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D’après le projet de loi de Finances en examen à l’Assemblée nationale, elle passe de 263 milliards de Fcfa en 2024, à 15 milliards de Fcfa seulement l’année prochaine, laissant ainsi planer le spectre d’une nouvelle augmentation du coût du carburant et partant de la vie chère.
Dans l’optique du « dégrossissement » de ses chapitres communs tel que prescrit par le chef de l’Etat, le gouvernement a décidé de la réduction drastique de la subvention aux prix du carburant à la pompe en 2025. « La dynamique de baisse des subventions des prix des carburants à la pompe sera renforcée », peut-on lire dans l’exposé des motifs du projet de loi de Finances 2025 en examen à l’Assemblée Nationale. Celle-ci passera désormais de 263 milliards de Fcfa en 2024 à 15 milliards de Fcfa, soit une diminution de 248 milliards de Fcfa. Bien que conforme avec les recommandations du Fonds monétaire international (FMI) avec lequel le Cameroun est sous-programme, la mesure suscite néanmoins de vives inquiétudes auprès de l’opinion.
En effet, beaucoup redoutent une troisième augmentation des prix à la pompe et partant, le renchérissement du coût de la vie déjà assez chère. Certains analystes pensent qu’il va falloir adapter les prix à la pompe à l’évolution des cours sur le marché international. L’avantage d’une telle démarche, serait que l’Etat ne pourra plus subventionner lesdits produits qui eux évolueront au gré des fluctuations internationales. Cela permettra également de responsabiliser les consommateurs. Seulement, la répercussion au plan social n’est pas à écarter.
En effet, la hausse des prix du carburant à la pompe en 2008, avait entrainé une augmentation généralisée des prix des produits alimentaires notamment de grande consommation et des services, avec à la clé, une déflagration sociale. C’est pour éviter une crise sociale que les pouvoirs publics se sont engagés à subventionner les prix à la pompe en les rendant stables indépendamment des fluctuations sur le marché international. Une mesure susceptible de créer un manque à gagner à l’Etat en cas de baisse des cours mondiaux.
Les arguments du gouvernement
De son côté, le gouvernement maintient que la subvention des prix du carburant à la pompe coûte cher au Trésor public. Au cours du point de presse donné le 30 mars 2022 à Yaoundé, Luc Magloire Mbarga Atangana, le ministre du Commerce par ailleurs, président du conseil d’administration (PCA) de la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (Csph), 672 milliards de Fcfa étaient injectés chaque année dans la subvention du super, du gasoil et du pétrole lampant à la pompe.
A titre d’illustration, avant mars 2022, le prix du litre du super à la pompe était de 630 Fcfa au lieu de 1.016 Fcfa, soit une différence de 386 Fcfa supportée par l’Etat. Ce qui a entraîné chez ce dernier, un manque à gagner annuel de 253 milliards de Fcfa rien que pour le super. La situation était quasi identique avec le gasoil dont le litre à la pompe se vendait 575 Fcfa au lieu de 1027 Fcfa comme cela devrait être, soit une différence de 452 Fcfa pour un coût annuel de 376 milliards de Fcfa. C’est également le cas avec le pétrole lampant pour lequel le Trésor public perdait annuellement 43 milliards de Fcfa du fait que le prix pratiqué qui est de 350 Fcfa est largement inférieur au réel qui est de 849 Fcfa. C’est aussi le cas avec le gaz domestique dont la bouteille de 12,5 kg se vend actuellement à 6500 Fcfa contrairement au prix réel qui est de 13.277 Fcfa. En évoquant cet exemple, le ministre du Commerce a semblé indiquer qu’il est impossible pour l’Etat actuellement de subventionner d’autres secteurs en guise de soutien au pouvoir d’achat des consommateurs.