Vous êtes ici
Accueil > Dossiers > La Cosumaf sensibilise les investisseurs sur les nouveaux instruments financiers

La Cosumaf sensibilise les investisseurs sur les nouveaux instruments financiers

C’était au cours de la Semaine internationale de l’investisseur Cemac qu’elle a organisée à Douala dans l’objectif de donner au public les clés de compréhension des concepts financiers, afin de mieux l’informer pour mieux le protéger.

«Il faut reconnaitre que la culture financière est encore faible dans tous les pays de la Cemac. Cette carence a des conséquences négatives sur la protection de l’investisseur… Il est nécessaire qu’une éducation financière collective se ressente avec acuité par ces temps d’innovation affolante… ». Tels sont les propos de Dieudonné Evou Mekou, vice-gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac). Il s’exprimait ainsi le 12 octobre 2021 à Douala, lors de la semaine internationale de l’investisseur de la Cemac.

La rencontre qui s‘est déroulée sous le thème « l’Education boursière et la protection de l’investisseur à l’ère de la digitalisation des instruments financiers et de la gestion collective » était donc l’occasion d’informer les investisseurs sur les risques et les dangers de nouveaux instruments financiers liés à la croissance fulgurante de la digitalisation. La Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf), « a estimé qu’il faut qu’on informe tous les investisseurs sur les dangers qu’il y a, à investir dans un produit donc on ne connait pas les tenants et les aboutissants », a précisé le vice-gouverneur de la Beac.

La digitalisation a donné lieu à de nouveaux instruments financiers tels que la cryptomonnaie. Cet outil pourtant connu dans les pays développés, n’est pas assez répandu en Afrique. Depuis quelques années, les gouvernements africains ont noté un engouement de la population pour ce nouvel instrument financier dont elle ne maitrise pas véritablement les rouages. A cet effet, les acteurs du marché financier conseillent aux investisseurs de s’informer avant d’investir. « La meilleure protection de l’investisseur est la bonne information produite à temps de ceux qui réceptionnent les placements », indique Noël Alain Olivier Mekulu Mvondo Akame, président de l’Association africaine des organismes de prévoyance sociale au Cameroun. « Ici, il y a lieu de réglementer ou de mettre en oeuvre les mesures, ça devrait être une priorité », poursuit-il.

Education boursière

Pour le ministère des Finances (Minfi), la priorité doit être donnée à l’élaboration d’une stratégie de l’éducation boursière. Celle-ci, d’après cette administration gouvernementale, devrait permettre aux investisseurs d’améliorer leur connaissance des instruments financiers et d’acquérir progressivement les compétences et la confiance financière pour identifier les risques et saisir les opportunités sur le marché. « Un investisseur de long terme est un épargnant qui peut étudier les coûts et les risques associés à un placement effectué sur un produit qu’il comprend et qui répond à ses besoins. En tout état de cause, l’un des principaux axes de la stratégie de l’éducation boursière devrait être la sensibilisation des investisseurs, surtout les plus vulnérables aux risques inhérents aux produits financiers présentant des rentabilités certaines et mirobolantes, afin qu’ils puissent éviter les escroqueries qui malheureusement se sont multipliées ces dernières années, particulièrement sur les instruments financiers digitaux », alerte à la représentante du Minfi.

Au niveau de la Bourse des valeurs mobilières, Bvmac, l’on précise que les actifs du numérique font partie d’un écosystème nouveau et évolutif de technologie financières qui comprend les monnaies virtuelles, les contrats intelligents et les applications qui peuvent s’appuyer sur des Blockchain. De nombreux investisseurs ont perdu de l’argent parce que des projets ont échoué, ont été piratés ou ont été crées pour escroquer les investisseurs. « Les fraudeurs utilisent les médias sociaux, les plateformes de messagerie et même les sites de rencontre pour convaincre les investisseurs de leur envoyer des actifs numériques à échanger. Des investisseurs ont également été attirés sur des sites d’échange conçus pour leur voler leur argent », nous fait savoir la Bvmac.

