Après avoir fait augmenter le plafond des emprunts non concessionnels de 450 milliards de Fcfa, l’ordonnance du 26 mai du président Paul Biya introduit le recours à des émissions sur le marché international pour un meme montant.
Le président Paul Biya a signé une ordonnance modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n° 2020/018 du 17 décembre 2020, portant loi de finances de la République du Cameroun pour l’exercice 2021. L’ordonnance du 26 mai 2021 a modifié les dispositions de l’article quarante-neuvième de la loi n° 2020/018 du 17 décembre 2020 portant loi de finances de la République du Cameroun pour l’exercice 2021. Et, il a également été inséré après l’article quarante-neuvième, l’article quarante-neuvième bis de la même la loi. En effet, cette l’ordonnance a porté le plafond des emprunts non concessionnels à 750 milliards de Fcfa contre 300 milliards de Fcfa dans la loi initiale de Finances. Dans la deuxième partie de l’article, le chef de l’Etat habilite le gouvernement à « recourir à des émissions sur le marché international pour un montant de 450 milliards de Fcfa dans la limite du plafond des emprunts non concessionnels autorisé à l’article quarante-neuvième ci-dessus, en vue principalement du rachat partiel ou total de l’Eurobond en cours ». Cette nouvelle disposition fait dire à certains experts, que cette ordonnance intervient pour régler le paiement d’une ancienne dette à concurrence du montant augmenté. « C’est une opération à somme nulle. En d’autres termes, ce n’est pas un nouvel endettement. La dette reste de 450 milliards de Fcfa (valeur de l’eurobond en cours, Ndlr) », à explique Cyrille Edou Alo’o, le directeur général du Budget (DGB) au ministère des Finances, interviewé par Investir au Cameroun.
Le rachat de l’euro bond dans le viseur
En effet, le Cameroun a émis son premier eurobond (Repcam 9.500%19Nov2025 Govt) d’une valeur de 750 millions de dollars pour une maturité de 10 ans et un taux d’intérêt de 9,5% En 2015. « Dans l’optique de maitriser le risque de change lié aux opérations de service de cet emprunt », explique la Caisse autonome d’amortissement (CAA), le pays a changé la devise de cette dette du dollar à l’euro, qui a une parité stable avec le Fcfa. À l’issue de cette opération, la valeur faciale de cette obligation internationale est passée de 750 millions de dollars à 686,56 millions d’euros (soit 450 milliards de Fcfa) et le taux d’intérêt a été ramené à 8,8%. Ainsi, depuis 2016, le Cameroun paye plus de 38 milliards de Fcfa chaque année en termes d’intérêt sur cette obligation. Ces conditions d’emprunt avaient été jugées onéreuses. Mais comme on peut le voir sur la bourse de Dublin en Irlande, les titres « Repecam 9.500%19Nov2025 Govt » font courir les investisseurs en fin mai 2021. Au point où ces derniers sont prêts à se contenter des gains de moins de 6%.
En repartant sur le marché international ce mois de juin, le Cameroun espère donc mobiliser 450 milliards de Fcfa à un taux d’intérêt inférieur à 6% afin de rembourser le premier eurobond. Par conséquent, la nouvelle dette du Cameroun sur le marché international des obligations restera de 450 milliards de Fcfa, mais le taux d’intérêt sera de moins de 6% contre les 8,8% d’aujourd’hui. Ce qui va réduire de plus de 10 milliards de Fcfa les intérêts payés chaque année sur cette dette sur les deux prochaines années, et un peu moins sur les trois dernières années de vie de l’eurobond de 2015. Le Cameroun devait commencer à rembourser le principal de l’eurobond de 2015 dès 2023 au rythme de 150 milliards de Fcfa par an. L’autre objectif de cette opération de refinancement est de repousser cette échéance. Si comme en 2015, le pays obtient une maturité de 10 ans, il va désormais commencer le remboursement en 2033. « Cela permettrait d’avoir un allègement sur la trésorerie de l’État qui devait être mobilisé dans les deux prochaines années pour pouvoir rembourser l’eurobond souscrit en 2015 », explique Cyrille Edou Alo’o. Ce qui est d’autant plus nécessaire que « les pics de remboursements de la dette étaient projetés pour la période 2023-2025 », explique la CAA. On en conclut alors que cette décision de refinancement de l’eurobond de 2015 à deux avantages : la baisse des intérêts au titre de cette dette et le recul de leur échéance de paiement.