Vous êtes ici
Accueil > Banque, Bourse, Finance > Finance > Financement des budgets des Etats : Les principaux défis du marché des titres publics selon la Beac

Financement des budgets des Etats : Les principaux défis du marché des titres publics selon la Beac

Ils ont été présentés par Yvon Sana Bangui, son gouverneur, dans son exposé au cours de la deuxième édition de la Finance Week organisée le 27 novembre 2024 à Yaoundé.

Ayant sollicité une levée de 14 milliards de Fcfa sur le marché des titres publics le 27 novembre dernier pour rembourser une dette du même montant arrivée à échéance le même jour, le Cameroun n’a pu obtenir que 4 milliards de Fcfa. Une situation qui l’a poussé à recourir à ses fonds propres pour honorer cet engagement et sauver ainsi la qualité de sa signature qui est l’une des plus crédibles dans la sous-région. Cette situation décriée par Samuel Tela, directeur de la Trésorerie au ministère camerounais des Finances (Minfi) lors de la deuxième édition de la « Finance Week » organisée par le journal « Ecomatin », traduit la difficulté qu’ont les Etats de la Cemac à mobiliser les financements sur les marchés des capitaux de cet espace communautaire. « Avant, nous levions avec beaucoup d’aisance les ressources sur le marché. Aujourd’hui, nous avons de la peine à refinancer nos remboursements », déplore l’expert du Minfi.

Certains Etats comme le Congo et le Gabon ont été contraints de solliciter de la Banque centrale des rallonges des maturités de leurs différents emprunts sur le marché afin de réduire la pression sur leurs trésors.

Les maux qui minent le marché

Yvon Sana Bangui, gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), a souligné l’importance du marché des titres publics pour le financement des États de la Cemac. « Le marché des titres représente une opportunité cruciale pour nos économies », a-t-il dit. Depuis sa création en 2008 et les premières émissions en 2011, il est en pleine expansion. En effet, l’encours des titres publics a atteint 1000 milliards de Fcfa en juin 2018 puis 7 167,7 milliards de Fcfa en octobre 2024, soit une hausse d’un peu plus de 11% par rapport à la même période en 2023. Malgré ce dynamisme, des défis subsistent selon la banque centrale. Ceux-ci sont en rapport avec « le marché primaire peu profond, le marché secondaire atone, la faible attractivité pour les investisseurs privés en dépit des taux d’intérêt élevés et la forte dépendance des Etats de la Cemac aux financements extérieurs », indique-t-elle.

Parlant de la faible liquidité et profondeur des marchés des capitaux, la Beac note que malgré les efforts pour les stimuler, leur liquidité reste insuffisante. « L’absence de mécanismes profonds et d’un nombre suffisant d’émetteurs limitent les transactions sur ces titres », note la banque centrale. Le marché secondaire est également faible. Ce qui limite la possibilité pour les investisseurs de vendre leurs titres rapidement à des prix justes. D’autre part, la Beac note une forte dépendance des Etats de la Cemac vis-à-vis des financements extérieurs et des dons internationaux. « Cette situation limite la capacité des gouvernements à lever des fonds durables sur les marchés internes. Ce qui rend les marchés de titres publics plus vulnérables aux chocs extérieurs et aux conditions économiques mondiales », explique son gouverneur.

Parlant des taux d’intérêt élevés et de l’attractivité des titres, Yvon Sana Bangui pense que les taux d’intérêts proposés bien que parfois élevés, restent néanmoins insuffisants pour attirer un large éventail d’investisseurs privés. « Les investisseurs préfèrent souvent placer leurs fonds dans les actifs jugés plus sûrs ou plus rentables, tels que les devises fortes ou les investissements internationaux », a-t-il relevé. En outre, il a souligné que l’instabilité politique et économique dans certains pays de la sous-région dissuade les investisseurs à s’engager dans des investissements à long termes, notamment dans les titres publics. Aussi, les incertitudes liées à la gestion des finances publiques et aux risques souverains pèsent sur la confiance des investisseurs.

Les pistes de solutions envisageables

Pour soutenir le développement du marché, le gouverneur recommande aux différentes 4 mesures urgentes aux différents acteurs. Il a, de prime abord, invité les États de la Cemac à rationaliser leurs interventions sur le marché. Il leur suggère également d’améliorer la communication avec le réseau des Spécialistes en valeurs du trésor (SVT) et à pérenniser la pratique de la notation souveraine pour laquelle des avancées significatives sont enregistrées. Aux SVT, il leur recommande de renforcer leur activité d’intermédiation à travers une plus grande animation du marché secondaire. Il a par ailleurs, salué la mise en place du Cadre permanent de concertation des Trésors publics de la Cemac (CPC-TP-Cemac) qui permet aux principaux acteurs que sont les Trésors nationaux, les Spécialistes en valeurs du trésor (SVT), les institutions financières sous régionales, d’échanger sur les problématiques du marché et de proposer des actions appropriées.

De son côté, Gilbert Didier Edoa, le secrétaire général du ministère des Finances (Minfi) souligne que « l’un des défis à relever en matière de mobilisation des ressources en devise locale consiste à développer et moderniser les infra[1]structures bancaires et de marché, encourager l’innovation financière, et améliorer la mobilisation de l’épargne nationale pour le financement du secteur privé ». Poursuivant son propos, il a indiqué que « la faible base des investisseurs et l’absence de transparence exacerbent les risques pour les investisseurs et les emprunteurs. Dans ce contexte, il est crucial de comprendre les défis liés à la mobilisation des ressources et d’identifier les opportunités qui pourraient renforcer la stabilité et la résilience du système financier », a-t-il conclu.

Laisser un commentaire

Top