C’est à la faveur de la Semaine internationale de l’investisseur de la Cemac (Siic) édition 2024 qui se tient du 19 au 22 novembre à Yaoundé, Bangui et Brazzaville.
C’est par l’Université catholique d’Afrique centrale (Ucac), campus d’Ayéné que s’est ouverte l’édition 2024 de la Semaine internationale de l’investisseur de la Cemac (Siic) à Yaoundé, simultanément dans les universités de Bangui en Centrafrique et Marien Ngouabi de Brazzaville au Congo. Au regard des enjeux du moment, l’initiative de l’Organisation internationale des Commissions des valeurs (Oicv) dont fait partie le régulateur du marché financier sous régional, met un accent sur la technologie et la finance digitale, ainsi que sur les cryptos actifs et la finance durable. Occasion pour Jacqueline Adiaba-Nkembe, présidente de la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf) de sensibiliser les investisseurs à ces instruments et surtout aux risques associés à leur manipulation. « On a coutume de dire que lorsqu’un rendement est élevé, le risque est très élevé. Donc, cette initiative vise à éduquer nos étudiants et nos universitaires afin qu’ils prennent conscience que la finance digitale s’invite à nous au travers des fintechs, de la finance participative, mais aussi au travers de la finance durable parce que c’est une notion propre à notre écosystème notamment avec les inondations, un certain nombre de fléaux que nous vivons dans notre environnement », a-t-elle souligné. Raison pour laquelle, la Siic a pour objectif de sensibiliser, d’éduquer, de vulgariser les produits du marché financier. Une thématique d’ordre mondial qui n’est pas propre au marché financier de l’Afrique centrale selon la Cosumaf.
Une initiative opportune selon le Minesup
Le choix des universités cette année revêt un enjeu particulier : « Les étudiants sont les grands utilisateurs de ces produits et sont les futurs promoteurs de nos économies », explique le régulateur. Par conséquent, « en tant que futur investisseur ou futur entrepreneur, ils seront appelés à être au fait de ces instruments et à garder à l’esprit qu’un investisseur intelligent est celui qui a conscience des risques associés aux différents instruments financiers », explique la présidente de la Cosumaf. Pour le Pr Edgar Patrick Abane Engolo, Inspecteur général des services au ministère de l’Enseignement supérieur (Minesup), représentant du ministre d’Etat Pr Jacques Fame Ndongo empêché, l’initiative de la Cosumaf est opportune dans la mesure où elle cible l’étudiant. « Il faut savoir que les étudiants d’aujourd’hui seront les opérateurs financiers de demain. Il s’agit donc de sensibiliser ces derniers sur des problématiques plutôt nouvelles dans les Etats comme le nôtre. La gestion financière, les crypto-actifs doivent être gérés avec prudence. Les experts qui sont conviés par la Cosumaf devront capaciter ceux que nous considérons ici comme des entrepreneurs financiers afin de sécuriser ce secteur de la gouvernance dans la Cemac », a-t-il indiqué.
Une aubaine pour les sociétés de bourse et de gestion d’actifs financiers
Pour les sociétés de bourse et de gestion d’OPC, le développement des fintech et des technologies numériques représente une aubaine. « Ces innovations représentent une tendance irréversible et un levier important pour accélérer l’inclusion financière », pense Mark Kamgaing, directeur général de Harvest Asset Management (HAM). Attijari securities Central Africa (Asca) entend pour sa part tirer profit de ces innovations en nouant des partenariats avec des structures clefs. « Face à l’essor des fintech et des technologies digitales, les sociétés de bourse devraient nouer des partenariats avec des fintech. Au niveau d’Asca, nous recevons des propositions des fintechs que nous examinons. Nous n’avons pas encore à ce jour un partenariat formel conclu avec une d’elles. Cependant, nous sommes ouverts à des partenariats avec ces dernières », nous confie Ernest Pouhe, directeur général d’Asca.
Cependant, il faut des préalables selon le DG de Harvest Asset Management. « Aujourd’hui, insister sur l’adoption massive des solutions fintechs sans tenir compte du niveau d’éducation financière serait prématuré. Cela revient à donner une voiture à une personne qui n’a pas encore appris le code de la route. Il est crucial de construire d’abord une base solide de compréhension et de connaissances financières », argue-t-il. Pendant ce temps, le régulateur songe à encadrer les services financiers numériques. Un projet de texte est en cours d’élaboration et devrait être adopté dans les prochains jours, apprend-t-on de sources internes à la Cosumaf. Entretemps, le règlement général de la Cosumaf contient déjà quelques bribes au sujet des jetons numériques entre autres.