L’approvisionnement des bureaux de change en devises auprès des établissements de crédit, la non-affichage des taux de commissions par les bureaux de change et l’absence des comptoirs de change manuel au sein des banques, sont quelques problématiques relevées par l’autorité monétaire.
Dans l’optique de veiller au strict respect de la réglementation des changes, le ministère des Finances (Minfi) a réuni les entreprises du Commerce extérieur, les bureaux de change, les assurances, les établissements de crédit et de microfinance, les experts financiers et économiques, mercredi 5 février à Douala. L’objectif de cette initiative était de renforcer la conformité des opérateurs économiques à la réglementation en vigueur dans la zone Cemac, en vue de préserver les réserves de change de la sous-région et d’assurer une stabilité monétaire durable.
Il ressort de cette rencontre que le respect de cette réglementation des changes est confronté à de multiples obstacles. Parmi les problématiques présentées, il y a l’approvisionnement des bureaux de change en devises auprès des établissements de crédit. Ici, les problèmes identifiés se situent au niveau des réglementations strictes et des quotas d’approvisionnement. D’après le Minfi, les établissements de crédit sont soumis à des réglementations restrictives en matière de quotas de devises qu’ils sont autorisés à vendre aux bureaux de change. Ces limitations peuvent entraîner une insuffisance de liquidités en devises disponibles pour les bureaux de change.
Autres problèmes identifiés : le taux de commission élevé, les différences entre les besoins des bureaux de change et les disponibilités des établissements de crédit. « Les besoins des bureaux de change en devises ne correspondent pas toujours aux montants que les établissements de crédit sont prêts à fournir. Les devises disponibles sur le marché peuvent ne pas répondre aux demandes spécifiques des bureaux de change, surtout dans le cas de devises rares ou peu demandées. Les banques à cet égard ne donnent généralement que les Euros », explique l’autorité monétaire.
Le manque de transparence et de flexibilité, les ruptures d’approvisionnement et les délais de livraison, viennent compléter cette liste. Les autres problématiques soulevées sont la non affichage du numéro d’agrément des bureaux de change pourtant, l’Instruction N°011/GR/2019 impose aux bureaux de change d’afficher leur numéro d’agrément sur leur enseigne et dans leurs correspondances. La non affichage des taux de commissions par les bureaux de change ; l’exercice d’une activité autre que le change manuel et l’absence des comptoirs de change manuel au sein des banques, etc.
La rencontre avec les acteurs impliqués dans le Change organisée la semaine dernière à Douala répond à l’une des recommandations formulées lors de la dernière conférence des chefs d’Etat de la Cemac à Yaoundé. Ils avaient réaffirmé la nécessité impérieuse de renforcer les mesures de reconstitution et de préservation des réserves de change. Parmi ces mesures, figurent l’application stricte de la réglementation des changes, le rapatriement effectif des recettes d’exportation et une gestion optimisée des flux financiers.
Des efforts pour reconstituer les réserves de change
En rappel, après la chute des prix des matières premières sur le marché international en 2015, l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac) a enregistré une baisse drastique de ses réserves de change, menaçant ainsi la stabilité monétaire de la sous-région. En 2016, les réserves du Cameroun s’établissaient à 636 milliards de Fcfa, soit moins de la moitié de leur niveau de 2008.
Depuis lors, des efforts significatifs ont été déployés pour reconstituer ces réserves. Au 31 décembre 2023, les réserves de change de la Cemac atteignaient 6 698,85 milliards de Fcfa. Cependant, ces réserves ont diminué de 5,8% en décembre 2024, pour s’établir à environ 6 484,8 milliards de Fcfa, correspondant à 4,4 mois d’importations des biens et services. Cette tendance baissière a été confirmée lors du sommet extraordinaire des chefs d’État de la Cemac tenu le 16 décembre 2024 à Yaoundé. Les chefs d’État y ont rappelé que, bien qu’ayant progressé de 2,3 mois d’importations en 2016 à 4,6 mois en 2023, les réserves sont tombées à 4,4 mois en décembre 2024, traduisant une légère érosion progressive.