Le nouveau président Zambien Hakainde Hichilema (HH), est un véritable exemple de courage, de persévérance et de témérité. A 59 ans, ce fils de berger vient d’accéder à la magistrature suprême de son pays. Malgré cinq premières tentatives infructueuses (2006, 2008, 2011, 2014, 2015, 2016) lors des élections régulières ou anticipées à la suite des décès de plusieurs chefs d’Etat zambien, le natif du village de Monze, situé à 180 km de Lusaka, la capitale du pays, ne s’est pas découragé. Lors de la dernière présidentielle zambienne, l’opposant a largement battu le président sortant et éternel rival Edgar Lungu, qu’il affrontait ainsi pour la troisième fois, avec plus de 2,8 millions de voix en sa faveur, selon les résultats annoncés par la Commission électorale dans la nuit de dimanche 15 à lundi 16 août 2021. Soit pratiquement un million de voix d’écart entre les deux hommes.
Même la prison n’aura pas été un obstacle pour Hakainde Hichilema. Le leader de l’Upnd (United Party for National Development) s’est en effet retrouvé derrière les barreaux en 2017, alors qu’il contestait farouchement l’élection présidentielle qu’il avait perdu avec seulement moins de 100.000 voix, donnant ainsi vainqueur son prédécesseur. Accusé de suspicion de trahison et tentative de renversement du gouvernement après avoir refusé le passage à un convoi présidentiel, il sera finalement arrêté et emprisonné pendant quatre mois par le régime du président Lungu, avant d’être libéré. Auparavant, ce chrétien de l’ethnie Tonga avait déjà été arrêté une quinzaine de fois.
L’histoire de HH suscite davantage de curiosité dans la mesure où ce fils de famille pauvre, qui a passé une partie de sa jeunesse entre les études et à garder le bétail familial, est aujourd’hui une des plus grosses fortunes du pays. La richesse de celui qui n’hésite pas à se présenter comme un citoyen ordinaire est estimée à 389 millions de dollars (218 milliards de Fcfa) par le magazine Forbes. Il possède en effet plus d’un million de bovins, plusieurs ranchs et de nombreuses compagnies. Car outre l’élevage, le 7ème président de la Zambie a également investi dans les domaines de la finance, la santé, l’immobilier et le tourisme entre autres.
Son arrivée à la tête de ce pays d’Afrique Australe suscite désormais de l’espoir pour de nombreux Zambiens qui connaissent une véritable crise de l’emploi. Il faut reconnaitre que l’économie du pays basée en grande partie sur les richesses de son sous-sol (cuivre, zinc), a pris un coup depuis que les investisseurs du secteur minier ont pris la fuite, craignant les conséquences de la mise à exécution des menaces d’expropriation du gouvernement. Par ailleurs, la dette publique du pays est passée de 36% du PIB, en 2015, à presque 90% en 2019. « Avec le nouveau gouvernement qui se met en place, nous espérons qu’ils vont nous trouver des emplois. Avec l’ancien régime, tout était basé sur l’élite, c’était toujours les cadres qui avaient du travail et des opportunités. C’est le changement dont nous avions besoin, c’est pourquoi les gens sont heureux. Les jeunes mécontents, c’est comme ça qu’ils nous appelaient et maintenant nous leur avons montré que nous ne sommes pas mécontents, nous sommes en fait les jeunes qui font le changement. Nous contrôlons notre démocratie, nous le leur avons montré », a lancé un jeune Zambien.
Titulaire d’une licence en économie et administration des affaires obtenue en 1986 à l’université de Zambie et d’un MBA en finance et stratégie d’entreprise à l’Université de Birmingham, HH a les armes pour redonner le sourire au peuple zambien.
