Elles sont axées sur les subventions, la fiscalité et l’accompagnement des entreprises locales.
La hausse des coûts de production dans les entreprises, d’après le patronat camerounais à l’heure actuelle, oscille entre 15 et 50% suivant les secteurs. La compétitivité et la survie des entreprises étant en jeu tout comme les risques sur les emplois sont réels, les entreprises ont formulé à l’endroit du ministère du Commerce (Mincommerce) des propositions de mesures envisageables.
Parlant de ces propositions, il s’agit entre autres de : l’ajustement limitée des prix de vente ; les subventions ponctuelles, les allègements fiscaux (taux de TVA réduit ou nul, allègement/ suspension de l’acompte sur certains secteurs, suspensions de contrôles, …) ; la suspension des taxes parafiscales ; la suspension de certaines taxes portuaires ; la réallocation des appuis Covid aux secteurs stratégiques ; la réactivation et/ou maintien en 2022 de mesures exceptionnelles instaurées en 2021.
De façon structurelle, il est question de promouvoir la production locale ainsi que l’économie circulaire à travers notamment les transactions interentreprises, afin de réduire la dépendance aux importations, principalement dans les secteurs pour lesquelles une production locale est envisageable.
Conscient de la situation post-Covid à laquelle doivent faire face les entreprises, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, a affirmé que « le gouvernement est là pour accompagner les entreprises. S’il y a pas d’entreprises, il y a pas de développement dans un pays, il y a pas de ressources. Le gouvernement est là pour écouter, pour apporter des solutions qui soient réalistes… ». Dans son intervention, il a également reconnu le caractère résilient et citoyen des entreprises qui ont clairement marqué leur réticence à répercuter mécaniquement l’augmentation des coûts de production sur le consommateur final.
S’agissant des mesures à envisager, Luc Magloire Mbarga Atangana précise qu’elles doivent se situer aussi bien à moyen et long terme, qu’à court terme. Dans le moyen/long terme, le ministre insiste sur la nécessité de dénoncer et adresser les pratiques anticoncurrentielles tant nationales qu’internationales. À ce sujet, il invite vivement les entreprises et la société civile dans son ensemble à faire entendre sa voix auprès des Instances internationales dans la suite de la démarche des pouvoirs public auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). À échéance plus courte, notamment à l’horizon du premier trimestre 2022, le Luc Magloire Mbarga Atangana mise sur une approche sectorielle des solutions à envisager. Il invite par ailleurs les entreprises des différents secteurs, à adresser dans les délais les plus brefs, leurs propositions via le Gicam, qui seront examinées et soumises à l’appréciation du Chef de l’Etat.
INTERVIEW
Luc Magloire Mbarga Atangana, ministre du Commerce
Dans un bref échange avec la presse, il énumère les pistes de solutions pour juguler le problème.
« Je souhaite que la société civile intervienne au niveau international »
Comment sortir de la dépendance des importations qui contribue à augmenter les prix des produits dans le pays ?
Nous entrons dans un nouveau cycle… Les causes de la crise internationale sont liées au renchérissement des matières premières. La tendance de certains pays à se constituer des stocks qui vont au-delà des besoins de leur population est flagrante. Ils le font peut-être pour sécuriser l’approvisionnement de leur marché. Mais quand c’est assez important, on en vient à s’interroger. Les victimes se sont des pays comme les nôtres, qui importent, même ce qu’on aurait pu produire. Le problème c’est aussi notre dépendance vis-à-vis des importations. Mais il faut s’attaquer au problème ponctuel qui est entrain d’étrangler les entreprises et qui risque d’assommer les consommateurs, comment faire face ? La paix sociale n’a pas de prix. Face à cette augmentation exponentielle des prix au niveau international, la première variable c’est la répercussion, mais on se rend bien compte que si on le fait les conséquences peuvent être pires que le mal, et vous (entreprises) avez raison. La situation est grave, les prix augmentent de manière excessive, parfois sans but et de façon pas justifiée. Mais l’entreprise camerounaise est une entreprise responsable. Elle est sociale, citoyenne en phase avec le gouvernement, c’est cela l’union sacrée.
Et que faut-il faire pour que cette situation ne s’éternise pas ?
Pour que cette situation ne s’éternise pas, il faut que nous traitions le mal à la racine. Nous nous sommes actuellement limités aux mesures d’accompagnement, mais je crois qu’il faut aborder le problème de manière courageuse pour que la situation ne se prolonge pas indéfiniment. Ce qui se passe avec les compagnies maritimes ce n’est pas normal. Ce qui se passe avec certaines pratiques commerciales, cela peut également conduire à une crise alimentaire auprès des pays importateurs tout cela est contraire. C’est ce qui a emmené le gouvernement à saisir l’Organisation mondiale du Commerce. En tant que société civile, vous (patronat) êtes écoutés au niveau international. Moi j’aurais souhaité que dans ce débat là de manière forte, que vous intervenez auprès de toutes les instances. Vous serez entendus. A la suite des premières initiatives du gouvernement, je souhaite que la société civile intervienne au niveau international. Nous sommes prêts à participer avec vous dans cette campagne. Les gens ont enfreint les règles du multilatéralisme, il faut qu’ils reviennent à la raison et la solution sera trouvée.
REACTION
Célestin Tawamba, président du Gicam
« Nous avons besoin de l’accompagnement des pouvoirs publics »
Il ne s’agit pas d’une situation ponctuelle. Elle va certainement durer, c’est la raison pour laquelle il est urgent que l’on puisse ne pas trop donner du temps aux réponses à cette situation, sinon l’entreprise demain ne vas pas poursuivre son métier d’offrir sur le marché des produits. Cette situation intervient à la veille de la loi de finances. Nous voulons par votre voie interpeller les pouvoirs publics que cette Loi de finances 2022 ne devrait pas être élaborée comme s’il y a pas de crise. Nous avons réclamé pendant le Covid l’année dernière un plan de relance économique qui n’a pas tenu compte de certaines mesures. Maintenant qu’elle est là, nous souhaitons apportés notre concours auprès des pouvoirs publics pour que cette loi de finances tienne compte de la situation, de la gravité qu’il y a aujourd’hui au niveau des entreprises. Il n’est pas question ici de dire qu’on ne paye plus les impôts. On demande ensemble avec les pouvoirs publics de voir ce qui peut être emménagé pour que l’on puisse traverser cette situation. Et surtout il faut le dire, si on parle à chaque fois de cette fiscalité, là il est temps de changer de paradigme. Parce qu’on ne peut pas comprendre que pendant que les prix augmentent, il y a un impôt qui est basé sur un chiffre d’affaires qui augmente. Alors on va dire qu’on a collecté plus alors que les entreprises sont entrain de s’appauvrir et détruire l’emploi. Une contradiction à laquelle aujourd’hui on doit pouvoir ensemble répondre. Nous sommes disposées (entreprises) à faire encore plus preuve de résilience et de responsabilité, mais pour cela nous avons besoin de l’accompagnement des pouvoirs publics, de la compréhension des consommateurs et de la responsabilité des chefs d’entreprises. C’est tout cela qui va former cette union sacrée qui permettra en sorte que la paix sociale puisse être maintenue dans notre pays.