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Miser sur le développement de l’industrie et du commerce intra-africain

Les acteurs du secteur privé et public ont mené la réflexion lors de la deuxième édition du Pro Meet Up and Lean, organisée du 15 au 16 septembre 2021 à Douala.

Entrée en vigueur le 1er janvier 2021, la Zone de libre échange continentale africaine (Zlecaf) s’ouvre sur un marché d’1,2 milliard d’habitants. Ce qui représente un PIB cumulé de 2500 milliards de dollars. Pour les acteurs du développement économique, ce marché constitue une niche importante pour le développement du commerce intra-africain (16% environ) et de l’industrie. Seulement, l’épanouissement de ces différents secteurs implique le développement du secteur énergétique, des infrastructures (logistique, etc.) et la ressource humaine.

« En 30 ans, le Cameroun a fourni énormément d’efforts mais beaucoup reste encore à faire. Car, on ne peut pas parler d’industrie sans énergie. On ne demande pas aux pays africains de faire comme la Chine ou autres, mais de faire plus. Il faut accélérer l’industrialisation pour avoir une industrie compétitive qui va produire pour le marché local et régional et pour y arriver, je suis en faveur d’une zone économique spéciale », a déclaré Gregor Binkert, directeur général à BD consulting & investment. Il s’exprimait ainsi lors de la deuxième édition du Pro Meet up and Learn (PML) organisée la semaine dernière à Douala sur le thème : « Zlecaf : comment le financement et le développement de l’industrie peuvent être un support à la dynamique de croissance des pays membres ».

Au cours de son intervention, celui aura été l’ancien directeur pays de la Banque mondiale, a mis l’accent sur la cohérence africaine pour développer le continent. Une position partagée par les acteurs présents à cette rencontre qui pensent également dans l’ensemble, que le Cameroun en particulier et les autres pays d’Afrique en générale, doivent développer des stratégies propres à eux pour émerger. Mais, cette émergence d’après Engelbert Olomo Ateke, chef de la cellule de la politique économique au ministère de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat), repose aussi sur l’ambition des Africains à faire valoir leur potentiel.

Une vision régionale

Dans le contexte où la Zlecaf s’ouvre sur un marché beaucoup plus important, Engelbert Olomo Ateke propose aux créateurs de richesses, d’augmenter leur production en présentant des projets qui ne se limitent pas uniquement au niveau national, mais qui épouse une vision plus régionale. « Lorsque vous présentez un projet qui épouse toute l’Afrique, des possibilités de financement s’ouvrent, en ce moment, les banques camerounaises ne sont pas les seules qui comptent, il y a aussi les banques de toute l’Afrique », mentionne-t-il.

La question de l’accès au crédit qui demeure encore très importante dans la sphère de financement, vient ainsi permettre aux entrepreneurs de s’appuyer sur plusieurs établissements financiers. En effet, l’accès du secteur privé au crédit, le climat des affaires et le capital humain contribuent aussi de manière importante à soutenir le commerce intra-régional et l’industrie. D’après les économistes, parvenir à un niveau d’approfondissement des circuits financiers comparable au niveau mondial, favoriserait considérablement le développement des échanges. Pour soutenir le commerce, l’intégration financière devrait viser en priorité à étoffer l’infrastructure financière régionale, ce qui signifie notamment : développer et harmoniser les systèmes de paiement régionaux pour faciliter encore plus les paiements transfrontaliers ; créer des accords de crédits croisés entre banques centrales et un centre de compensation multidevises dans la région pour réduire les risques, qu’induisent les transactions commerciales dans plusieurs monnaies différentes ; enfin, continuer de coordonner le contrôle des banques panafricaines susceptibles de faciliter le commerce intra-régional.

Favoriser l’accès à l’information

Bien que le débat concernant la Zlecaf se soit principalement focalisé sur le commerce des biens, la libéralisation du commerce des services, le financement, le partenariat public/privé (PPP), il est important pour le bien-être des pays, de mettre également l’accent sur l’accès à l’information. « Les Africains n’échangent pas parce qu’il y a des barrières tarifaires ou non tarifaires, mais à cause de l’accès à l’information… le producteur n’est pas informé de la disponibilité des matières premières utiles à sa production dans le pays voisin et préfère acheter sur un autre continent », regrette M. Eppoh tout en rappelant les piliers qui fondent la Zlecaf. Ces piliers sont : la règle d’origine, le mécanisme de suivi et d’élimination des barrières non tarifaires, le portail de négociation en ligne, le mécanisme de paiement en ligne mis en oeuvre par Afremximbank et l’observatoire du commerce Africain. Et Engelbert Olomo Ateke, de rappeler que « lorsqu’on parle d’industrie, on doit intégrer le fait que la matière première soit disponible et avec la Zlecaf, nous avons la chance d’avoir des données sur cela. Il faut quand même noter que cette pandémie nous a fait découvrir une réalité avec la fermeture des frontières, et très vite on a compris que nos importations ont baissé… conséquence il s’est créé l’import substitution… Certaines entreprises locales ont joué le rôle de substitut ».

Placer les femmes au coeur de l’action économique

Dans le même sillage, le Directeur général de Emerging Africa Capital group, Toyin F. Sanni, invite donc les différents pays à mieux s’ouvrir afin de développer leur économie. « Le Nigéria offre de nombreuses opportunités et je pense que les acteurs des différents pays peuvent s’entendre pour faciliter le commerce et un partage d’expérience également nécessaire pour développer l’industrie », évoque-t-elle à la question du développement de l’industrie et du commerce intrarégional. Dans son intervention, cette professionnelle de la Finance bancaire indexe également le rôle des femmes dans l’intégration. Car, « les femmes africaines » représentent une « part importante dans les économies de nombreux pays africains ».

Directrice de la division du genre, de la pauvreté et des politiques sociales, à la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), Thokozile Ruzvidzo au cours de la série de dialogues sur l’Afrique 2021, a déclaré lors d’une table ronde sur le thème : « capital humain : Culture et patrimoine », que les femmes ne constituent pas un groupe homogène. Par conséquent, la Zlecaf les affectera différemment en fonction de leur éducation, de leur statut économique et de leur situation géographique. « Comprendre les effets des activités commerciales sur la problématique genre dans le cadre de la Zlecaf est essentiel pour garantir l’égalité des chances entre les femmes et les hommes. Nous savons que le commerce peut être un puissant moteur de l’égalité des sexes, mais cela ne peut se produire que si nous mettons en oeuvre des mesures qui éliminent les inégalités dans l’ensemble du système », a-t-elle indiqué. Le principe fondamental des recommandations de Thokozile Ruzvidzo est donc de veiller à ce que les intérêts et les préoccupations des femmes éclairent les cadres politiques, législatifs et procéduraux qui faciliteront le commerce dans le cadre de la Zlecaf.

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