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Des mécanismes à mettre en place pour les EMF

La rencontre a permis d’apporter quelques détails sur le fonds de refinancement direct.

Au 31 décembre 2019, les responsables d’Itimac (initiative pour la transparence dans l’industrie de la microfinance) ont constaté que les dépôts à long terme, représentent 6,8% contre 8,8% pour les moyens termes et 84,5% pour les dépôts à court terme. Et les crédits à long terme représentent 32% contre 12,6% pour les crédits à moyen terme et 55,4% pour les crédits à court terme. Ce qui est très problématique pour les Etablissements de microfinance (EMF). Le fonds de refinancement semble donc être considéré comme la roue de secours de ces institutions pour rendre encore plus dynamique leur trésorerie.

Toutefois, la mise en place d’un fonds de refinancement direct impose quelques modalités, d’après le promoteur d’Itimac, par ailleurs directeur de Microfinance Academy. « Les fonds seront déposés auprès de deux banques commerciales classiques sélectionnées selon les critères, en accord avec les principales parties prenantes à savoir l’Etat, les banques commerciales locales et les établissements de microfinance qui souhaitent y participer », indique David Kengne.

D’après le rapport sur le refinancement des EMF qu’il a présenté mardi dernier, il est indiqué que les critères d’octroie des fonds seront définis en accord avec les parties prenantes dans le strict respect des normes de pérennité et des lignes de refinancement. En outre, les fonds doivent servir à accorder des crédits adaptés aux entrepreneurs dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage, de l’agroalimentaire sur toute la chaine de valeur notamment les crédits à long terme, moyen terme et court terme. A la question de savoir si le problème de refinancement revient à l’Etat ou à l’Association des microfinances du Cameroun, Itimac répond dans son rapport qu’un comité de pilotage devra être mis en place comprenant les principaux intervenants à savoir : l’Etat, les banques commerciales, les EMF, les organisations des producteurs, les assistants techniques, etc. et surtout les fonds proviendront à 100% des ressources de l’Etat.

Pour la mise en place d’un Fonds de refinancement des Etablissements de microfinance, les professionnels du secteur pensent qu’il faut promouvoir et encourager l’épargne volontaire ; réaliser une étude auprès des EMF et des banques commerciales classiques locales. Et pour les EMF en réseaux et EMF indépendants, la tâche va consister à évaluer leur niveau de respect des principes fondamentaux de bonne gouvernance.

Parlant d’études, les patrons de microfinance sont convaincus que ressortir les statistiques réelles sur l’ensemble de l’activité du secteur de la microfinance au Cameroun, peut également inciter les bailleurs de fonds à investir dans les EMF. « Nous avons des problèmes de statistiques. En plus de cela, certains investisseurs ne veulent pas venir en Afrique centrale investir parce que la problématique du portefeuille à risque est quelque chose qu’ils n’arrivent pas à maitriser parce qu’ils n’ont pas d’outils de mesure », fait savoir Aubert André Tchikantio, Directeur général de la Financière générale d’Epargne et de Crédit (Figec) S.A

REACTIONS

Stéphan Kamwa Djouguela, directeur général de la Migec
« Garantir le professionnalisme des EMF »

Le fond de refinancement c’est une bonne chose. Mais encore faudrait-il que les personnes à qui ce fond est adressé, aient suffisamment de la maturité et de la capacité pour pouvoir mieux bénéficier en bénéficier. D’autant plus que c’est un fonds qui n’est pas intarissable. Et il faudrait qu’après avoir donné, que le fonds revienne. Il est question de garantir effectivement le professionnalisme des EMF. Et le professionnalisme des EMF peut être consacré autour de l’Association professionnelle des microfinances…

Bernadette Nadege Simbafo Noubi, DG Sofina
« Nos ressources ne sont pas adaptées à tous les projets »

La première question qui nous est posée est celle de savoir s’il y a un réel besoin de financement. Certes en Microfinance, nous travaillons sur la collecte des ressources, mais pour la plupart ce sont des ressources volatiles, des ressources à très court termes. S’il faut regarder nos normes de financement, s’il faut regarder la documentation et respecter les ratios prudentiels, assurer une solvabilité de nos structures, nous ne pouvons pas utiliser efficacement ces ressources pour refinancer notre économie de façon efficace. En ce qui concerne le secteur agricole, certes nous pouvons financer des intrants pour des activités de 6 mois, mais lorsqu’on passe à l’agriculture de 2è génération, qui pour nous est essentiel dans l’évolution de notre pays, parce que lorsqu’on parle d’émergence en 2030, nos ressources ne sont pas adaptées.

