Il a mis environ 5 heures de temps pour rallier les villes de Douala et Yaoundé le 29 avril dernier, contrairement à l’Inter city qui en mettait moins de temps. Camrail a misé sur la rénovation des engins existants en lieu et place des acquisitions.
Environ 5 heures. C’est le temps mis le 29 avril dernier par le train express de la Cameroon railways company (Camrail) pour partir de Douala pour Yaoundé. A la tête d’une forte délégation composée de personnalités politiques, administratives, traditionnelles et religieuses, le ministre des Transports, Jean Ernest Masséna Ngallè Bibéhè, a effectué aux côtés du top management de Camrail, un voyage d’essai en vue du lancement du train express Douala-Yaoundé. Selon cette entreprise, il s’agissait de mettre en oeuvre une instruction du Premier ministre, chef du gouvernement à l’effet « d’évaluer la qualité des 11 voitures-voyageurs du parc Soule qui ont fait l’objet d’opérations de rénovation et d’aménagement dans les ateliers de Camrail à Douala sous la supervision des équipes techniques de l’Etat, et avec le concours des Petites et moyennes entreprises (PME) camerounaises », a indiqué Camrail. Selon cette source, on apprend que le train qui quitte la gare de Douala Bessengue doit effectuer 4 escales à savoir Edéa, Eséka, Makak et Ngoumou avant d’arriver à Yaoundé, sa destination finale. Sont ainsi réhabilitées, les arrêts dans ces 4 villes intermédiaires de ce tronçon.
Cependant, l’idée de vouloir relancer le train « Inter city » entre Douala et Yaoundé et vice versa, remet au goût du jour, les questions relatives au passif du déraillement du train 152, le 21 octobre 2016 à Eséka. Ceci, malgré le fait que la suspension de cette navette à la suite de ce tragique incident d’il y a 5 ans, a causé des préjudices aux usagers des deux principales villes du Cameroun pour qui ce train était un moyen de locomotion de choix afin de fluidifier les échanges humains et les affaires. Seulement, l’activité à grand renfort de publicité, cache moins certaines défaillances observées. La première a trait à la qualité du matériel déployé. Camrail elle-même, a reconnu que les voitures utilisées ont fait l’objet de rénovation. Concrètement, ce sont de vieux équipements qui ont tout simplement été remis en service après des séances de maintenance. Les engins n’étaient donc pas neufs. D’où le retard observé par rapport au précédent « Inter city » qui lui, mettait entre 3h30 et 3h40, soit près d’une heure de moins que le « train express » de jeudi dernier. Au lieu d’acquérir du matériel neuf, comme cela est prévu dans le contrat de concession qui lie cette entreprise à l’Etat du Cameroun, le top management de Camrail se serait contenter d’opérer le choix de la rénovation et de l’adaptation des trains.
Or, l’on se souvient qu’une telle démarche avait conduit à la catastrophe ferroviaire d’il y a cinq ans, d’après le rapport d’enquête rendu public à la suite de cet accident qui a fait 79 morts et 551 blessés selon le bilan officiel. Le train réhabilité qui avait été mis en service auquel 8 voitures avaient été ajoutées, présentait selon le rapport de l’enquête commise à cet effet, un défaut de freinage. Cela remet sur la table, la nécessité d’auditer le contrat de concession signé le 1er avril 1999 entre l’Etat du Cameroun et le groupe Bolloré, et qui a connu deux avenants notamment en 2005 et 2008. A la suite des tragiques évènements d’Eséka, l’entreprise avait promis de changer le matériel défectueux par l’achat de voitures construites par le groupe CIM-Ssrt.
Alors que l’heure est à l’acquisition des trains beaucoup plus performants, le Cameroun peine encore à se doter d’équipements dignes de ce nom. Raison pour laquelle, la qualité du transport des passagers et des marchandises laisse à désirer. Les dirigeants de Camrail ont déjà eu à faire le triste constat tout récemment.