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Le vrai sens du 8 mars

Comme il est de coutume chaque année, la gent féminine à travers le monde est encore à l’honneur ce 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale de la femme (JIF) traditionnellement marquée par de nombreuses manifestations des femmes aux quatre coins de la terre, avec pour objectif de faire entendre leurs revendications, notamment en matière d’égalité de genre et de lutte contre les violences faites aux femmes. Le thème choisi par ONU Femmes pour commémorer cette 36ème édition est : « Leadership féminin : Pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19 ». Selon l’entité des Nations Unies consacrée à l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, ce choix s’inscrit en droite ligne de la célébration des efforts considérables déployés par les femmes et les filles partout dans le monde, pour façonner un futur et une relance plus égalitaires suite à la pandémie de Covid-19. Il vient également mettre en lumière les lacunes à combler dans ce sens. D’ailleurs, Onu Femmes n’a pas manqué de relever que les femmes sont depuis le début de la pandémie il y a plus d’un an, en première ligne dans le combat contre ce virus mortel, notamment dans le domaine de la santé où on y retrouve plusieurs professionnelles, mais aussi dans le domaine de l’entreprenariat.

Malgré la crise sanitaire qui a entrainé une restriction de mouvements des populations, obligeant les autorités des pays dont le Cameroun, à sursoir aux traditionnelles parades sur les places publiques et autres réjouissances populaires, les femmes ont tenu à faire entendre leur voix comme par le passé. « Nous avons besoin d’une représentation des femmes qui reflète toutes les femmes et les filles dans toutes leur diversité et leurs capacités, indépendamment de leur situation sur le plan culturel, social, économique et politique. Il s’agit là de la seule façon d’obtenir un véritable changement sociétal qui intègre les femmes dans la prise de décisions, sur un pied d’égalité et au bénéfice de toutes et tous. », a déclaré à cet effet la Directrice exécutive d’ONU Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka.

Sauf qu’à l’évidence, cet objectif est loin d’être atteint. Si l’on s’en tient au rapport du secrétariat général du Conseil économique et social des Nations Unies publié en fin d’année dernière, en prélude à la 65ème session de la Commission de la condition de la femme prévue du 15 au 26 mars prochains, l’égalité est loin d’être atteinte malgré la participation accrue des femmes à la vie publique. Le niveau de pouvoir le plus élevé reste le plus éloigné de la parité des genres. A titre d’exemple, seuls 21 pays (10 femmes chefs d’État et 13 femmes chefs de gouvernement) ont une femme à leur tête, tandis que 119 pays n’ont jamais été dirigés par une femme. « Au rythme actuel, la parité aux échelons les plus élevés du pouvoir ne sera pas atteinte avant 130 ans », souligne le rapport. L’autre fait marquant est que dans le monde, les femmes occupent seulement 21 % des postes ministériels, soit une légère hausse de 5% depuis 2010. De même, seuls 14 pays ont des gouvernements dont 50% des postes ou plus sont occupés par des femmes. Et dans 16 pays, 40% à 49,9% des ministres sont des femmes.

Les femmes restent donc nettement sous-représentées dans tous les aspects de la prise de décisions. Autant de choses qui les amènent à revendiquer plus que par le passé, une prise de décisions pleine et effective dans la sphère publique et l’élimination de la violence, en vue d’atteindre l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles. Et c’est la planète qui en sortira gagnante car comme l’a indiqué la Banque africaine de développement (BAD), « l’élimination des inégalités entre les genres et l’autonomisation des femmes, pourraient augmenter le potentiel de production d’un milliard d’Africains et stimuleraient considérablement les potentialités de développement du continent ».

Si les femmes africaines en général et camerounaises en particulier parviennent à prendre conscience de leurs atouts, alors la bataille du 8 mars ne sera plus seulement celle de l’acquisition d’un vulgaire pagne, et de toutes les commodités qui vont malheureusement avec cette célébration sur le continent.

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