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Les pistes du redécollage de la Cicam

L’entreprise publique spécialisée dans la production des tissus imprimés et des serviettes a besoin d’un véritable appui de l’Etat, mais également d’une politique managériale et commerciale efficiente.

Les deux usines de la Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam) de Douala, capitale économique du pays, sont en arrêt depuis le 21 juillet 2021, selon le site d’information « Investir au Cameroun » citant une source interne à l’entreprise. Après recoupement, il se trouve que l’entreprise de droit public camerounais spécialisée dans la production des tissus imprimés communément appelés pagnes ainsi que des serviettes, serait privée d’énergie depuis quelque temps. Gaz du Cameroun, filiale du groupe britannique Victoria Oil and gas (VOG) en activité sur le site gazier de Logbaba, réclame des arriérés de 630 millions de Fcfa. Dans la même veine, l’entreprise accumule également des impayés auprès de la Société de développement du coton (Sodecoton), son fournisseur en coton, sa principale matière première. Ceux-ci vont au-delà de 1,3 milliard de Fcfa selon des sources proches du dossier. Cette dernière se voit régulièrement suspendue par sa créancière. Une situation qui impacte négativement sur le fonctionnement de ses usines condamnées à ne tourner qu’à 50%, voire même moins. La maintenance approximative des équipements et quelque fois la rareté des pièces de rechange desdits équipement, en sont des faits aggravants de la situation de la Cicam. Pour assurer sa survie, elle a véritablement besoin des subventions de l’Etat.

Une politique commerciale agressive

Comme si cela ne suffisait pas, l’entreprise fait face à une concurrence parfois déloyale des produits venus de l’étranger notamment du Nigéria voisin, des pays de l’Afrique de l’ouest et même de la Chine. Ces tissus entrés sur le territoire camerounais parfois via la contrebande, mettent à mal le chiffre d’affaires de cette entité publique. Celle-ci a perdu 13,4 milliards de Fcfa sur la période 2018-2020 avec un pic de 5,3 milliards de Fcfa en 2018 selon ses états financiers officiels. De 13,2 milliards de Fcfa en 2018, son chiffre d’affaires s’est situé à 7,3 milliards de Fcfa en 2020, en baisse par rapport aux 9,9 milliards de Fcfa de 2019. Pour renverser la situation, les experts lui recommandent de produire en quantité et en qualité à moindre coût afin d’éliminer la concurrence. A cela s’ajoute un plan marketing et commercial agressif. Cela ne devrait pas s’arrêter qu’au simple pagne de la Journée internationale de la femme (JIF), marché sur lequel, elle semble en situation de monopole. Il faudrait aller au-delà selon les analystes.

Une politique managériale efficace

Lors de leur dernière rencontre, les administrateurs de la Cicam avaient pris une résolution interdisant à la direction générale, l’importation d’écrus qui coûtent environ 1,1 milliard de Fcfa par an à l’entreprise. Pour réaliser des économies substantielles, l’usine de Garoua dans la région du Nord-Cameroun avait pour objectif, la production de 650.000 mètres d’écrus à partir de 200 tonnes de coton qui coûtent environ 200 millions de Fcfa, selon une source interne à l’entreprise citée par l’agence « Ecofin ». Si cela venait à être fait, cette usine à elle toute seule, serait capable de produire les 1,9 million de mètres d’écrus importés. Selon la source interne susmentionnée, « si on avait produit ces écrus à Garoua, l’entreprise aurait dépensé seulement 600 millions de Fcfa pour la matière première, et les autres 500 millions restants auraient pu permettre d’assurer les charges de production et d’acheter des pièces de rechange dont a grand besoin l’usine de Garoua », analyse-t-elle. Vu la gravité de la situation, on s’achemine vers une crise sociale dans cette entreprise. Beaucoup de ses employés craignent une banqueroute de l’entreprise qui débouchera sur leur mise à la porte, ou le cas échéant, des arriérés de salaire surtout en cette veille de rentrée scolaire. Cette entreprise a pourtant signé un contrat-plan de 13,2 milliards de Fcfa en 2015 avec l’Etat, son unique actionnaire.

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