Ils sont d’ordres réglementaire, économique, financier et surtout social.
En Afrique, on entend davantage parler de finance islamique. Cette branche de l’économie islamique fondée sur les principes de la charia est de plus en plus adoptée par les banques. Au Cameroun, par exemple, la banque panafricaine Afriland first bank a lancé une fenêtre de banque islamique où environ 20% de la population totale (22 millions d’habitants) est de confession musulmane.
Les pays de la sous-région Afrique centrale, particulièrement ceux de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), convoitent de plus en plus cette branche de l’économie qui offre de nombreuses opportunités. Cependant, la finance islamique en zone Cemac présente plusieurs enjeux majeurs, notamment sur les plans réglementaire, économique et culturel.
Comme enjeux réglementaires et institutionnels, l’on note l’absence d’un cadre juridique adapté. « La Cemac ne dispose pas encore d’une réglementation spécifique et harmonisée pour la finance islamique, ce qui freine son développement », constatent les experts. Pour ce qui est de la supervision et régulation, ils relèvent que la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) doit mettre en place un cadre réglementaire aligné sur les principes de la finance islamique, notamment en matière de gouvernance et de supervision des institutions financières islamiques.
Pour ce est qui des enjeux économiques et financiers, il est reconnu que la finance islamique peut offrir des alternatives aux PME et aux particuliers exclus du système bancaire classique en raison des taux d’intérêt, interdits par la charia. Par exemple, les États de la Cemac peuvent utiliser ces instruments pour diversifier leurs sources de financement et attirer des capitaux du Moyen-Orient et d’Asie. De plus, avec le manque de produits financiers adaptés, il est également constaté que l’offre en finance islamique reste limitée, freinant l’inclusion financière et la diversification du secteur bancaire.
Dans un rapport mondial consacré À la finance islamique et intitulée en anglais « Global Report on Islamic Finance : A Catalyst for Shared Prosperity? », le Groupe de la Banque mondiale et la Banque islamique de développement indique qu’un certain nombre de mesures doivent être prises pour accroître l’efficacité de la finance islamique et mettre pleinement à profit sa capacité à réduire les inégalités. On peut parler : d’’améliorer l’harmonisation, la mise en place et l’application des réglementations ; créer des institutions qui fournissent des informations sur le crédit et d’autres sujets, afin de faciliter les financements par fonds propres, en particulier au profit des PME et des microentreprises ; développer les marchés financiers et les ṣukuk (obligations conformes à la loi islamique) afin de favoriser le financement de grands projets d’infrastructure et assurer l’homologation réglementaire des produits financiers issus d’autres territoires de compétence et développer ainsi les marchés grâce à des transactions internationales.
Le rapport souligne aussi la nécessité de développer les marchés financiers islamiques. Ces marchés, qui sont encore relativement jeunes, pourraient permettre aux populations de se constituer un patrimoine au moyen des instruments de financement par fonds propres et de financement garanti par des actifs.