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3000 vies sacrifiées sur l’autel de la cupidité en Côte d’Ivoire

Le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire le 17 juin dernier après plus de dix années passées à l’extérieur, laissait présager de grands remords dans l’histoire politique du pays. Chassé du pouvoir au terme d’une crise post-électorale qui a fait 3000 morts et causé d’importants dégâts matériels entre novembre 2010 et avril 2011, l’ancien chef d’Etat avait d’abord été arrêté avec sa femme. Accusé de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, le leader du Front populaire ivoirien a ensuite été transféré à la Cour pénale internationale à La Haye, avant d’être acquitté en 2019.

Un peu plus d’un mois après son retour tumultueux au bercail, Laurent Gbagbo à de nouveau de créé le grand buzz médiatique en acceptant de rencontrer son grand ennemi, l’actuel président Alassane Dramane Ouattara. La brouille entre les deux hommes est née au lendemain de la proclamation des résultats du scrutin présidentiel de 2010, où chacun s’était déclaré vainqueur après le deuxième tour.

Selon les déclarations des deux protagonistes, la rencontre d’une heure au Palais d’Abidjan s’est déroulée dans un cadre fraternel et sous un ton amical et cordial. Des échanges, l’on retiendra que Laurent Gbagbo a insisté sur la libération des prisonniers arrêtés au moment de crise de 2010-2011. « J’ai dit au président – et vous serez d’accord avec moi – que j’étais leur chef de file et moi je suis dehors aujourd’hui. Eux, ils sont en prison. Et j’aimerais que le président fasse tout ce qu’il peut pour les libérer. J’ai insisté sur cela », a de ce fait déclaré l’ancien chef d’Etat face à la presse. Non moins content de la tenue de cette rencontre, son successeur a indiqué qu’il était important de rétablir la confiance dans le pays et de regarder vers l’avenir. « Bien sûr, il y a eu cette crise qui a créé des divergences, mais cela est derrière nous. Ce qui importe, c’est la Côte d’Ivoire, c’est la paix pour notre pays. Et c’est comme dit Laurent, c’est pour nous d’avancer, d’aller de l’avant pour, bien sûr, nous-mêmes et pour les prochaines générations », a indiqué pour sa part Alassane Ouattara.

Mais si cette « réconciliation » entre les deux hommes est à saluer, il n’en demeure pas moins que leur opposition a surtout causé au-delà de tout, les pertes de précieuses vies humaines. On se souvient en effet que leurs antagonismes nourris par la soif avide du pouvoir, ont plongé le pays dans une autre guerre civile qui a duré près de quatre mois avec à la clé plus de 3000 morts selon plusieurs sources. Les forces de l’ordre fidèles à Laurent Gbagbo ont ainsi eu à affronter à l’arme lourde les forces pro-Ouattara soutenus par la communauté internationale à Abidjan et dans le centre du pays.

Il est clair que le calumet de la paix que viennent de fumer les deux ennemis d’hier ne ramènera aucun mort en vie. Cette action ne ramènera pas les nombreuses années perdues en prison pour certains et passées en exil pour d’autres. Cette paix des braves si l’on peut l’appeler ainsi, ne reconstruira aucune maison, aucune route ni aucun pont détruits dans le pays. Par cupidité du pouvoir, les deux hommes ont laissé leur peuple s’entretuer dans une guerre fratricide pour revenir montrer patte blanche dix ans après. Or, ils auraient pu faire cette paix au lendemain de l’élection et éviter de voir leurs noms inscrits dans les pages tragiques de l’histoire de la Côte d’ Ivoire.

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