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On avait pourtant besoin de ces 180 milliards Fcfa

Avec la diffusion depuis quelques jours sur les réseaux sociaux et l’accaparement par la presse locale, du rapport d’étape de la Chambre des comptes, sur la gestion des fonds (180 milliards de Fcfa) destinés à la lutte contre le Covid-19 au Cameroun, on assiste à une sorte de débandade générale au sein de l’appareil étatique. Le risque d’un emprisonnement étant grand pour les éventuels coupables. Le document de 22 pages abondamment commenté dans l’espace public mais également dans les chaumières, met en effet en cause pas moins de 23 départements ministériels. Placé au coeur de la gestion de la pandémie, le ministère de la Santé publique (Minsanté) est particulièrement visé tout comme celui de la Recherche scientifique et de l’innovation (Minresi). Et pour cause, ce sont étonnamment les seuls ministères qui ont communiqué des informations permettant à la juridiction financière de la Cour suprême, de dresser la situation générale de la gestion des fonds Covid-19 dans leurs départements en fin 2020.

Face à la menace, plusieurs ministres ont entrepris dans le désespoir, des actions de communication dans l’optique de se disculper aux yeux du peuple qui demande déjà des comptes, et surtout de la justice, prête à condamner les potentiels prévaricateurs des fonds publics. Surtout que les enquêteurs du Tribunal criminel spécial (TCS) sont désormais à pied d’oeuvre, à la recherche du moindre indice devant conduire à la condamnation. D’autres ont adopté une stratégie différente. En effet, c’est pendant ces moments de forte pression, que certains départements ministériels ont curieusement décidé de se mobiliser, pour enfin soutenir les populations dépendantes de leur ressort d’activités, dans la lutte contre le Covid-19, et ce, quand la pandémie commence à s’estomper. Le cas le plus probant est celui du ministère des Enseignements secondaires (Minesec). Ici, dans une correspondance datée du 24 mai 2021, et relayée sur les réseaux sociaux, le délégué régional du Minesec pour le Centre informait les différents responsables placés sous son commandement, que « la cérémonie solennelle de remise de matériel de lutte contre le Covid-19, mis à notre disposition par la madame la ministre, le Professeur Nalova Lyonga, se tiendra le mercredi 26 mai à partir de 10h, à la Délégation régionale des Enseignements secondaires pour le Centre ». Et de préciser : « vous voudriez bien vous faire accompagner par votre comptable matière ».

D’après les images qu’on a pu voir sur les réseaux sociaux, cette distribution a bel et bien eu lieu. La question que l’on peut se poser ici est celle de savoir pourquoi avoir attendu pratiquement la fin de l’année scolaire et l’éclatement du « Covidgate », pour procéder à cette dotation? Le risque de contamination était pourtant très élevé dans les milieux scolaires. Sauf omission, aucun établissement scolaire tant public que privé, n’a procédé à la distribution des simples caches-chez qui étaient pourtant exigés aux élèves à l’entrée, encore moins des gels hydroalcooliques qui sont plus onéreux. Bien au contraire, on a vu dans un reportage d’une chaine de télévision privée, des élèves qui se sont vu refuser l’accès à un lycée dans la région de l’Ouest, parce qu’ils n’avaient pas de gel hydroalcooliques.

A la réalité, des fonds ont été mis à la disposition des responsables étatiques pour aider la population à lutter contre la pandémie. Mais malheureusement, cette dernière n’en a pas profité. Pourtant, ce ne sont pas les besoins qui manquaient. Pas mal d’individu ont perdu leur emploi, leur activité ou alors n’ont pas reçu de salaire pendant plusieurs mois et rien n’a été fait pour eux. Or dans un pays comme le Gabon voisin, l’Etat a par exemple pris sur lui de payer les factures d’eau et d’électricité des plus pauvres. On a vu ailleurs un soutien financier aux entreprises impactées par la pandémie. Au Cameroun, cela relève de l’utopie. L’intérêt personnel primant sur celui de la communauté.

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