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Le combat inachevé du patriote

Ce projet figure parmi les quatre initiatives qui tenaient l’activiste à cœur.

Le secrétaire général du Service d’appui aux initiatives locales de développement (Saild) a fait une intervention au cours de la cérémonie d’hommage en l’honneur du Bernard Njonga, au siège de l’institution mardi dernier. On retient que quatre projets qui lui tenaient à coeur, demeurent inachevés. Le pain enrichi aux farines locales à base de patate et bien d’autres tubercules en est le premier. Le Cameroun continue de dépendre largement des importations de farine de blé alors que ce projet visait à réduire cette dépendance. Il a travaillé à cet effet avec les petits producteurs pour l’atteinte de cet objectif. Il s’agissait de produire une plus grande quantité desdites tubercules, les transformer en farine et les commercialiser. Un projet que semblait porter à son temps, Essimi Menye, alors ministre de l’Agriculture et du développement rural (Minader). Mais, celui-ci restera sans suite logique.

Les autres projets immédiats sont entre autres, la pérennisation du journal « La voix du paysan », produit par le Saild, afin qu’il continue de servir les intérêts du monde rural, le développement du goût de la lecture chez les enfants pour booster leurs facultés intellectuelles, ainsi que le renforcement des capacités de la société civile afin qu’elle continue de défendre au mieux, les intérêts collectifs. Des combats que le Saild s’est engagé à poursuivre.

En outre, il n’a pas réussi à pousser les pouvoirs publics à adopter le projet dit de « souveraineté alimentaire » qui consiste à limiter les importations des produits alimentaires, mais aussi de booster la production nationale. Fort de l’interdiction de l’importation des découpes de poulet congelé, il s’est lancé dans la collecte de 620.000 signatures pour contraindre les autorités à adopter le projet. Il n’en sera rien ! même si face à la crise sanitaire, le gouvernement a entrepris de promouvoir l’import-substitution dans la loi de Finances 2021. A celle-ci s’ajoutent des initiatives telles que la promotion du « made in Cameroon », qui pour certains observateurs demeure un slogan politique vide de sens.

Son « pacte pour le développement rural » connaîtra le même sort que « la souveraineté alimentaire » tant recherchée. Pourtant, il devrait être intégré dans les politiques des différents candidats à l’élection présidentielle, afin de mettre en place une politique agricole propice au développement de son pays. La signature et la ratification par le Cameroun, des Accords de partenariat économique (APE) avec l’Union Européenne (UE) est un autre échec qu’a essuyé le disparu.

Quelques réalisations à son actif

Il est à l’origine du développement de la culture et du marché de la pastèque au Cameroun. « Au terme d’un voyage à l’étranger, il est rentré au bercail avec des semences de pastèques qu’il a distribuées à quelques producteurs tout en les incitant à s’installer dans des bassins propices à la production de ce produit. Il a mis à leur disposition des fiches techniques dans lesquelles, il explique les procédés en la matière. Un modèle qui séduit la Cameroon oil transportation company (Cotco) qui sollicita de ce dernier, la production des fiches similaires mais en bande dessinée afin de sensibiliser les riverains du tracé du pipeline Tchad-Cameroun », narra un ingénieur agronome proche du défunt.

L’un des combats pour lesquels, l’action de Bernard Njonga a été capitale, est celui de la lutte contre les découpes de poulets congelés, dont l’interdiction de l’importation sera actée par le gouvernement camerounais afin de mettre les consommateurs à l’abri d’une éventuelle contamination à la grippe aviaire. A côté, plusieurs projets relatifs à l’engraissement des petits ruminants dans les régions septentrionales du Cameroun ainsi ceux liés au blé et à la pomme de terre sont à mettre à son actif.

REACTION

Anicet Akoa, maire de la commune de Ngoulemakong


« Bernard Njonga a changé mon parcours professionnel »

Quand vous lisez le message de l’oeuf qui éclot et que l’on voit le Cameroun sortir, on comprend toute la philosophie derrière l’oeuvre de Bernard Njonga. J’étais l’ingénieur à tout faire de Bernard Njonga. Le petit homme en chapeau de paille. C’était notre souvenir. Nous avons dormi dans toutes les régions du Cameroun. C’est quelqu’un qui a changé mon parcours professionnel. En tant que jeune ingénieur agronome, j’ai été affecté à Nkolmetet. C’est comme cela que j’ai fait la rencontre de Jeannot. Lui et Bernard étaient des formateurs du Saild. J’ai recruté plus d’une trentaine d’agriculteurs pour suivre une formation dispensée par les formateurs du Saild. Ceci dans l’optique d’acquérir les bases en matière d’organisation. Au cours de la formation, Bernard me vit et me demanda de revenir le lendemain afin d’avoir des échanges avec moi sur certains points. Le jour venu, il m’a demandé de présenter un exposé au cours de la formation. C’est alors qu’il me dit d’un ton ferme, tu ne rentres plus. Et ce fût le cas. J’ai démissionné de la fonction publique pour travailler pour le compte du Saild. Au-delà d’être mon patron, Bernard Njonga était mon ami. Il a par ailleurs motivé mon admission pour une bourse à l’extérieur, alors que je n’avais pas un BAC plus 6 exigé. Il a vanté mes qualités auprès des donateurs de la bourse. Et, j’ai été admis. Bernard connait ma famille, et je connais la sienne. Au-delà des relations sociopolitiques, lui et moi formions une famille. C’est lui qui m’a encouragé à m’engager en politique. Je retiens également du disparu qu’il a été un monsieur très simple. La preuve, c’était un combat pour convaincre Bernard de porter une cravate. Je lui disais toujours, tu vas à un rendez-vous important, donc essaie de faire un peu comme les autres. Et dès qu’il était en salle, il enlevait sa cravate. Je ne sais pas quelle est la manière la plus appropriée pour lui dire au revoir, mais il restera à jamais gravé dans nos coeurs.

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