Élu le 29 mai 2025 avec 76,18% des voix lors des Assemblées générales de l’institution à Abidjan en Côte d’Ivoire, Sidi Ould Tah devra œuvrer à réformer l’architecture financière du continent, la transformation de son dividende démographique, son industrialisation et la mobilisation des capitaux à grande échelle.
A 60 ans, le Mauritanien Sidi Ould Tah devient le 9ème président de la Banque africaine de développement (BAD) depuis sa création en 1964. Contrairement à l’élection de son prédécesseur, Akinwumi Adesina, il ne lui a fallu que de trois tours lors du scrutin du 29 mai dernier lors des Assemblées annuelles de la banque à Abidjan, au lieu de six comme en 2015, pour décrocher les 76,18% des voix nécessaires pour être élu. Il devance ainsi le Zambien Samuel Munzele Maimbo, son principal challenger qui n’a obtenu que 20,26%, tandis que le Sénégalais Amadou Hott s’en sort avec 3,55% des suffrages exprimées.
Les contours du programme « Les 4 points cardinaux » du nouveau président de la BAD
En attendant sa prise officielle de fonction au terme du mandat d’Akinwumi Adesina, le président sortant qui s’achève au mois d’août 2025, le nouveau président se dit prêt à relever les nombreux défis auxquels fait face son institution. Pour ce faire, il s’est doté d’un programme dénommé « Les quatre points cardinaux ». Celui-ci consiste notamment à la réforme de l’architecture financière africaine, la transformation du dividende démographique en puissance économique, l’industrialisation du continent à travers la valorisation de ses ressources naturelles et la mobilisation des capitaux à grande échelle. « C’est avec beaucoup d’humilité et de sens de responsabilité que je m’adresse à vous en ce moment particulier. Je voudrais d’abord, remercier l’Afrique pour la confiance qu’elle vient de m’accorder. Je vous remercie vous, mesdames et messieurs les gouverneurs pour cette confiance dont je mesure la responsabilité et le devoir qui l’accompagnent », a-t-il déclaré lors de sa brève allocution de remerciement peu après son élection. « Maintenant, mettons-nous au travail. Je suis prêt », a-t-il lancé, soulevant au passage une salve d’applaudissements.
Un expert de la finance au service de la BAD
Né le 31 décembre 1964 à Merderdra en Mauritanie, Sidi Ould Tah est un économiste et homme politique mauritanien, polyglotte s’exprime à la fois en anglais, français et arabe. Il devient le neuvième président de cette institution succédant au Nigérian Akinwumi Adesina. C’est une consécration pour ce technocrate discret, dont l’ascension s’est faite loin des projecteurs. Issu d’une famille d’intellectuels, il grandit au contact du pouvoir, fréquentant les couloirs du palais présidentiel dès son plus jeune âge. Titulaire d’un doctorat en économie à l’université de Nice-Sophia-Antipolis, il commence sa carrière à la Banque mauritanienne pour le développement et le commerce (Bmdc). Il occupe par la suite plusieurs postes notamment à la municipalité de Nouakchott et au Port autonome de la même ville. En 1996, il rejoint l’Autorité arabe pour l’investissement et le développement agricole, basée à Khartoum, avant de prendre la direction de la Banque islamique de développement (BID) en Arabie saoudite. En 2006, il revient en Mauritanie où il est nommé conseiller à la présidence, puis à la primature. En 2008, il devient ministre de l’Économie et des Finances de son pays. En 2015, il est élu président de la Badea. Fonction qu’il quitte en avril 2025 pour postuler à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD).