600 millions de personnes vivent sans l’électricité en Afrique et dans le même temps, 900 millions d’individus n’ont pas accès à un combustible de cuisson propre. En outre, les taux d’accès à l’électricité dans 24 pays du continent sont inférieurs à 50%, le Nigéria, la RDC et l’Éthiopie enregistrant de ce fait les plus gros déficits d’accès à l’électricité. Ce sont là quelques informations fortes contenues dans une étude menée par Commission économique pour l’Afrique (CEA), et dont les résultats ont été dévoilés le 22 juin dernier au cours d’une rencontre virtuelle. Intitulée « Prix de l’énergie en Afrique : Transition vers une énergie propre pour l’industrialisation de l’Afrique », le rapport déplore le fait que la production énergétique de l’Afrique repose principalement sur les combustibles fossiles à l’instar du pétrole, du gaz naturel et du charbon ainsi que les biomes. « Les ménages utilisent 86 % des biocarburants et des déchets d’énergie pour cuisiner, tandis que le secteur des transports consomme 78 % du pétrole. Le gaz naturel est principalement utilisé dans le secteur industriel », peut-on lire dans le rapport.
En plus du déficit de production énergétique, les coûts pour avoir accès à l’électricité paraissent onéreux pour une grande frange de la population africaine. Et d’après les prévisions de la Banque mondiale, la situation pourrait s’empirer si rien n’est fait. On se retrouverait alors avec plus d’Africains privés d’électricité en 2030. Pourtant, le continent a des possibilités de diversifier son approvisionnement en énergie primaire, compte tenu de sa pléthore de ressources (solaire, éolienne…), et augmenter ainsi sa production. Ce qui serait une bonne base pour son développement. Car comme l’a indiqué Oliver Chinganya, directeur du Centre africain pour la statistique (ACS), « l’accès à une énergie bon marché et propre est une composante essentielle de la transformation et de l’industrialisation de l’Afrique ».
C’est donc le moment de tirer la sonnette d’alarme, en invitant les dirigeants du continent à mettre un point d’orgue sur le développement des projets énergétiques. Certes, les ressources financières à mobiliser à cet effet sont énormes. La CEA parle d’une nécessité d’environ 40 milliards dollars d’investissements pour répondre aux besoins énergétiques du continent. D’ailleurs, le rapport dans l’une de ses recommandations invite les pays africains à « fournir un environnement favorable pour attirer les investissements du secteur privé dans le secteur de l’électricité ». C’est certainement cette voie que le Togo par exemple a suivi pour accroitre son offre énergétique. En effet, le président Faure Essozimna Gnassingbé a procédé le 22 juin dernier, à l’inauguration d’une centrale solaire dans la ville de Blitta, à 270 km de la capitale Lomé. Etalée sur une superficie égale à celle de 143 terrains de football, la nouvelle infrastructure a une puissance de 50 mégawatts. Elle a été financée à plus de 35 milliards de francs Cfa par des prêts concessionnels de la Banque ouest africaine de Développement (Boad) et les Emirats arabes unis à travers son fonds Abu Dhabi Fund pour le Développement (ADFD). Une fois surmontée l’obstacle du financement, la CEA recommande également aux Etats d’appliquer des tarifs reflétant les coûts tout en faisant attention à une production efficace d’électricité pour réduire les coûts, et de fournir des incitations et des mécanismes pour augmenter la part des énergies renouvelables dans les systèmes électriques.