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L’Afrique attend financièrement plus des pollueurs

Pas moins de quarante chefs d’État et de gouvernements dont plusieurs issus des grandes puissances économiques mondiales comme la Chine, la Russie, la France, l’Allemagne, la Grande Bretagne, le Brésil ou encore l’Inde, se sont réunis en mode virtuel du 22 au 23 avril dernier, dans le cadre du Sommet des dirigeants sur le climat à l’initiative du président américain Joe Biden. Et curieusement, seuls cinq présidents africains ont été invités à prendre part à cette rencontre, pour inciter à une action collective sur le climat et l’environnement. Il s’agit de Félix Tshisekedi de la République démocratique du Congo (RDC) par ailleurs président en exercice de l’Union africaine, Cyril Ramaphosa de l’Afrique du Sud, Ali Bongo Ondimba du Gabon, Uhuru Kenyatta du Kenya et Muhammadu Buhari du Nigeria.

Au cours de ce sommet, les chefs d’Etat ont été invités à se concentrer sur la menace existentielle du changement climatique. A cet effet, plusieurs annonces ont été faites par des pays tels que les Etats Unis, le Canada et le Japon dans le but de réduire leurs actes de pollution et lutter contre ce fléau. En clair, il y a aujourd’hui urgence à accentuer le combat compte tenu de ses conséquences de plus en plus critique pour la planète. En effet, d’après les experts des questions environnementales, les changements climatiques devraient générer près de 300.000 décès supplémentaires par an sur la planète, et accroitre en même temps la malnutrition et la sous-alimentation des enfants, les maladies transmises par des insectes, les diarrhées et les stress liés à la chaleur. En outre, ils entrevoient une diminution des rendements agricoles, davantage d’inondations et l’élévation du niveau des mers… En somme, près de 250 millions de « réfugiés climatiques » sont attendus à l’horizon 2050 si rien n’est fait.

Paradoxalement, ce sont les pays les moins développés à l’instar de ceux d’Afrique qui polluent moins, mais qui subissent grandement les conséquences de ces émissions de gaz à effets de serre du fait de la production dans les pays développés. Ces changements climatiques se manifestent sur le continent par les pluies diluviennes à l’origine des inondations et des éboulements de terrains, les sécheresses extrêmes à l’origine de la famine dans certains pays ou encore des phénomènes comme les invasions de criquets qui détruisent des plantations entières en quelques heures. « Le continent perd entre 7 et 15 milliards de dollars américains par an à cause du changement climatique, et, selon le Fonds monétaire international, ce chiffre passera à 50 milliards de dollars par an d’ici à 2040 », prévient le président de la Banque africaine de développement (BAD) Akinwumi A. Adesina, invité à ces assises en tant qu’expert.

Considérant les faibles moyens dont dispose l’Afrique pour lutter contre les changements climatiques, des rencontres à l’instar de ce sommet virtuel doivent être des cadres de revendications pour le continent afin d’obtenir plus de financements. La BAD a fait part de son intention d’injecter 25 milliards de dollars au cours des quatre prochaines années dans le financement de la lutte contre le changement climatique sur le continent. Mais cela va s’avérer insuffisant. Car en 2016, la Banque mondiale estimait les niveaux de financement pour l’adaptation à environ 3 milliards de dollars par an. Se projetant vers l’avenir, l’Institution financière avait alors indiqué que les futurs besoins devraient atteindre 19,3 milliards de dollars d’ici 2020. L’heure n’est donc plus aux simples discours, mais à l’action des dirigeants africains qui doivent réclamer plus d’argent de la part de ces grands pollueurs.

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