Risques et avantages

Pour cette institution, les Investisseurs doivent comprendre parfaitement la technologie qui se cache derrière un projet Token ou monnaie électronique, ainsi que les risques de l’investissement avant d’engager de l’argent. Car, les actifs du numérique peuvent être très volatils et peu échangés, ce qui les rend plus faciles à manipuler. Les risques sont entre autres : la manipulation du marché ; l’absence de transparence ; la responsabilité et problème de gouvernance ; les transactions et activités illicites ; les défaillances du système. A côté, les actifs du numérique présentent aussi certains avantages dont l’augmentation de la vitesse des transactions, l’efficacité et la certitude, la démocratisation des marchés et l’inclusion financière, l’automatisation grâce aux contrats intelligents, etc.

« les nouveaux instruments financiers, lorsqu’ils sont régulés et encadrés, permettent de recevoir les fonds des investisseurs, dans des véhicules d’investissement encadrés et supervisés par le régulateur, tel est le cas d’organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCM) et de manière générale, de la gestion collective », a indiqué Nagoum Yamassoum, le président de la Cosumaf. A l’en croire, d’autres instruments financiers, tirant profit de l’appétence du marché pour des placements réglementés, se sont greffés à des nouveaux produits financiers non régulés, comportant des risques élevés contre des promesses de haut rendement. Ceux-ci sont présentés sous la forme de produits à forte proportion de digitalisation tels que le crowdfunding ou les cryptoactifs, que le régulateur s’attèle à réglementer.

S’informer sur le marché financier de la Cemac

La semaine internationale de l’investisseur Cemac s’inspire des lignes directives de l’Organisation internationale des commissions de valeurs (Oicv). Elle est reconnue comme l’organisme mondial de normalisation du secteur des valeurs mobilières. Cette semaine offre également l’occasion aux investisseurs de s’informer sur le marché financier de la Cemac. Notons que le 31 octobre 2017, débutait à N’Djamena une nouvelle ère pour le marché financier sous-régional. Les chefs d’Etats de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) réunis en sommet extraordinaire, ont pris la décision d’unifiée les deux bourses afin d’en faire une place financière robuste appelée à être un acteur majeur du financement des entreprises, et de la mise en oeuvre des stratégies de développement économique et sociale. En quatre ans, les résultats concrets ont été obtenus. La Beac chargé de la fusion des deux bourses a accompli sa mission. La Bvmac a accueilli 10 nouveaux titres dont 9 obligations ainsi que la toute première cotation des actions d’une entreprise privée. La Cosumaf a agréé plus de vingt sociétés de bourses, huit sociétés de gestion de portefeuille et une dizaine de conseillers en investissement financier.

REACTIONS

Williams Njoh Nseke, responsable des opérations et du commercial CBC Bourse
« Nos actions visent à dynamiser notre marché financier »

CBC Bourse est une filiale de CBC qui a son agrément en tant que société de bourse. CBC Bourse est un intermédiaire de marché. Elle permet aux épargnants aux investisseurs de placer leur argent sur le marché financier et de diversifier leur placement et leur financement… Le rôle de CBC bourse est d’éduquer et d’accompagner l’investisseur. Dans notre environnement, vous n’avez pas forcément les personnes qui sont aguerries sur le marché financier. CBC Bourse permet à ses épargnants à travers CBC par exemple, de connaître le marché et de savoir ce que c’est que le marché financier. Nos actions visent à dynamiser notre marché financier. Il faut savoir que notre marché financier est embryonnaire et CBC Bourse travaille à ce que tout le monde sache quel est le marché financier de la Cemac. Nous sommes les garants de l’investisseur. Lorsqu’il y a un événement sur le marché, comme une introduction en bourse, nous faisons attention à ce que l’opération soit saine. Il y a la Cosumaf qui étudie l’opération et ne donne pas son visa à n’importe quelle opération. Les placements des investisseurs sont garantis par le visa de la Cosumaf et le sérieux de la société de bourse qui s’occupe de leur investissement…

Dieudonné Evou Mekou, vice-gouverneur de la Beac
« Attirer l’attention des investisseurs sur les dangers potentiels »

