commencer à recevoir un allégement intérimaire du service de sa dette qui est exigible. Au cours de la deuxième étape, le pays doit continuer de donner la preuve de bonnes performances dans le cadre de programmes soutenus par des prêts du FMI et de la Banque mondiale, exécuter de manière satisfaisante les grandes réformes convenues au point de décision, adopter et mettre en oeuvre pendant un an au moins, son Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (Dsrp). Lorsqu’un pays a satisfait à ces critères, il peut atteindre le point d’achèvement, ce qui lui permet de recevoir l’intégralité de l’allégement de la dette promis au point de décision.
Au total, 39 pays, dont 33 africains, ont été admissibles à une assistance au titre de l’initiative Ppte. Au final, 36 ont bénéficié d’un allègement intégral de leur dette de la part du FMI et d’autres créanciers après être parvenus au point d’achèvement. Le coût total de l’allégement de la dette au titre de l’initiative Ppte est estimé à environ 77 milliards de dollars US en valeur actualisée nette à la fin de 2015.
Le C2D
La particularité française de gestion des fonds issus de l’allègement de la dette bilatérale consistait à signer avec le pays concerné, un Contrat de Désendettement et de Développement (C2D). Le C2D est un processus par lequel le pays qui a atteint le point d’achèvement, en accord avec la France, reconverti la dette en projets de développement. Concrètement, une fois qu’un pays pauvre très endetté a signé un C2D avec l’Agence française de développement (AFD), le pays continue d’honorer sa dette jusqu’à son remboursement et, à chaque échéance remboursée, l’AFD reverse au pays la somme correspondante sous forme de don. Celle-ci sert alors à financer des programmes de lutte contre la pauvreté. Le Cameroun a conclu son premier C2D en juin 2006 au lendemain du point d’achèvement pour une durée de cinq ans. Le troisième C2D est en cours d’achèvement.