Les effets induits de cet instrument vont booster la création d’emplois et la pérennité des entreprises sous-traitantes en quête des marchés.
A l’initiative de la Bourse de sous-traitance et de partenariat du Cameroun (Bstp-CMR) en partenariat avec l’Organisation internationale du travail (OIT), certains responsables des Petites et moyennes entreprises (PME) se sont réunis à Douala du 4 au 5 décembre 2024. Cette rencontre avait pour objectif de procéder à la finalisation et à la validation d’une charte de contenu local pour les PME et les Très petites entreprises (TPE) camerounaises.
Il était attendu au cours de ces deux jours de travaux, des recommandations pour la mise en œuvre de la charte, y compris les mesures nécessaires pour assurer la participation des donneurs d’ordres, dont les entreprises multinationales, et de l’ensemble des parties prenantes formulées ; des recommandations pour la mise en place d’un système de suivi et d’évaluation pour mesurer les effets et l’impact de la charte sur les PME et TPE camerounaises formulées ; ainsi que la mise en place d’un système de communication pour sensibiliser les entreprises et parties prenantes à l’importance de la promotion du contenu local formulées.
Le contenu local tel qu’expliqué par le gouvernement camerounais, est l’ensemble des activités axées sur le développement des capacités locales, l’utilisation des ressources humaines et matérielles locales, le transfert de technologies, l’utilisation des sociétés industrielles et de services locaux, ainsi que la création des valeurs additionnelles mesurables à l’économie locale. D’après la Bstp, le contenu local est promu d’une part pour rééquilibrer les richesses tirées de l’exploitation des ressources locales en faveur des Etats, avec l’objectif de faire émerger une main-d’œuvre qualifiée et de constituer un tissu de sous-traitance.
« La question du local content ou contenu local semble représenter à suffisance le sens véritable du terme gagnant-gagnant pour le développement durable. C’est la portion locale obligatoire en rapport avec l’emploi ou les activités économiques. C’est la part obligatoire à réserver à la préférence nationale dans le cadre d’une activité économique donnée. Sa finalité, c’est la réduction de la pauvreté, l’augmentation des connaissances et du niveau de vie locale, le développement d’une industrie locale, la réduction des inégalités et un meilleur partage des retombées économiques », explique Evariste Yameni, Directeur de la Bstp.
Cette organisation a entre autres missions la promotion et le développement de la Sous-traitance. Le développement de ce dernier est inévitablement lié à la promotion d’une véritable prise en compte de la préférence nationale. En guise d’exemple, « si la part réservée aux entreprises locales de sous-traitance dans le cadre de tout projet, des grands travaux ou de tout investissement se situe par exemple à 50 ou 60 %, et que cela devient contraignant au travers d’une loi, alors quel que soit l’entreprise chinoise, française, canadienne qui exécute un marché au Cameroun, l’économie camerounaise à travers ses PME/PMI recevra une valeur ajoutée équivalente à ce pourcentage. Pour un marché d’1 milliard, ce sera 500 à 600 millions qui sera redistribué au niveau local avec de multiples impôts payés qui vont développer notre pays », explique le directeur de la Bstp.
Notons que l’élaboration d’une charte de promotion du contenu local est également une recommandation issue de l’atelier national tripartite sur la promotion de la Déclaration de l’OIT ; des principes tripartites sur les entreprises multinationales et la politique sociale, qui s’est tenu à Douala en août 2024. La déclaration offre des lignes directrices pour renforcer les effets positifs sur le plan social et du travail des activités et de la gouvernance des entreprises multinationales afin de concrétiser le travail décent pour tous. Les principes de la Déclaration donnent des orientations dans des domaines tels que l’emploi, la formation, les conditions de travail et de vie, les relations professionnelles de même que la politique générale.
La mise sur pied d’une charte de promotion du contenu local, représente ainsi une étape importante pour renforcer la compétitivité des PME et TPE camerounaises et leur permettre de mieux faire face à la concurrence des entreprises étrangères. Les effets induits de « cet instrument viendraient booster la création d’emplois » et « la pérennité des entreprises sous-traitantes » en quête des marchés. Surtout que le tissu économique camerounais est composé à 99,8% de PME, dont 79,32% sont de très petites entreprises, 19,43% de petites entreprises et 1,25% de moyennes entreprises. Elles sont confrontées à des défis tels que la concurrence des entreprises étrangères, parfois des multinationales, l’accès au marché ou encore au manque de financement.