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17 600 milliards de Fcfa perdus en 10 ans

C’est le montant des Flux financiers illicites (FFI) perdus par le Cameroun sur divers pan de son économie en 10 ans. C’est ce qui ressort du rapport sur « les Flux financiers illicites et développement de l’Afrique », publié le 28 septembre 2020 par une coalition d’organisations de la société civile locale, conduite par le Centre régional africain pour le développement endogène et communautaire (Cradec). Le chiffre brut de 31 milliards de dollars de pertes fournis par le Cradec est proche de celui de la Commission des Nations unies pour le commerce et le développement.

Le document de la coalition d’organisations de la société civile indique par exemple que 25% des exportations en provenance du Cameroun connaissent des écarts de déclaration. Il mentionne par ailleurs que selon la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), en 2017, près de 40% de demandes d’importation étaient en réalité des sorties spéculatives de capitaux.

Parlant de la méthodologie de cette évaluation, le directeur exécutif du Cradec, Jean Mballa Mballa confie : « Notre étude a utilisé des techniques comme celle de l’analyse et la comparaison des données miroirs du commerce international au Cameroun. Il en ressort qu’entre les déclarations des agents de l’import/export du pays et les données statistiques des pays clients ou fournisseurs les écarts, lorsqu’on enlève les frais de transport et d’assurance, ont atteint 12,5 milliards $ sur la période analysée ».

Ce rapport ne se limite pas seulement au commerce avec l’extérieur. La notion de FFI s’étend à certains flux comme celui du pétrole où on brasse d’importantes sommes d’argent. Ces flux financiers pétroliers sont gérés dans un flou artistique, raison pour laquelle les ONG ont choisi d’y faire la lumière. Le directeur exécutif du Cradec explique ce choix en faisant savoir que « même si le pays a une économie diversifiée, les exportations de pétrole représentent encore plus de 45% des entrées de devises, importantes pour la création monétaire au sein de l’économie locale. Or, dans les lois pétrolières, il était permis aux sociétés partenaires du Cameroun de recevoir les paiements de leurs parts de pétrole sur des comptes offshores. Cela a privé le pays d’une contrepartie extérieure de 8,6 milliards $, qui auraient permis de créer l’équivalent en CFA et servir le financement de l’économie ».

Le rapport pointe aussi les « dépenses associatives » de la Société nationale des hydrocarbures (SNH). Elles sont prévues par la loi pétrolière et présentées comme la contribution du Cameroun aux dépenses d’exploration et d’exploitation pétrolière. Mais il manque de transparence et de visibilité dans la gestion de ces dépenses, ce qui, selon les auteurs de l’étude, fonde la suspicion d’illicéité. En 2017 par exemple, « les engagements de la SNH » se sont situés à 177,8 milliards de Fcfa, soit 141,3 milliards de « dépenses associatives » et 36,5 milliards d’« autres engagements ». Nonobstant des exonérations fiscales destinées « à favoriser la prospection et l’investissement dans le secteur pétrolier et gazier », estimées à 196,8 milliards de Fcfa. En définitive, le rapport fait ressortir des « pertes potentielles » dans le secteur pétrolier de 13,2 milliards de dollars.

Outre le gap de 12,5 milliards de dollars enregistré par le Cameroun sur le commerce international et les « pertes potentielles » dans le secteur pétrolier de 13,2 milliards de dollars, le rapport ajoute des « pertes potentielles de 5,8 milliards $ de revenus fiscaux sur les conventions de services signées par les sociétés locales et les filiales ou les entreprises apparentées à l’étranger ». D’où l’estimation des pertes de 31,5 milliards de dollars enregistrées par le Cameroun en 10 ans.

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