La question était au centre des débats de la toute première Conférence de l’Union africaine sur la dette tenue du 12 au 14 mai 2025 dans la ville de Lomé au Togo.
Cette rencontre inédite organisée par le département du développement économique, du commerce, du tourisme, de l’industrie et des mines de l’UA, a réuni plus de 500 participants, dont des chefs d’Etat, des ministres en charge des Finances, des gouverneurs de banques centrales, des partenaires au développement ainsi que des représentants de la société civile. Placés sous le thème « L’Agenda africain de gestion de la dette publique: restaurer et préserver la viabilité de la dette », les débats de cette conférence se sont consacrés sur des solutions à long terme, notamment la restructuration de la dette souveraine et la mise en place de financements durables.
En effet, dans un contexte où la dette de l’Afrique a atteint 1 860 milliards de dollars, avec plus de 20 pays africains déjà en situation de surendettement ou à la veille de l’être, il devient urgent d’agir. Surtout que le ratio dette/PIB moyen est passé de 44,4% en 2015 à 66,7% actuellement, illustrant l’aggravation rapide de la situation. « Quand le service de la dette dépasse les investissements combinés en santé et en éducation, il est légitime de s’interroger sur la soutenabilité de notre trajectoire budgétaire, ainsi que sur son coût humain », a indiqué Claver Gatete, Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), à l’ouverture de la Conférence. Et le responsable onusien d’ajouter que « l’Afrique ne fait pas seulement face à une crise de la dette. C’est une véritable crise du développement, où les paiements de la dette entrent en concurrence directe avec des priorités vitales comme la santé, l’éducation, les infrastructures et le droit fondamental au développement ».
Et pour remédier à cet état de choses qui maintiennent l’Afrique dans le sous-développement, Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, appelle à l’instauration « d’une gouvernance rigoureuse de la dette publique, soutenue par une solidarité africaine forte et un dialogue équilibré avec les créanciers internationaux ».
Bien plus, dans l’optique de restaurer la souveraineté budgétaire de l’Afrique et transformer sa dette en un levier de transformation, la CEA préconise cinq axes majeurs : Repenser la dette comme un outil de développement en empruntant pour des investissements productifs dans l’énergie, les infrastructures et l’industrie, plutôt que pour la consommation ; Renforcer la transparence et la gestion de la dette en appelant à des stratégies nationales de gestion de la dette englobant l’ensemble des engagements, y compris ceux des entreprises publiques ; Réformer l’Architecture financière mondiale à travers une réforme du Cadre commun du G20 et la création rapide d’une agence africaine de notation de crédit, adaptée aux réalités et au potentiel du continent ; Renforcer le financement vert et innovant ; et accroître la mobilisation des ressources nationales à travers la réforme fiscale, la numérisation et la lutte contre les flux financiers illicites.