Il est important que dans le métier de la finance, l’investisseur ait une information la plus complète possible sur les produits, les gains attendus et évidemment sur les risques. C’est pour cela qu’aujourd’hui, la Cosumaf a centré sa semaine de l’investisseur sur cet aspect-là. Avec la modernisation et la digitalisation il y a de nouveaux produits. Et ces produits sont tellement nouveaux que parfois on ne maitrise pas tous les contours. C’est pour cela qu’aujourd’hui, la Cosumaf a estimé qu’il faut qu’on informe tous les investisseurs sur les dangers qu’il y a à investir dans un produit donc on ne connait pas les tenants et les aboutissants. Le monde n’a pas de barrière, rien n’interdit à un Camerounais ou un Congolais d’investir dans la cryptomonnaie. Ça se fait au niveau international. Seulement, on veut attirer l’attention des investisseurs sur les dangers potentiels qu’il y a dans ce nouvel instrument. Ce que le régulateur dit ou que les autres intervenants dans le secteur disent c’est : faites attention. C’est nouveau, c’est tout beau, ça brille, mais ça peut aussi devenir noir très rapidement. C’est pour cela qu’il faut faire attention… Cette rencontre est axée sur les dangers d’une mauvaise information des investisseurs.

INTERVIEW

Jean Claude Ngbwa, DG de la Bvmac
Dans cette interview, il donne quelques conseils sur la protection de l’épargne de l’investisseur.
« Il faut toujours demander au régulateur si le produit est régulé »

A ce jour, que peut-on dire de l’unification du marché financier de la sous-région ?

Le marché financier unifié a apporté à la région un double bénéfice. D’abord au niveau de la profondeur du marché. Aujourd’hui nous avons davantage de produits. Lorsqu’on faisait la fusion entre la DSX et la Bvmac à Libreville, nous n’enregistrons pas autant de titres, aujourd’hui, nous en avons cinq qui sont cotées. Donc un a été coté pour la première fois en 2021. Mais je pense qu’on fait des petits pas, mais on fait des pas quand même. Au niveau des obligations, la gamme s’enrichit d’années en années. Vous avez la Bdeac qui a décidé de faire des appels à l’Epargne public toutes les années pendant trois ans. Pour nous, les opérations sont entrain d’avancer. Les chefs d’Etat avaient décidé des mesures d’accompagnement pour que la bourse soit dynamique. C’est dans ce sens qu’ils avaient décidé de placer des sociétés relevant du portefeuille des Etats au niveau du marché financier. Nous avons déjà trois Etats sur six qui ont adressé leur liste de sociétés au niveau du marché financier. Cela prend quand même du temps pour qu’une société soit introduite en bourse. Donc, dans les prochains mois, on devrait normalement voir une dizaine d’actions relevant de ces sociétés dont les Etats ont déjà communiqué les listes. Nous attendons les listes des autres Etats, mais nous pensons que d’ici la fin de l’année, nous allons avoir de nouvelles opérations qui vont se faire. On va doucement mais on va sûrement.

Et en ce qui concerne la protection de l’investisseur, qu’est ce qui doit être fait?

Il faut faire en sorte que les populations trouvent au niveau du marché financier, le cadre de protection de leur activité. Vous n’allez pas mettre de l’argent dans un produit pour que demain, on vous dise que le produit en question n’existe pas… La sécurité est totale. Pour qu’un produit soit mis en circulation au niveau du marché financier, il faut qu’il obtienne un agrément du régulateur. Si la cryptomonnaie est déjà suivie par le régulateur, allez-y. Mais sachez que le risque de la crypto c’est qu’on soit dans un processus qui n’est pas encore entièrement maitrisé. Pour les nouveaux marchés comme les nôtres, il faudrait faire quand même attention. Pour éviter que nos populations se retrouvent mal desservies avec les maigres moyens que nous avons. Lorsque vous allez mettre toute votre épargne dans un crypto-actif, et que par la suite vous ne maitrisez plus ce qui se passe dedans, vous allez vous plaindre auprès de l’Etat. Et dire ensuite que l’Etat n’a rien fait pour nous protéger. C’est pour cela que nous disons qu’il faut toujours demander au régulateur si le produit est régulé. Nous ne disons pas qu’il ne faut pas de la crypto-actif, mais il faut voir quel est le niveau d’encadrement que nos dirigeants ont déjà mis, pour que le crypto soit une valeur vers laquelle les populations peuvent se diriger en toute quiétude.

Laisser un commentaire

Top