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Une économie circulaire pour réduire les déchets plastiques

C’est ce que proposent les grandes entreprises comme la Sabc et le gouvernement à travers le ministère de l’Environnement pour barrer la voie à l’expansion des déchets dans la ville de Douala.

Le Cameroun produit en moyenne 600.000 tonnes de déchets plastiques par an. Les entreprises engagées dans la protection de l’environnement collectent à peine 10.000 tonnes chaque année. Un changement de stratégie est donc vital. Face à l’urgence, la Societé anonyme des Brasseries du Cameroun (Sabc) en partenariat avec le Ministère de l’Environnement, de la protection de la nature et du développement durable (Minepded), s’est associé avec des entreprises engagées dans la collecte et le recyclage, pour collecter des déchets plastiques dans l’arrondissement de Douala 3è.

Cette action vise à réunir tous les acteurs importants dans la chaine de production et de transformation des déchets, dans l’optique de répondre à la problématique de transformation des déchets qui se pose au niveau local. « Nous avons une responsabilité sociétale, nous disons ce que nous faisons et nous faisons ce que nous disons mais on n’y arrivera jamais seul. On a besoin à la fois des consommateurs, pour qu’ils mettent dans les réceptacles prévus pour recevoir les emballages plastiques avec Namé, Red-plast… qu’ils aident également avec le tri sélectif le groupe Hysacam en essayant de sélectionner les déchets », indique Emmanuel De Tailly, Directeur général de la Sabc.

A l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement 2021 qui se déroule sur le thème : « La restauration des écosystèmes », l’industriel et les entreprises de collecte et de traitement de déchets ont donné le coup d’envoi sur le drain situé au lieu-dit Carrefour Combi, dans le troisième arrondissement de la ville de Douala. Des centaines de kilogrammes de déchets plastiques ont été amassés la seule journée du vendredi 4 mars 2021. Une opération rendue possible aussi grâce à l’engagement de nombreux jeunes initiés dans la collecte des déchets plastiques. « On a démarré le nettoyage du Drain de Combi, on ne veut plus voir cela. Il faut qu’on travaille en économie circulaire, il faut que la Sabc, qui malheureusement en dépit du fait qu’elle fait des emballages verts consignés, émet dans la nature des emballages plastiques à peu près 9000 tonnes par an », affirme Emmanuel De Tailly. Et de poursuivre : « il faut que nous récupérions ces 9000 tonnes grâce au groupe Hysacam et qu’avec Namé, et Redplast, nous valorisions ces 9000 tonnes de déchets. Qu’à son tour, la Sabc rachète des produits finis issus du recyclage, cela s’appelle de l’économie circulaire ».

Également présent, le maire de la commune d’arrondissement de Douala 3è a encouragé l’initiative : « Le bienfondé de cette coopération, est également qu’on soit arrivé à une situation où il faut collecter les déchets non-biodégradables. Des déchets qui ne se transforment pas deviennent un problème pour l’environnement, et il faut créer tout le long de drain une économie de récupération ». Des propos soutenus par la responsable du Service camerounais d’assainissement (Seca), dont la structure est engagée depuis près de 5 ans dans la collecte des déchets plastiques. « Nous pensons que l’environnement est une affaire de tous. Chacun doit apporter sa contribution. Et pour qu’on ait plus ce genre de désastre, nous devons anticiper, collecter en amont, assurer que toutes les bouteilles plastiques qui sont produites n’arrivent pas dans les drains. Nous allons faire des efforts pour intensifier cette collecte sélective en amont », a déclaré Arlette Tchapoya, Directrice de la societé Seca.

Faire des déchets une ressource. C’est le leitmotiv des défenseurs de la nature. Et le ministère de l’Environnement à son tour, envisage par ailleurs mettre la pression sur les autres producteurs, afin qu’ils s’engagent dans la collecte et le recyclage de ces déchets. « Le groupe Sabc est un exemple que l’on va brandir désormais à tous les autres producteurs d’emballages plastiques. Les entreprises productrices d’emballages plastiques sont à 95% situées dans le département du Wouri. Nous envoyons un message par notre présence ici et ce message est très clair. Nous veillerons désormais à contrôler les quantités d’emballages plastiques qu’elles récupèrent, cela conditionnera leur permis environnemental », déclare le délégué départemental du Minepded.

REACTIONS

Rodrigue Ngonde, directeur général de Redplast
« Un seul acteur ne peut pas tout gérer »

Je pense que c’est un chemin long vers l’économie circulaire. Mais avec les autres, nous avons la volonté de nous débarrasser des déchets plastiques. On va juste continuer dans cette même action. A Red-Plast, nous voulons préciser que l’action ne s’arrête pas ici. D’ici un mois, nous allons lancer une opération de vacances avec 2000 jeunes recrutés dans 5 villes du Cameroun à Douala, Yaoundé, Bafoussam, Garoua et Nkongsamba. Ils vont travailler de juillet à août pour débarrasser les déchets. Une opération qui va permettre de ramasser environ 1000 tonnes. Nous avons lancé une application qui est disponible dès maintenant sur la plateforme Playstore, « Eco-collect » qui permet de récolter les déchets partout où l’on se trouve. Il suffit de prendre une photo, vous êtes géolocalisé et un collecteur intervient automatiquement. Red-plast collecte chaque année, environ 1000 tonnes et nous sommes là depuis 9 ans. Donc si on fait un cumul, on est à peu près à 5000 tonnes puisque les premières années, on n’a pas atteint cet objectif-là. Donc, nous comptons faire 10000 tonnes par an d’ici 2025. Parce que ce que nous voulons aller crescendo. Et notre capacité de recyclage actuel est de 2000 tonnes à Bonaberi. Nous fabriquons des pavés en plastique, 1000 tonnes par an, nous fabriquons également des granulés 1000 tonnes par an. Nous avons aujourd’hui des projets de route avec l’Etat du Cameroun. À notre niveau, nous faisons de notre mieux, mais c’est une action complémentaire, il y a des acteurs comme Namé et les autres qui complètent la chaine… un seul acteur ne peut pas tout gérer ».

Roblain Namegni, directeur général de Namé Recycling
« On a besoin de capacité de recyclage de plus de 10000 tonnes »

Nous étions responsables déjà l’année passée de près de 4000 tonnes de déchets recyclés. Nous sommes contents et nous aimerions que les partenariats comme ceux-ci et certainement les actions comme celles-ci continuent. Je salue la présence de River CleanUp, partenaire international qui est ici pour donner un coup d’accélération à la récolte et au recyclage des déchets plastiques dans la Nature. Pour les semaines ou les mois à venir, nous envisageons doubler nos capacités. Nous allons faire à peu près 4000 tonnes. Le DG de la Sabc a dit qu’ils produisent à eux seul 9000 tonnes de déchets plastiques. Donc, on se retrouve dans un cycle où on a besoin de capacité de recyclage de plus de 10000 tonnes. Nous pouvons dire et annoncer que nous avons construit la toute première usine de recyclage qui sera inaugurée dans quelques semaines. Elle est située à Bekoko, derrière Soticam, avec des capacités qui vont de 3 à 4 tonnes l’heure. »

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