
C’est un privilège d’avoir travaillé aux côtés de quelqu’un qui, pendant plus de six décennies, a été un journaliste, un patron de presse, mais aussi un témoin, un Africain dans le siècle. Béchir Ben Yahmed a connu Ben Barka, Ben Bella, Nasser, Nkrumah, Lumumba, Boumédiène… Mais aussi Che Guevara qu’il est allé rencontrer à Cuba avec Castro et Hô Chi Minh et Pham Van Dong rencontrés en pleine guerre du Vietnam, à Hanoï. On ne peut qu’être porté par ce genre de personnage, quand on est journaliste. D’autant plus quand on connaît l’histoire de Jeune Afrique, dont les premières signatures ont été Frantz Fanon, Kateb Yacine, Jean-Paul Sartre, Jean Daniel, à l’époque de la fin de la guerre d’Algérie. Béchir Ben Yahmed était un patron de presse extrêmement exigeant avec ses journalistes, mais également avec lui-même. Il ne s’est quasiment jamais arrêté de travailler.