Le désormais Dr Jean-Baptiste Noël Wago, ancien DGA de l’Oapi, a soutenu sa thèse de doctorat en Sciences économiques sur le sujet le 20 décembre 2024, à l’Université de Strasbourg en France.
« Indications géographiques et amélioration du cadre socioéconomique dans l’espace Oapi : Le cas du poivre de Penja au Cameroun ». C’est sous ce thème que Jean-Baptiste Noël Wago a soutenu avec brio le 20 décembre 2024, sa thèse de doctorat en Sciences économiques à l’Université de Strasbourg en France. L’économiste centrafricain, par ailleurs ancien Directeur général adjoint (DGA) de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (Oapi), a présenté son travail de plus de six ans devant un jury présidé par Paul Muller, professeur des universités et enseignant à l’université de Lorraine, avec pour examinateurs le Pr Isabelle Liotard de l’Université Sorbonne Paris-Nord, et le Pr Marc-Hubert Depret, de l’Université de Poitiers, sans oublier Jean-Jacques Gabas, maître de Conférence également titulaire d’une Habilitation à mener des recherches (HDR), qui officiait en qualité d’examinateur.
Les Indications géographiques (IG) sont définies par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (Ompi) comme des signes utilisés sur des produits qui ont une origine géographique précise et qui possèdent des qualités, une notoriété ou des caractères essentiellement dus à ce lieu d’origine. Ainsi, dans son étude, le Dr Jean-Baptiste Noël Wago a questionné leur effectivité et leur efficacité qui restent à démontrer dans le cas du Cameroun, tant dans leur utilisation que leur impact socio-économique. Malgré les difficultés liées à la faible documentation sur le sujet, ce travail a été réalisé à travers une approche bibliographique, des rapports de missions, des études, ainsi que des enquêtes de terrain auprès des acteurs des filières du Poivre de Penja. L’objectif étant « d’apporter une solution aux alternatives des agriculteurs qui peinent à joindre les deux bouts », a-t-il fait savoir devant le jury.
D’importantes améliorations observées
En effet, 11 ans après l’enregistrement du poivre blanc de Penja en Indication géographique protégée (IGP) à l’Oapi, et un an et demi seulement après son enregistrement au registre des Appellations d’origine protégées (AOP) et des IGP par l’Union européenne (UE), de nombreuses améliorations ont été constatées. A en croire le Dr Wago, outre le fait de garantir la protection du droit et de l’usage exclusif de nom sur les marchés locaux et le marché́ européen au profit des producteurs membres du groupement, cette action a eu des implications économiques. « La valorisation de ce produit, tant au niveau de sa production, de sa notoriété que de son prix, était meilleure dès les premières années. Cela a aussi amélioré les revenus des producteurs, augmenter leur nombre ainsi que le nombre de champs et de superficies », soutient ce dernier. D’ailleurs, à la suite du Poivre blanc de Penja, une dizaine d’autres produits ont été enregistrés dont le Miel Blanc d’Oku (Cameroun) et le Café Ziama Macenta (Guinée).
Les limites à la mise en place des IGP
Toutefois, dans sa thèse co-dirigée par le Pr Julien Penin de l’Université de Strasbourg et Claire Mainguy, Maître de conférences et HDR dans le même établissement universitaire, le Dr Jean-Baptiste Noël Wago a présenté les limites à la mise en place des IGP toujours dans le cas du Poivre blanc de Penja.
Tout d’abord, le coût élevé de la mise en place de ce procédé a malheureusement conduit à l’éviction de bon nombre de producteurs, mais aussi des consommateurs ayant un faible pouvoir d’achat du fait du prix élevé du produit sur le marché. En plus de tout cela, « on enregistre l’apparition de comportements délictueux visant à profiter de la manne/plus-value que procure l’enregistrement de l’IGP Poivre de Penja. Cette situation, additionnée à un essoufflement de la gouvernance, a mis à mal la stabilité et l’évolution de l’initiative IGP Poivre de Penja », fait savoir l’auteur de la thèse. Et le Dr Wago de conclure : « ces constats montrent la fragilité et le travail qui reste à réaliser pour rendre plus efficaces les politiques agricoles, améliorer les revenus des acteurs agricoles vulnérables – surtout en zones rurales – et aussi les limites des signaux informatifs. D’où la nécessité de réexaminer les déterminants de réussite d’une IG, en l’occurrence les défis et perspectives dans les territoires de l’espace Oapi ».