La disparition du chef de l’Etat tchadien pourrait le remettre en cause au regard des risques de l’instabilité qui menace le Tchad.
Le maréchal Idriss Déby Itno quitte la scène brutalement alors que son pays et le Fonds monétaire international (FMI) sont arrivés à un accord le 27 janvier 2021. Il porte sur un programme de 4 ans au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) et du Mécanisme élargi de crédit (Medc). Selon Edward Gemayel, chef de la mission de cette institution financière international au Tchad, le pays pourrait bénéficier de 560 millions de dollars, soit un peu plus de 308 milliards de Fcfa à raison d’un dollar à 550 Fcfa. Seulement, avec le décès du chef de l’Etat tchadien, et l’instabilité politique qui menace le pays et la sous-région, la concrétisation de cet accord est de plus en plus incertaine quand on sait que la stabilité est l’un des préalables au soutien des bailleurs de fonds internationaux.
Or, le Tchad qui continue de faire face à de sérieuses difficultés dues aux chocs combinés de la pandémie de la Covid-19, de la dégradation des termes de l’échange, des changements climatiques et de l’aggravation de l’insécurité dans la région, a plus que jamais besoin de cette aide. Selon le FMI, le bas niveau des cours du pétrole et de sa production, la faiblesse de la demande extérieure et les mesures d’endiguement prises au niveau national pèsent sur les perspectives et ont de graves répercussions économiques et sociales. « En 2020, l’activité non pétrolière devrait s’être contractée de 1,7 %, le secteur bancaire a été mis à rude épreuve, la croissance de la production pétrolière a été faible (2,4 % selon les estimations) et l’inflation annuelle moyenne est passée à 4,5 %, contre un taux négatif en 2019. Les deux décaissements effectués en avril et en juillet au titre de la facilité de crédit rapide (FCR) ont permis de combler le déficit de financement extérieur pour 2020, mais les besoins de financement budgétaire et extérieur demeurent considérables à moyen terme », indique l’institution financière internationale.
Le programme avec le FMI devait donner un point d’ancrage aux mesures et réformes envisagées par le gouvernement en vue de renforcer la riposte du pays face à la pandémie. Il est également question de jeter les bases d’une reprise économique verte et inclusive, et de rétablir la viabilité de la dette. Toutefois, cet accord était subordonné à l’approbation du conseil d’administration du FMI, et à l’obtention des assurances de financement nécessaires. Les mesures principales de ce programme d’inspiration nationale et appuyé par le FMI, viseront à mettre en oeuvre les réformes structurelles voulues par les autorités, pour favoriser la croissance inclusive et la réduction de la pauvreté, ainsi qu’à remédier aux facteurs de fragilité et à rétablir la viabilité de la dette en menant un assainissement budgétaire propice à la croissance, et en restructurant la dette en profondeur.
REACTIONS
Ali Bongo Ondimba, président de la République gabonaise
« Il est mort comme il a vécu »
Le maréchal du Tchad Idriss Deby Itno, président de la République du Tchad, est mort comme il a vécu. En combattant. Mes condoléances les plus attristées à sa famille et au peuple tchadien. Dans cette épreuve douloureuse, le Tchad pourra compter sur l’entière solidarité du Gabon.
Denis Sassou Nguesso, président de la République du Congo
« Vive est mon émotion »
L’héroïsme vrai consiste à savoir courir de grands dangers pour réaliser de grands desseins. Douloureuse est cette épreuve, et vive est mon émotion. Je gémis tout en espérant, pour la République du Tchad la Paix. Que le peuple tchadien frère et la famille endeuillée trouvent ici, l’expression de ma profonde compassion et l’assurance de toute ma solidarité, ainsi que celle du peuple congolais.
Paul Biya, président de la République du Cameroun
« Une immense perte »
Je salue la mémoire de cet éminent chef d’Etat et frère. La disparition du maréchal du Tchad, S.E Idriss Déby Itno, est une immense per te pour le Tchad, l’Afrique centrale et le continent africain, qu’il aura servi sans relâche durant de longues années.
Pr Daniel Ona Ondo, président de la Commission de la Cemac
« L’Afrique centrale pouvait compter sur lui pour sa sécurité »
Le maréchal du Tchad, S.E Idriss Déby Itno, laisse le souvenir d’un grand combattant pour la paix et pour la stabilité dans son pays, un ardent défenseur de la sécurité au Sahel et un fervent artisan de l’intégration régionale. En effet, sous la conduite éclairée de ce grand homme d’Etat, l’Afrique centrale pouvait compter sur lui pour sa sécurité et pour sa diplomatie. Il aura su, tout au long de son mandat, imprimer la marque d’un leader courageux et profondément engagé pour le développement de son pays et de la zone Cemac. Au moment où le Tchad traverse une période difficile de son histoire, la Commission de la Cemac tient à exprimer sa totale solidarité avec le peuple tchadien et émet le voeu pour la sauvegarde des valeurs de dialogue et de paix, socles de notre Communauté. La Commission de la Cemac appelle à une transition apaisée au Tchad et souhaite que l’ordre républicain et démocratique, légué par le maréchal du Tchad, demeure la boussole qui guidera l’action des nouvelles autorités.