Théophile Nana Kouakam, directeur général Nofia
« Les dépôts que nous avons sont des dépôts à court terme »

Le refinancement des EMF est un problème que nous avons posé il y a très longtemps. Les coûts de ressources en termes de collecte et d’épargne sont très chers. Et qui dit cherté en termes de collecte et d’épargne, implique automatiquement les intérêts en ce qui concerne les crédits que nous accordons à nos clients. Non seulement les coûts sont élevés, mais les dépôts que nous avons sont généralement des dépôts à court terme. Donc c’est l’une des difficultés que nous avons, celle de pouvoir se faire refinancer comme les banques. C’est-à-dire que chaque fois que nous octroyons des crédits jusqu’à un certain niveau, qu’on puisse se donner la possibilité de nous faire refinancer pour avoir en permanence des ressources pour satisfaire notre clientèle. Donc pour nous, c’est un atelier très important, nous attendons cela depuis… si cette fois-ci l’Etat à travers le ministère des Finances a décidé de nous accompagner, c’est vraiment une très bonne chose.

Hayatou Sanda, Chef de la division de la microfinance au Ministère des Finances
« Le Cameroun veut passer de 415 EMF en 2021 à 750 EMF à l’horizon 2030 »

Cette initiative s’inscrit dans le droit fil des actions prescrites par le ministère des Finances pour le renforcement des interventions des EMF dans le secteur d’activités. Je voudrais à juste titre rappeler si besoin était encore, la place qu’occupe le secteur de la microfinance dans la stratégie nationale de développement 2020-2030, notamment en son pilier transformation structurelle de l’économie qui trouve toute son expression et son versant dans les sillages de la Microfinance. En effet le Cameroun ambitionne de passer 415 EMF en 2021 à 750 EMF à l’horizon 2030 avec comme leitmotiv, le renforcement de l’inclusion financière, l’amélioration du crédit à l’économie, le relèvement du taux de bancarisation et le renforcement de la viabilité financière. Il faut compter avec les EMF pour donner une résonnance opérationnelle à cette stratégie, d’où l’intérêt des présentes assises consacrées à une recension des difficultés de refinancement rencontrées par les EMF…

Jonas Tientcheu, directeur général Camccul
« Nos pertes s’élèvent à plus de 17 milliards de Fcfa »

La crise qui sévit dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest et la Covid-19, ont sérieusement impacté négativement l’évolution du secteur de la Microfinance au Cameroun et surtout de Camccul, qui est le plus grand réseau des EMF en Afrique centrale. Sachant que nous sommes basés à 90% dans les zones anglophones, nous sommes affectés par la crise du Noso depuis plus de 4 ans. Nous avons besoin pour l’équilibre du réseau et même des caisses, de bénéficier de ce concours de l’Etat et même de refinancement. A l’entame, le directeur des microfinances à poser certaines conditions, par exemple augmenter le nombre de microfinance et cela demande que l’on puisse soutenir les existences des microfinances tout en augmentant le nombre de microfinances dans les zones qui n’existent. Camccul est un réseau de 229 établissements de Microfinance dissimilés dans tout le territoire. Il a déjà un total de bilan de près de 175 milliards donc, les besoins ne peuvent être exprimés en milliards. Car, juste les pertes que nous avons inventoriées pendant cette période de crise s’élèvent à plus de 17 milliards de Fcfa et pour un besoin de financement, il faut les multiplier par deux.

Aubert André Tchikantio, directeur général Figec
« Il faut qu’on réfléchisse d’abord aux mécanismes de protection du client »

La nature des impayés que nous avons dans les EMF aujourd’hui est suicidaire. Le portefeuille à risque est explosif. Quand vous allez vous rendre sur le benchmark, vous vous rendez compte que notre pays est un pays à risque. Il est également question que lorsqu’on parle de fonds de refinancement, qu’on adresse d’abord la problématique liée à la structuration des garanties liées au secteur de la microfinance. Il faut qu’on réfléchisse d’abord aux mécanismes de protection du client que nous transformons en microcrédit. Lorsqu’on aura assis sur le plan juridico-judiciaire les instruments qui permettront de recouvrer à très forte vitesse les épargnes que nous aurons placé à la clientèle, je crois que les efforts de l’Etat en termes de refinancement ne viendront qu’appuyer et faire solidifier davantage les structures de microfinance.

Rabe Gaston, DG Fofides
« Si on veut mettre sur pied ce fond, il faut penser aux fonds de garanti »

Si on doit parler de refinancement, c’est le fonds que les EMF emprunterons pour attribuer à leur clientèle. Sur la chaine, il faudra à chaque fois que chacun dégage une marge. Le taux parfois pose problème. Lorsqu’on va emprunter auprès du fonds de refinancement, ce sera contre un coût et pour mettre cet argent à la disposition du bénéficiaire, il faudrait que ce soit majoré. Si on ne fait pas attention, il y a un problème qui se pose sur la chaine. Le taux d’intérêt déjà que va appliquer le fonds de refinancement est une chose importante qu’il faille voir. Moi je pense également que si on veut mettre sur pied ce fond, il faut penser aux fonds de garanti. Un autre problème c’est celui du plafonnement du crédit par la commission bancaire. Les EMF ont besoin de financer toutes les activités que ce soit sociale, agriculture ou commerciale, dire que l’on essaye de cibler les activités à financer pour moi ce n’est pas important …

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