Dans une correspondance du 16 janvier 2025 adressée au PCA de la banque, le ministre des Finances propose une enveloppe de 122,6 milliards de Fcfa pour les 58,8% des parts en jeu.
C’est un rebondissement dans le processus du rachat des 58,8% des parts détenues par Société Générale dans sa filiale du Cameroun. L’Etat vient de se positionner en qualité d’acheteur en usant de son droit de préemption. Dans une correspondance du 16 janvier 2025 adressée au président du Conseil d’administration (PCA) de la banque, Louis Paul Motaze, le ministre des Finances propose 122,6 milliards de Fcfa pour reprendre des parts qui selon, le journal français « Le Lettre », étaient sur le point d’être cédées à Coris Bank International. Selon les experts de la finance, en faisant recours à son droit de préemption, l’Etat du Cameroun se présente comme l’acheteur exclusif desdites actions. Même si elle est loin des 164 milliards de Fcfa attendus de ladite vente, l’offre du Cameroun est supérieure à celle du groupe bancaire dirigé par Idrissa Nassa qui était de 104,9 milliards de Fcfa selon les sources médiatiques.
Si ce rachat venait à être acté, l’Etat va contrôler la deuxième banque du marché camerounais, avec à son actif un portefeuille de 245 000 clients et désormais 48 agences après l’inauguration de celle de Sangmélima, le 30 janvier dernier. Elle est classée quatrième en terme de réseaux d’agences derrière Afriland First Bank (89), Société commerciale de banque (SCB Cameroun) 55 agences et CCA-Bank (54). Selon les données obtenues de la plateforme Cerber de la Cobac et du Comité national économique et financier (Cnef) au 30 juin 2024, la banque est classée deuxième en terme de crédit avec un encours de 771,3 milliards de Fcfa derrière Afriland First Bank (1280,5 milliards de Fcfa). A cela s’ajoute un encours dépôts de 1079 milliards de Fcfa derrière la First Bank (1507,1 milliards de Fcfa). L’Etat camerounais suit un peu les pas de l’Etat congolais qui s’était opposé au rachat de la filiale congolaise de Société Générale par le groupe Vista. Il s’est servi de son droit de préemption pour céder les parts en vente au groupe Bgfibank.
Un coup dur pour Coris Bank International
En attendant la décision des autorités réglementaires compétentes, l’implantation du groupe Coris Bank au Cameroun semble compromise. Or, en rachetant la filiale tchadienne de Société Générale, elle ambitionnait, le groupe Coris Bank entendait s’implanter dans tous les six pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). « Notre ambition au niveau de la zone Cemac, c’est de conquérir l’ensemble des pays de cet espace comme nous l’avons déjà fait au niveau de Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine) parce que ces pays ont les mêmes caractéristiques que les pays de présence actuelle du groupe. Et tous ces pays nous intéressent », déclarait Idrissa Nassa, son président directeur général (PDG) à la presse. Pour réaliser cet objectif, le groupe devrait prendre appui sur sa présence au Tchad. « Nous avons une opportunité qui nous permet d’entrer dans la Cemac à travers le Tchad, mais, notre ambition, c’est de nous étendre en fait, sur l’ensemble de cette région. Telle est notre feuille de route actuelle », explique-t-il.
