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Espoirs et doutes autour du vaccin contre le paludisme

La communauté internationale s’extasie depuis quelques jours, devant l’annonce de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), faisant état de la validation du tout premier vaccin contre le paludisme. Baptisée « Mosquirix », la nouvelle trouvaille sera déployée en masse, notamment en faveur des enfants vivant en Afrique subsaharienne et dans les zones à risque (Asie, Amérique latine). S’exprimant sur les antennes de la chaine de télévision France 24, le chercheur anglais en médecine tropicale Brian Greenwood, a déclaré que « c’est l’aboutissement de 30 ans de travail ». Pour le directeur général de l’OMS, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, il s’agit d’un « moment historique ». Car d’après l’Ethiopien, « le vaccin antipaludique pour les enfants, attendu depuis longtemps, est une percée pour la science, la santé des enfants et la lutte contre le paludisme”.

L’attente aura donc véritablement été longue. Entre temps, la maladie na pas arrêté de causer de nombreux ravages en Afrique, entrainant la mort de plusieurs millions d’individus, notamment des enfants de moins de 5 ans. En effet, d’après les chiffres fournis par l’OMS, un enfant meurt toutes les deux minutes dans le monde à cause de la malaria (l’autre nom du paludisme). Et c’est l’Afrique qui paye le lourd tribut de ces dommages sanitaires puisque sur les 400 000 décès comptabilisés chaque année, 94 % se trouvent sur le continent. Par ailleurs, dans les régions les plus touchées, le paludisme causerait 30 à 50% des hospitalisations, chez les enfants comme chez les adultes.

Les scientifiques ont expliqué ces longues années de recherche par le fait que dans le cas du paludisme, il s’agissait de développer un vaccin contre un parasite et non contre un virus, toute chose ayant compliqué la tâche. « Le parasite est un organisme complexe, avec plus de 5 000 gènes à prendre en compte, contre des dizaines pour un virus. C’est donc plus compliqué de trouver les bonnes cibles pour développer un vaccin efficace », a pour sa part fait savoir Benoît Gamain, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (Cnrs) en France, et spécialiste du paludisme gestationnel.

Passée l’euphorie, l’on attend désormais l’effectivité de ce vaccin contre le paludisme et la manière dont va se dérouler son implémentation sur le terrain. La première question est de savoir comment sera accueilli le « Mosquirix » au sein de la population africaine désormais très méfiante vis-à-vis de tout ce qui vient de l’occident, surtout sur le plan sanitaire. Le dernier exemple en date est la réticence affichée quant au vaccin anti-Covid, encore largement boudé et même rejeté par une bonne frange de la population.

L’autre aspect non moins négligeable, concerne le business autour du nouveau vaccin. Il est clair que sa production ne bénéficiera pas à l’Afrique. Bien au contraire ! Etant donné qu’il y a peu de chances qu’il soit gratuit, les populations au sud du Sahara, les plus impactées par le fléau, devront payer comme c’est déjà le cas pour les antipaludéens. Ce qui fera des grosses rentrées d’argent pour les firmes pharmaceutiques occidentales. A titre de rappel, les dépenses liées à la lutte contre ce fléau sanitaire (médicaments, moustiquaires…) ont 3,1 milliards USD (1842 milliards de Fcfa) en 2017. Compte tenu de la situation, il serait opportun que l’Afrique se batte pour produire elle-même ses propres vaccins. Mais cela passe par l’obtention des brevets. Et ça c’est une autre bataille.

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