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Le Mincommerce sur les plates-bandes des entreprises

L’opération menée depuis le 25 octobre 2021 par les services de ce département ministériel suscite de multiples interrogations.

Une grande campagne promotionnelle de vente directe aux consommateurs, à prix coûtant, de certaines denrées de consommation courante dont le riz à titre principal. Voilà la solution la plus idoine qu’a pu trouver le ministère du Commerce (Mincommerce) pour lutter contre la vie chère dans un contexte actuel marqué par la flambée sans précédent sur les marchés internationaux, des prix des produits de grande consommation. En effet, lancée le 25 octobre dernier, cette opération se déroule dans les six arrondissements de la capitale, Yaoundé jusqu’au 11 décembre prochain, en fonction d’un chronogramme établi le 26 octobre 2021 par Luc Magloire Mbarga Atangana, le ministre du Commerce dans un communiqué. Ce dernier dit se plier aux « très hautes et constantes directives du chef de l’Etat ». Une action qui soulève des interrogations de la part de l’opinion. Est-ce la meilleure solution au problème ? est-on en droit de s’interroger quand on sait que l’opération en question ne concerne que la ville de Yaoundé. Faut-il comprendre que les autres villes du pays sont moins touchées ?

Quid des prérogatives du Mincommerce ?

Pis encore, la campagne en question ne fait courir personne. Du moins, aucune affluence n’a été observée jusqu’ici au niveau du carrefour Jamot à Mballa II, encore moins à l’esplanade de la sous-préfecture de Tsinga pour ne citer que ceux-là, où s’est déroulé du 25 au 30 octobre 2021, la première phase de ladite campagne. D’après les avis recueillis sur place, les prix n’étaient pas attractifs contrairement à ceux pratiqués ailleurs. En plus, bien que la période du lancement de l’opération coïncide avec celle des salaires des fonctionnaires et agents de l’Etat, très peu disent avoir de l’argent à leur disposition. En outre, bon nombre d’entreprises semblent bouder l’opération du Mincommerce. Elles estiment que ce dernier a outrepassé son rôle.

En effet, selon le décret présidentiel du 12 novembre 2012 créant ce département ministériel, il est chargé entre autres de l’élaboration, la mise en oeuvre et l’évaluation des stratégies de promotion des produits camerounais, ainsi que la réglementation en matière de prix et du suivi de son application en liaison avec les administrations concernées. Il est en outre chargé de la régulation des approvisionnements des produits de grande consommation, de la recherche des nouveaux marchés pour les produits camerounais, la promotion et la défense d’un label de qualité pour les produits destinés au marché local et à l’exportation ainsi que la promotion et le contrôle de la saine concurrence. Bien que lui revienne la prérogative d’organiser et de superviser les foires commerciales, il n’est mentionné nulle part dans le décret, la prérogative d’organiser des campagnes itinérantes de ventes des produits comme il le fait aujourd’hui et depuis quelque temps.

Une concurrence « déloyale » aux entreprises

En le faisant, il fait « une concurrence déloyale » aux entreprises selon certains analystes. Pour se dédouaner, le patron de ce département ministériel indique que « cette opération spéciale bénéficie du concours actif de certaines entreprises citoyennes et des maires des communes des arrondissements concernés ». On se serait attendu à ce qu’il se limite à ses missions régaliennes de suivi du commerce international des matières premières et des produits dérivés, en liaison avec les départements ministériels et les organismes concernés, ainsi que l’application des normes en matière d’importation, en liaison avec les administrations concernées, le suivi de l’inflation en liaison avec les administrations concernées et le suivi des circuits de conservation et de distribution des produits de grande consommation. D’autant plus que le ministre du Commerce exerce la tutelle technique sur certaines entreprises publiques parmi lesquelles la Mission de régulation des approvisionnements des produits de grande consommation (Mirap), qui peine à s’occuper du segment de ventes périodiques des produits alimentaires auquel elle s’est confinée, délaissant ainsi la mission de centrale d’achats qui lui avait également été assignée. En faisant ces campagnes de ventes promotionnelles, la tutelle technique semble s’être substituée à la Mirap en marchant sur ses plates-bandes.

En défendant une enveloppe de 6,7 milliards de Fcfa au titre de dotation budgétaire allouée à son département ministériel pour l’exercice 2021, le ministre du Commerce s’était engagé à la mise en branle de la politique de l’import-substitution pour résorber le déficit de la balance commerciale. A cela devrait s’ajouter sa participation à la China international import-expo à Shangaï en Chine ainsi qu’à l’exposition universelle de Dubaï aux Emirats arabes unis. D’autres défis relatifs à l’appui au développement des exportations et la régulation du marché intérieur, figurent parmi les engagements pris le 30 novembre 2020 par Luc Magloire Mbarga Atangana, devant la Commission des Finances de l’Assemblée nationale

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