Chers lecteurs et lectrices, pour mieux comprendre le volumineux dossier réalisé dans cette édition sur le sacre de Louis Paul Motaze comme « Meilleur ministre des Finances de la Cemac en 2023 », j’ai choisi de vous faire un flash-back sur les acteurs de la gestion des finances publiques du Cameroun sous l’œil du FMI depuis 1988.Malgré une pause mal gérée entre 2009 et 2017, le Cameroun est sous la coupe du Fonds monétaire international depuis 1988. Le premier accord avec cette institution remonte à septembre 1988 pour 18 mois sous la houlette du ministre Sadou Hayatou de regrettée mémoire. Après son échec, le second accord est conclu en décembre 1991 pour 18 mois par le feu Justin Ndioro qui ne parvient pas aussi à bien le mener. En mars 1994, Antoine Ntsimi, « l’Américain de la Lékié » signe le troisième accord de 18 mois qui échoue malgré ses retombées prévisionnelles de « 1400 milliards de Fcfa ».
Revenu comme ministre de l’Economie et des Finances, « le Français » du grand Mbam, feu Justin Ndioro, signe le 27 septembre 1995, le quatrième accord pour 12 mois qui échoue malgré une prorogation de 6 mois. En 1996, Edouard Akame Mfoumou prend la tête de l’économie et des Finances et conclu en août 1997 le cinquième accord sur 3 ans. Il réussit son programme en octobre 2000 et le Cameroun atteint ainsi le point de décision de l’initiative Pays pauvre très endetté (Ppte), avec des retombées de plus de 250 milliards de Fcfa. Le sixième accord est conclu en décembre 2000 pour 3 ans, mais contre toute attente, Akame Mfoumou est débarqué du gouvernement en avril 2001. Il est remplacé au Minefi par Michel Meva’a M’Eboutou qui conduit le pays en cessation de paiement et à la rupture des relations avec le FMI en août 2004 pour des dérapages budgétaires persistant. En décembre 2004, le ministre Polycarpe Abah Abah prend le contrôle des opérations avec tous les clignotants financiers au rouge. En bon élève d’Akame Mfoumou, (Abah Abah fait partie de la première cuvée des Attachés à la présidence que Akame nomme en février 1989 en tant que Sgpr), il adopte sa politique qui va le conduire aussi à la victoire. Ingénieux et fin négociateur, il renoue avec le FMI 3 mois après et conclut en 10 mois avec cette institution le septième accord triennal qui mène le Cameroun au point d’achèvement de l’initiative Ppte en avril 2006 avec des réductions des dettes de plus de 1150 milliards de Fcfa sur une dette publique de l’époque de 3586 milliards de Fcfa.
En septembre 2007, Polycarpe Abah Abah est congédié au ministère des Finances et remplacé par Essimi Menyé qui va concevoir le programme contenu dans le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce) mis en œuvre dès 2009. Sa gestion des finances est marquée par des mesures bancaire pour encourager les Camerounais à épargner. En décembre 2011, Alamine Ousmane Mey est nommé ministre des Finances. Formé dans la pure tradition bancaire qui impose trop de prudence, il entreprend des réformes de modernisation des administrations financières (Impôt, Douane trésor) et de simplification des procédures par la digitalisation. Il a aussi engagé avec succès l’assainissement de la microfinance et a réussi durant son séjour au ministère à franchir le cap de 5% de croissance dans le cadre du Dsce. En 2017, il va renouer les négociations avec le FMI suite à l’option commune des chefs d’Etat de la Cemac, à l’issue d’un sommet tenu en décembre 2016 à Yaoundé, de conclure des programmes avec le FMI pour éviter une dévaluation du Fcfa. Un accord triennal appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC) est ainsi signé en juin 2017.
En mars 2018, louis Paul Motaze hérite de ce programme au ministère des Finances et le conduit jusqu’à son terme en 2020. En 2021, il conclut des accords au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) et du mécanisme élargi de crédit (Medc). Malgré les effets de la Covid-19 qui a impacté ce programme, il est fort probable qu’il sera concluant à terme, ce qui fera de Motaze le ministre des Finances qui a pu réussir deux programmes avec le FMI.
Cette chronique nous permet de constater que partout, que ce soit dans le Dja et Lobo, les Hauts-plateaux, le Lebialem, le Wouri, le Logone-et-Chari, la Kadey ou encore dans le Ndonga-Mantung, le Cameroun regorge des bons, des moyens et des mauvais managers. Mais ne peut réussir, que celui qui sait utiliser les meilleures ressources humaines sans discrimination.