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Paul Biya prescrit l’ouverture d’une enquête judiciaire

Selon la correspondance du Sgpr, il y aurait des auteurs et coauteurs indexés dans le rapport de la Chambre des comptes.

Le 6 avril dernier, le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République (Sgpr) a adressé au ministre d’Etat, ministre de la Justice, Garde des Sceaux, une correspondance ayant pour objet : « Audit des fonds alloués à la lutte contre le coronavirus ». Le contenu de cette lettre indique le climat qui doit dès lors prévaloir dans les différents ministères chargés de gérer ce fonds. « En vous faisant tenir ci-joint thermocopie du rapport de la Chambre des Comptes de la Cour Suprême, relatif à l’objet repris en marge, j’ai l’honneur de vous répercuter les hautes directives du Chef de l’Etat, prescrivant l’ouverture d’une enquête judiciaire contre les auteurs, coauteurs et complices des cas de malversations financières y relevés », peut-on y lire. A travers cette correspondance du Sgpr, on se rend compte que la Chambre des comptes de la Cour Suprême a déjà rendu son rapport d’audit sur la gestion de ce fonds. Mais une semaine avant, précisément le 29 mars 2021, le même Sgpr, Ferdinand Ngoh Ngoh, a adressé à la ministre déléguée à la présidence en charge du Contrôle supérieur de l’État, une lettre lui prescrivant, sur instruction du chef de l’État, l’accélération de l’audit de la gestion des fonds mis à la disposition des différentes administrations publiques, dans le cadre de la riposte contre la pandémie de la Covid-19 au Cameroun. À en croire ce haut commis de l’Etat, le rapport de cet audit « faciliterait la conclusion avec le Fonds monétaire international (FMI) d’un nouveau programme économique et financier ».

Cette cacophonie qui risque de se produire dans les différents rapports sur la gestion des fonds Covid-19 semble avoir été bien préparée. Pour mieux comprendre, il faut avoir la chronologie des faits. Le Premier ministre (PM), chef du gouvernement, dans un décret signé le 22 juillet 2020, prescrit une opération de contrôle de la gestion des fonds Covid-19 par la Chambre des comptes de la Cour suprême et y alloue un budget de 1,2 milliard de Fcfa. Selon des sources de la primature, ce choix du PM a été dicté par des bailleurs des fonds internationaux ayant appuyé le Cameroun dans la riposte contre la Covid-19. Notre confrère “Mutations”, dans sa livraison du 28 juillet 2020, faisait état d’une lettre de protestation adressée au PM par la ministre déléguée à la présidence de la République en charge du Contrôle supérieur de l’État, qui pense que cette mission d’audit devrait lui être confiée. Mais c’est peine perdue car des missions de la Chambre des comptes ont été déployées dans plusieurs départements ministériels, malgré les interférences. Le 15 décembre 2020, le Sgpr instruit par lettre au ministre des Finances, Louis Paul Motaze, le déblocage d’une somme de 32,5 millions de Fcfa, destinée à couvrir les frais relatifs à l’audit des fonds Covid-19 mené par le Contrôle supérieur de l’État.

Récemment en février 2021, le ministre des Finances a pour sa part, lancé un appel à manifestation d’intérêt pour la présélection des cabinets de consultants en vue de conduire une mission d’audit indépendant des dépenses publiques liées à la Covid-19 au Cameroun. Cet audit, comme l’a relevé le Sgpr, fait partie des conditionnalités du Fonds monétaire international (FMI) pour la conclusion en cours d’un nouveau programme avec le Cameroun. Mais la multiplication des audits avec des contradictions probables que peuvent contenir les rapports, n’est pas de nature à faciliter les choses. Cette cacophonie gouvernementale va freiner à coup sûr le nouveau programme avec les bailleurs de fonds. Et tant que ce programme n’est pas conclu, ces derniers ne pourront intervenir financièrement au Cameroun. Attention à ceux qui veulent jouer avec les nerfs des citoyens.

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