Interconnectée aux applications-métiers du Trésor public, elle vise notamment à garantir la traçabilité et la sécurité des opérations financières, la production fidèle des comptes et une restitution sincère du Compte général de l’Etat certifié par la Juridiction des comptes.
L’Etat du Cameroun vient d’acter l’entrée en vigueur de la plateforme électronique dénommée « Trésor Pay » pour le recouvrement des recettes et le paiement des dépenses de l’Etat et des autres entités publiques par voie électronique. Cette volonté matérialisée à travers le décret du Premier ministre, chef du gouvernement, Joseph Dion Ngute du 28 mai 2025, vise trois objectifs essentiels. Il s’agit notamment de garantir la traçabilité et la sécurité des opérations financières, la production fidèle des comptes et une restitution sincère du Compte général de l’Etat certifié par la Juridiction des comptes. Les natures des recettes et dépenses selon leurs spécificités, sont paramétrées dans ladite plateforme tel qu’énoncé dans l’article 3 du présent décret. Celui-ci oblige par conséquent, les administrations publiques disposant déjà d’une plateforme électronique, à opérer une interconnexion « obligatoire » avec la plateforme « Trésor PAY ».
D’autre part, selon l’article 2 du texte susmentionné, les moyens de paiement électronique renvoient à la monnaie mobile ou électronique, au virements bancaires, aux paiements par cartes, au moyen de terminaux de paiement électronique (TPE), ou tout autre moyen de paiement électronique désigné comme tel par un texte particulier. Au plan opérationnel, les opérations de recettes et de dépenses de l’Etat effectuées dans « Trésor PAY » sont déversées dans le Compte unique du Trésor (CUT) ouvert à la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac). Elles peuvent également l’être dans le Compte courant postal ou tout autre compte dûment mandaté par l’administration du Trésor public, en vue de la centralisation en temps réel des ressources publiques et l’optimisation de la gestion de la Trésorerie de l’Etat et des autres entités publiques. Celles qui ne sont pas encore connectées à ladite plateforme « disposent d’un délai de 3 mois pour se mettre en conformité à compter de la date de signature du présent arrêté », stipule l’article 5 du décret du Premier ministre à cet effet. Passé ce délai, « le ministre des Finances procédera à la fermeture des plateformes non connectées à Trésor PAY », poursuit-il.
Une innovation en lien avec la réforme du Compte unique du Trésor
Le décret du Premier ministre est la consécration d’une initiative lancée le 7 août 2023 à Bangou par le ministre des Finances, Louis Paul Motaze. Il était question de sensibiliser les administrations et entités publiques à cette innovation qui s’inscrit dans la réforme du Compte unique du Trésor (CUT). « Cette plateforme a été mise en place dans un contexte marqué par la volonté des pouvoirs publics de finaliser l’opérationnalisation de la réforme du Compte unique du Trésor, de digitaliser les moyens de paiement publics, de sécuriser le circuit d’encaissement des recettes publiques en limitant la circulation des espèces dans les services financiers de l’Etat et enfin, de maîtriser les risques d’atteinte à la fortune publique », indiquait alors le ministre des Finances.
Ce faisant, le Trésor public camerounais s’arrime à la modernité. « Jusqu’ici, le système de paie est manuel. Si j’ai besoin, par exemple, de payer un certificat médical ou une carte grise, je dois me rendre dans le service concerné et payer en espèces. Or, avec la mise en service de Trésor PAY, on n’aura plus besoin de cela », explique Achille Basahag, directeur de la comptabilité publique au ministère des Finances (Minfi). L’autre avantage est que la nouvelle plateforme va dissuader toute velléité de détournement de deniers publics. « On sait que lorsqu’il y a manipulation des espèces, il y a des déperditions. Ce sont des êtres humains qui sont appelés à manipuler ces espèces. Avec la réforme, les paiements sont faits en ligne. L’argent atterrit directement dans le compte unique du Trésor. Cela fera en sorte qu’il n’y ait plus de déperdition puisque le système va être sécurisé à 100% », conclut l’expert du Minfi.